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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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elle. Ce n’est pas un péché que l’amour, quand on
s’y gouverne sagement. Le véritable amour est pur et éteint la convoitise.”
    Un sergent d’armes était entré pendant qu’il
discourait ainsi, ponctuant ses phrases avec des accords de sa vielle.
S’approchant de Castillon, le sergent lui glissa quelques mots à l’oreille. À
son tour Castillon s’adressa à son frère puis se mit debout, la face écarlate
enflammée par l’ivresse :
    — C’est assez, le troubadour ! cria-t-il
les poings serrés. Tu nous lasses avec tes racontars de vieille femme !
Nous avons maintenant un invité à recevoir dignement.
    Stupéfiée par ce brusque accès de colère,
l’assistance resta un instant interdite, puis les murmures commencèrent à se
faire entendre. Guilhem avait cessé de chanter, comprenant qu’un événement
d’une extrême gravité venait de se produire. Ses yeux glissèrent vers Hugues
des Baux qui le considérait sans aménité. Il baissa humblement la tête,
laissant couler son regard vers la porte conduisant aux celliers, puis vers le
second passage qui débouchait sur le chemin des latrines et de la tour
Paravelle. Deux hommes portant des guisarmes venaient de se placer devant. Sans
arme, il n’avait aucune chance s’il tentait de s’y précipiter. Quoi qu’il
puisse arriver, il était donc pris comme un lapin dans son terrier. Il
considéra brièvement Robert de Locksley qui visiblement avait fait les mêmes
constatations que lui, mais le Saxon avait une épée, se dit-il avec dépit, et
lui seulement un instrument de musique.
    Il coulait son regard vers les armes suspendues au
mur quand retentirent des bruits de bousculade et des cris. Poussé par deux
gardes, Hugues de Fer apparut, les mains liées et le visage tuméfié.
    Comment l’avaient-ils trouvé ? s’interrogea
Guilhem, stupéfait. En début d’après-midi, le viguier était encore libre
puisqu’il avait communiqué avec lui par les miroirs.
    Hugues des Baux fit un signe pour qu’on amène le
prisonnier devant lui, à quelques pas des jongleurs qui n’avaient pas bougé.
    — Mes amis et fidèles serviteurs, fit-il avec
un sourire cruel, tout en s’appuyant confortablement sur sa chaise, je vous
présente Hugues de Fer, viguier de Marseille.
    Les murmures enflèrent et il les fit taire d’un
geste avant de poursuivre.
    — C’est lui qui a volé à ma femme la vicomté
de la ville.
    Baralle paraissait indifférente et son visage ne
reflétait rien.
    — Cela fait trois ans que j’attends cette
heure, Fer, vous n’êtes pas si adroit pour être tombé dans mon piège.
    — Ce n’était donc qu’un guet-apens ?
lança Fer avec mépris. Vous avez assassiné et violé Madeleine Mont Laurier
uniquement pour me tendre un piège ? Quelle habileté ! Quel
courage ! Et vous vous dites chevalier ?
    — Cette femme était de peu d’importance dans
la partie qui se joue, répliqua le Baussenque.
    Il s’adressa à nouveau à l’assistance, et Locksley
prit une expression attentive, comme s’il cherchait à comprendre ce qui se
passait.
    — Vous savez tous que la vicomté de Marseille
aurait dû revenir à votre dame des Baux, et qu’en faisant sortir de force le
moine Roncelin de Saint-Victor, Fer a volé nos droits légitimes afin de
l’écarter. Mais il n’avait pas pensé que le défroqué, couvert de dettes, était
prêt à vendre sa part de la vicomté, cette part volée à dame Baralle.
    — Que ne l’avez-vous achetée sans commettre
un crime, si vous pouviez le faire si facilement ! lança Fer, traitant ainsi
le seigneur du château de menteur devant ses serviteurs.
    Un garde lui donna un violent coup de lance dans
les reins qui le fit tomber à genoux.
    — Taisez-vous ! Je n’ai à répondre que
devant Dieu de mes actes, quant à vous, vous êtes un démon pour avoir contraint
un moine à quitter l’habit de Saint-Benoît. Aidé de Belzébuth, vous auriez bien
été capable de me voler encore une fois si je vous avais laissé libre. Il
fallait que je vous écarte définitivement ! Et sachez que je n’étais pas
le seul à vouloir vous empêcher de nuire ! Vous avez mis trop de monde
dans l’embarras à Marseille, Fer !
    Il regarda son demi-frère avec affection.
    — C’est pour cela que Rostang a laissé un
morceau d’étoffe à la comète quand il est venu chercher Roncelin. Nous étions
certains que vous viendriez pour le délivrer… Sauf que Roncelin n’était

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