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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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a de gardes, et quelles portes sont fermées.
Arslan doit nous préparer de la poudre. Je vais maintenant trouver Anna Maria
pour lui dire que nous sommes d’accord. Elle devra partir demain matin.
    Elle était seule dans la petite pièce à côté du
four. Revêtue de son manteau, car même à cette heure il faisait frais, elle
jouait du psaltérion, assise sur un rondin.
    — Je vous dérange ? demanda Locksley
d’un ton égal.
    — Non, seigneur, au contraire. Je voulais
vous dire combien je suis désolée pour ce qui s’est passé et pour les mots qui
m’ont échappé.
    — C’est de ma faute, Anna Maria. Je ne
recommencerai pas et ne vous appellerai plus Marianne, car c’est vous qui avez
raison. J’ai parlé à nos amis. Nous agirons dans deux nuits. Guilhem se
disputera avec vous ce soir et vous annoncerez demain que vous partez avec
Bartolomeo. Vous rejoindrez le viguier à la bergerie où Guilhem m’a dit que Fer
nous attendait. Nous nous y retrouverons la nuit suivante…
    Il avait à peine dit ces mots que la porte
s’ouvrit dans son dos.
    — Que faites-vous là ! rugit Castillon.
    — Et vous ? Ne vous gênez pas !
répliqua Locksley la main sur son épée.
    — Je suis chez moi ! Sortez !
    — Je parle à cette dame, c’est à vous de
sortir !
    — Sur ma vie ! Vous êtes bien insolent,
sire de Locksley ! Et vous lui dites quoi à cette dame ? C’est à moi
de lui parler ! Je veux savoir d’où elle vient !
    Ils se mesurèrent du regard.
    — Laissez, seigneur comte, intervint Anna
Maria qui s’était levée. J’arrive de Rome avec mon frère, seigneur. J’ai déjà
tout dit au seigneur des Baux. Nous nous rendons à Paris pour jouer devant le
roi de France.
    Castillon considéra Locksley, les yeux fulminant
de colère, puis il regarda de haut en bas Anna Maria et sortit en
lançant :
    — Allez au diable !
    — Voilà un homme à qui il ne faut pas tourner
le dos, plaisanta Locksley. Nous nous reverrons ce soir, conclut-il en sortant
à son tour.
    Anna Maria attendit un instant, mais ne parvenant
pas à se calmer, elle sortit à son tour et suivit la ruelle vers la tour
Paravelle. À son extrémité, elle grimpa une volée de marches et traversa le
cellier qui servait d’entrepôt. Des gardes plaisantaient avec des femmes dans
la cour d’en haut. Elle les ignora et s’approcha des mâchicoulis pour rester
là, songeuse, les yeux perdus devant le paysage du val d’Enfer.
    Ce Saxon tenait-il vraiment à elle ?
    Entre-temps, Guilhem était revenu dans leur
chambre vide. Dans le bosquet d’oliviers où il s’était installé, il avait
aperçu un signal brillant, en bas dans la vallée. Fer était là et, avec ses
miroirs, il avait pu le prévenir de leur départ.
    Satisfait, il s’assit contre un mur, sortit sa
vielle et commença à l’accorder en réfléchissant à ce qu’il jouerait au souper.
C’est alors qu’il aperçut le psaltérion. Cet instrument l’intriguait, car il
n’en avait jamais joué. Il se leva pour le prendre, puis il pinça les cordes
pour essayer de retrouver un air qu’il connaissait mais il ne parvint pas à obtenir
les sons qu’il cherchait, l’instrument lui donnant chaque fois de fausses
notes.
    Peut-être était-il mal accordé, se dit-il en le
retournant. Il tenta vainement de le faire jusqu’au moment où il se souvint
qu’Anna Maria portait à son cou une chaîne d’argent à laquelle était suspendue
une clef dont elle se servait pour serrer les cordes. Pourtant, il devait y
avoir moyen d’y parvenir puisqu’elles passaient à l’intérieur. Il retourna le
psaltérion et découvrit de petits verrous qu’il tira.
    Il y avait un quareignon, c’est-à-dire un
parchemin plié en quatre, dans la caisse de résonance. Intrigué, il le sortit.
La missive était scellée avec un sceau rouge représentant une croix et deux
clefs [41] .
Il ne connaissait pas ce sceau, mais il savait que les deux clefs, attributs de
saint Pierre, étaient les armoiries de l’Église. Il comprit immédiatement
qu’Anna Maria et Bartolomeo n’étaient pas les jongleurs qu’ils voulaient
paraître. Ils portaient un courrier d’Innocent III, peut-être étaient-ils
à son service comme lui-même était au service du comte de Toulouse.
    À qui cette lettre était-elle destinée ? Le
plus vraisemblable était qu’il s’agisse d’une proposition du pontife pour
Roncelin. Cela expliquait pourquoi ces deux-là avaient accepté de

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