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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Ibn Rushd
près de Baralle qu’on lui présenta. Nedjm Arslan se plaça un peu plus loin.
    — Où se trouve Huntington, noble
seigneur ? s’enquit Hugues.
    — Aux marches du pays de Galles, près de Hereford,
seigneur des Baux.
    — Je ne connais pas ce pays, répliqua le
Baussenque avec un sourire fatigué, mais je demanderai à mon chapelain de m’en
parler.
    On leur donna une écuelle contenant une épaisse
tranche de pain recouverte de soupe. Avant de s’asseoir, Locksley avait confié
son arc et son carquois à un domestique. Ce geste n’avait pas échappé à son
voisin, Arnaud de Coutignac.
    — Vous tirez à l’arc, noble comte ?
s’étonna-t-il.
    — Je tire à l’arc, comme beaucoup de Saxons.
    — Je n’ai jamais vu d’arc si long et si
puissant, dit de Coutignac.
    — C’est un arc saxon, sourit Locksley.
    — Il faudra organiser une joute avec mon
frère, proposa Hugues d’une voix éteinte. Castillon est le meilleur archer du
pays.
    — Vous avez pris la croix, seigneur ?
demanda Baralle.
    — Pour la délivrance du tombeau de Notre
Seigneur.
    — Mais vos compagnons sont des infidèles,
remarqua Hugues des Baux, dans un mélange de surprise et de reproche voilé.
    — En effet. Mais le sage Ibn Rushd (il le
désigna) est le plus grand médecin d’Orient. Je reviens de Palestine avec lui,
car mon roi Richard Cœur de Lion l’a fait mander près de lui pour qu’il soigne
ses douleurs.
    Baralle se tourna vers le mahométan pour le
considérer avec curiosité.
    — Vous êtes médecin ? s’enquit-elle.
    — Médecin et cadi du sultan de Marrakech,
gente dame.
    Elle parut songeuse, tandis que le seigneur des
Baux, fatigué ou contrarié, s’abîmait dans le silence.
    En mangeant, Locksley avait donc toute liberté
pour observer les lieux et les gens. Il compta plusieurs chevaliers et écuyers
reconnaissables à leur surcot à la comète et à leur baudrier d’où pendait
miséricorde ou couteau de chasse. Les serviteurs et les familiers étaient en
robe ou en bliaut, quelques sergents d’armes étaient revêtus de casaques de
cuir. Il y avait peu de femmes et seulement trois enfants mâles d’une dizaine
d’années. Son regard s’attarda sur les armes primitives suspendues aux
murs : des épieux, des guisarmes, des haches, des fauchards [40] et des fléaux.
    On servit des pigeons grillés, des pâtés de
lapereau et du ragoût de cerf dans un silence oppressant à peine brisé par
quelques murmures, car chacun craignait d’attirer sur lui le courroux du
seigneur en le dérangeant dans ses pensées. Soudain Hugues des Baux demanda
avec contrariété :
    — Pourquoi n’est-on pas allé chercher les
jongleurs en l’honneur de mon invité ?
    Immédiatement, Martial d’Arsac se précipita et
revint très vite avec Bartolomeo, Guilhem et Anna Maria.
    Ayant monté l’escalier sur les mains, Bartolomeo
se lança dans des pitreries et des cabrioles qui auraient fait rire un tas de
pierres, puis Anna Maria et Guilhem, chacun avec leur instrument, chantèrent à
deux voix avec une telle harmonie que Locksley, bien que rassuré de les voir si
bien dans leur rôle, ressentit une certaine jalousie devant leur complicité.
    Mais déjà Hugues décidait de se retirer. Le géant
Monteil s’approcha pour l’aider et Baralle se leva à son tour. Elle demanda
alors à voix basse à Ibn Rushd s’il pouvait examiner son époux.
    Dans la chambre, Hugues des Baux étant sur son
lit, Ibn Rushd l’interrogea sur ses symptômes après avoir examiné sa bouche,
ses yeux et ses ongles. Le médecin du château et le chapelain Basile
l’observaient.
    — Le ventre… des douleurs déchirantes, du
sang, et la peau qui me démange, lâcha le seigneur des Baux en grimaçant, tant
il avait honte de parler de ses maux.
    — Vous n’avez bu que du lait à table,
remarqua Ibn Rushd.
    — Mon épouse et mon médecin ont pensé qu’on
m’empoisonnait et ont jugé que seul le lait des chèvres serait sain.
    — Je vais les traire moi-même, expliqua
Baralle, personne d’autre n’approche le lait que je porte à table, et pourtant
mon mari ne guérit pas.
    — Ce n’est pas forcément un empoisonnement,
et il y a toutes sortes de poisons, remarqua Ibn Rushd, pensif.
    — Dois-je considérer cela comme une bonne
nouvelle ? ironisa Hugues.
    — Non, répondit Ibn Rushd, le visage fermé.
Ce pourrait être aussi une maladie contre laquelle les hommes ne peuvent rien,
ou encore un

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