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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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petite chapelle, des moulins ainsi qu’une
potence où pendait un corps desséché.
    Le chemin obliqua pour grimper jusqu’à une étroite
esplanade bordée d’écuries, de granges et d’ateliers d’artisans. C’était la
basse-cour du château. Elle se terminait par l’enceinte et le pont-levis.
    Ils laissèrent leurs montures pour passer le pont
à pied et, sous la surveillance du sergent d’armes, le chevalier les fit
attendre dans une petite cour pavée, devant un bâtiment construit sur des
arcades voûtées qui s’appuyait sur le rocher.
    — C’est le logis des chevaliers, souffla Anna
Maria à Guilhem qui l’avait déjà deviné.
    Des serviteurs et des hommes à pied passaient
devant eux, les regardant avec curiosité. Guilhem examina le pont-levis protégé
par des demi-tours crénelées et un corps de garde. Au bout d’un moment, venant
d’une ruelle, arriva un jeune homme en haubert. Grand mais trop corpulent, il
portait une épée à la taille. Reconnaissant Anna Maria, il s’arrêta pour lui
dire quelques mots aimables avant de s’éloigner par le pont-levis.
    — C’est Martial d’Arsac, dit-elle à voix
basse à Guilhem. Un des chevaliers. Celui qui nous a conduits s’appelle Arnaud
de Coutignac.
    Justement ce dernier revint et leur ordonna de le
suivre. Sous l’une des arcades, il emprunta un étroit passage percé dans la
roche et ils pénétrèrent dans une cave éclairée par un flambeau de résine.
Encombrée de jarres et de tonneaux, il y régnait une puissante odeur d’huile et
de vin. De là, ils passèrent dans une seconde salle souterraine, plus vaste,
avec des coffres et des couchettes de bois. Le sol était couvert de paille
sale. Un falot pendu à un crochet fixé dans la roche fumait plus qu’il
n’éclairait. Ils suivirent ensuite Coutignac dans un escalier de pierre pour
arriver dans une vaste pièce voûtée en arcs d’ogive. La construction était
neuve et sommairement meublée de bancs, de coffres et d’une table formée de
planches sur des tréteaux. Tout un pan de mur n’était que de la roche
sommairement taillée et seules quelques archères, dans des embrasures du mur
extérieur, apportaient un peu de lumière. Contre le rocher s’élevait un massif
escalier de chêne.
    — Laissez votre épée ici, ordonna Coutignac à
Guilhem. Personne n’approche notre seigneur armé s’il n’est chevalier. Posez
aussi vos bagages.
    Ils s’exécutèrent avant de monter jusqu’à une
chambre au plafond de bois peint en rouge. Éclairée par deux fenêtres ogivales,
une vers la cour et l’autre vers la campagne, il y régnait une douce chaleur
grâce au feu qui crépitait dans une large cheminée.
    Un homme au visage pâle et aux traits creusés
était assis sur une cathèdre, devant un lit aux rideaux cramoisis. Malgré son
air maladif, la brutalité perçait dans son regard. À sa droite se tenait une
femme en bliaut de soie immaculé avec une lisière d’or. Son visage sombre
révélait une profonde tristesse mais Guilhem n’y prêta pas attention. Son
regard s’était porté sur l’être qui se tenait debout, à gauche de la cathèdre.
Couvert d’une broigne maclée sur une robe longue de couleur verte, il devait
faire au moins huit pieds de haut et s’appuyait sur une masse d’armes dont la
massue était découpée en ailettes tranchantes. Sa peau sombre, comme celle d’un
Sarrasin, luisait à la lueur des flammes.
    — Ainsi vous revenez, fit la femme en latin,
d’un ton à la fois ironique et fatigué, après qu’ils se furent tous
agenouillés. Je croyais que vous deviez vous rendre à Paris…
    — Nous sommes allés jusqu’à Arles, dame
Baralle, où nous espérions jouer pour l’archevêque, expliqua Anna Maria dans la
même langue. Mais il était parti pour son castrum de Sallone et nous nous y
sommes rendus, seulement il n’a pas voulu de nous. C’est là-bas que nous avons
rencontré Guilhem d’Ussel qui arrivait d’Aquitaine (elle le désigna), et comme
nous avons besoin de manger, nous sommes revenus, espérant que vous nous
garderez quelques jours. Nous pouvons faire un spectacle tous les soirs, si
vous le désirez.
    Le regard de Hugues des Baux se posa longuement
sur Guilhem avant qu’il n’ordonne :
    — Arnaud, loge-les. Qu’ils jouent demain pour
le souper.
    Toujours à genoux, ils inclinèrent la tête et, sur
un signe de la femme, se relevèrent et reprirent l’escalier.
    Coutignac les conduisit dans une minuscule

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