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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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gouvernement, chargé de faire respecter les lois.
    — Et le... ou les substituts ?
    — Taschereau ne peut pas plaider lui-même. Il n’en aurait pas le temps. Des substituts le font pour lui dans tous les tribunaux de la province Ici, à Trois-Rivières, à Montréal. Partout où il y a un palais de justice, il y a au moins un substitut. Alors pour revenir à ta question, j’espère que ces beaux messieurs me feront une petite place à leur table. Sinon, je me mettrai derrière eux, au premier rang des spectateurs.
    Flavie hocha la tête, s’approcha de la balustrade encadrant un rectangle assez vaste.

    — Et là?
    — Tu vois les douze chaises des membres du jury.
    — De son siège, le juge va poser des questions aux accusés, aux témoins ?...
    — Non, cela ne se passe pas ainsi.
    Un froncement de sourcils de la jeune femme trahit sa plus totale perplexité.
    — Cela ressemble à une joute de hockey.
    Devant les grands yeux incrédules, il insista :
    — Je t’assure. Il y a d’abord l’accusation, la première équipe.
    A
    l’enquête
    du
    coroner,
    le
    jury
    a
    dit
    soupçonner un crime après avoir entendu le rapport d’autopsie. Les policiers ont fait enquête, interrogé des personnes, trouvé des objets. On appelle pièces à conviction les objets susceptibles de convaincre les jurés de la culpabilité des accusés. C’est notre preuve, car je fais partie de cette équipe.
    Elle acquiesça, attendit la suite de la leçon.
    — Lors du procès, les substituts du procureur présenteront la preuve.
    Pour
    cela,
    ils
    appelleront
    des
    témoins
    derrière cette «barre», ils les interrogeront. L’avocat de la défense les contre-interrogera, afin de mettre en doute leurs affirmations.
    — Le juge dans tout cela ?
    — Il demeure silencieux, la plupart du temps. Il préside le procès, donne la parole à l’un et à l’autre des avocats, s’assure que les règles, tout comme les droits de tout le monde, soient respectés. C’est l’arbitre.
    — Mais il ne pose pas de questions aux témoins ?
    — Il peut le faire, mais seulement pour clarifier certains éléments de leurs affirmations. En fait, son but est de faire en sorte que les jurés comprennent bien.

    Cette fois, elle bougea la tête pour signifier sa compréhension.
    — Quand l’accusation a terminé de présenter sa preuve, l’équipe de la défense essaie de la démolir. Déjà, l’avocat a contre-interrogé les témoins de la Couronne. Mais il va aussi présenter les siens, ceux-là diront que les choses ne se sont pas passées comme «ça», que l’accusé se trouvait ailleurs au moment du crime, qu’il s’agit d’une bonne personne.
    — Il essaiera de montrer que ce couple est innocent !
    — Non, pas vraiment.
    Cette fois, le minois de Flavie trahit le plus grand étonnement.
    — Les accusés sont «présumés innocents». Ils n’ont pas à prouver leur innocence, elle est reconnue dès le départ. Le procureur général doit prouver leur culpabilité «hors de tout doute raisonnable ». Après tous les témoignages, le jury seul en décidera, et il doit le faire à l’unanimité. Si un seul parmi les douze hommes qui seront là décide qu’ils sont innocents, ces gens-là vont sortir par la grande porte, libres. Tu as vu, les journaux parlent d’accusés, de suspects, mais le couple Gagnon est innocent aussi longtemps que douze de leurs concitoyens ne les ont pas déclarés coupables.
    — Avec un système pareil, bien des criminels peuvent s’en tirer.
    — Cela vaut mieux que de pendre une seule personne innocente, n’est-ce pas ?
    Elle donna son assentiment de la tête.
    — Toi, tu les crois coupables.
    — Mais ce n’est pas à moi d’en décider, ni au juge.
    — Alors, à quoi sert-il, celui-là, à part jouer à l’arbitre ?
    — A la fin du procès, il va résumer au jury toute la procédure, les arguments des deux côtés, lui expliquer les verdicts possibles. Puis, s’ils sont déclarés coupables, il rendra la sentence, en fonction de la loi. Ce n’est pas le bout le plus facile de l’exercice, tu sais.
    Mathieu ne jugea pas utile de rappeler que cela pouvait être la pendaison. Le gardien avait été assez explicite à leur arrivée. Flavie jeta de nouveau un regard circulaire sur la grande salle, arrêta ses yeux sur l’horloge.
    — Je dois rentrer. Je me lève tôt demain.
    — Et moi aussi. Allons-y.
    En passant devant l’agent de la paix, Mathieu lui glissa discrètement un dollar

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