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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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déplaisait.
    Ce petit geste n’échappa pas à Locksley qui
observa que les yeux de Monteil, posés sur Castillon, n’étaient plus que des
charbons ardents. L’incident, d’une silencieuse mais intense violence, fut
interrompu par l’arrivée d’un homme âgé, en aumusse [42] grise, qui
descendait les marches, suivi par Hugues des Baux.
    Robert de Locksley s’interrogea sur cet inconnu
vêtu comme un religieux ou un clerc. Que faisait-il dans la chambre du
châtelain ? Il n’eut pas le temps d’y réfléchir longuement, car Hugues des
Baux l’avait vu et s’adressait à lui, lui proposant de participer à une joute
le lendemain.
    Le châtelain paraissait plus vigoureux que la
veille. Vêtu d’une riche robe verte brodée d’or au col fourré de martre, il
avait enfilé par-dessus une casaque blanche brodée sur le torse d’une comète
écarlate. Sa large ceinture soutenait une courte épée qu’il portait haute,
presque sur le torse.
    Locksley répondit évasivement à la proposition
mais le châtelain des Baux, s’étant approché de sa chaise, lui demanda de
s’asseoir près de lui pour qu’ils puissent en parler. Baralle se mit à droite
de son époux, tandis que Castillon se plaçait d’autorité de l’autre côté, près
de son frère.
    Un page sonna du cor, marquant ainsi l’instant de
s’asseoir. Le bayle proposa à Locksley de se mettre près de la dame des Baux et
installa Ibn Rushd à côté de Castillon. Ensuite ce fut l’ordre protocolaire des
chevaliers, de leurs dames et des autres serviteurs. L’homme en gris fut
relégué en bout de salle, signe qu’il n’était pas si important que ça.
    Les victuailles étaient déjà posées devant les
convives et chacun se servit avec les doigts. C’étaient des pâtés et des rôtis
de porc et de sanglier, des pigeons, des faisans, du chevreuil et des lièvres.
De grossiers pains de millet ou de seigle et des galettes cuites dans la maison
du four étaient empilés sur une desserte pour être tranchés par les serviteurs.
    Les chevaliers et l’intendant avaient devant eux
un gobelet d’argent, les autres, un simple bol de terre qu’ils partageaient à
deux. Ibn Rushd observa qu’on remplissait le gobelet de Hugues des Baux avec le
même vin que ses voisins, à partir d’une grande cruche. Tous avaient une
écuelle, sauf les seigneurs qui possédaient leur propre assiette d’argent. Les
valets coupèrent le pain en épaisses tranches et les servantes servirent dessus
les soupes, dès qu’elles arrivèrent de la cuisine dans de grosses marmites de fer
noircies. Quand tout le monde eut sa part, sauf Hugues des Baux dont l’assiette
resta vide, le silence se fit et le chapelain récita le bénédicité, puis
Castillon fit signe à un écuyer d’aller chercher les comédiens qui attendaient
dans un des celliers au-dessous.
    Bartolomeo entra le premier marchant sur les mains
et sifflant comme un rossignol. En cotte serrée mi-partie, violette et verte,
avec un grand bonnet à clochettes qui tintinnabulaient en touchant le sol, il
provoqua les rires de l’assistance en faisant mille pirouettes. Ensuite,
revenant sur ses pieds, il s’approcha d’Arnaud de Coutignac et chacun put
entendre la voix de Castillon faire des remarques ironiques sur la façon dont
le chevalier mangeait sa soupe. Pourtant Castillon était loin et observait la
scène avec stupéfaction ! Arnaud de Coutignac répondit vertement, mais
tout le monde voyait qu’il était en réalité interloqué de saisissement. Au bout
d’un moment de cet incroyable dialogue, car en vérité ni Coutignac ni Castillon
n’avaient ouvert la bouche, sinon de surprise, quelques-uns comprirent enfin
que les voix provenaient du ventre de Bartolomeo, car il ne bougeait pas les
lèvres. L’absurde conversation provoqua alors des larmes de rire dans le
public, mais Coutignac et Castillon restèrent le visage fermé, tant ils crurent
qu’on se moquait d’eux.
    Satisfait de son succès, le jeune Italien fit une
ultime pirouette et, sortant des balles colorées d’on ne sait où, il se mit à
jongler tandis que Guilhem entrait avec sa vielle. Tournant la manivelle, il
commença une ballade que Bartolomeo mima, provoquant une nouvelle fois des
pouffements du public.
    Les plats se succédaient. Locksley remarqua qu’ils
étaient souvent apprêtés avec des olives que l’on servait aussi conservées dans
de la saumure.
    On apportait des brochets pêchés dans l’étang des
Baux

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