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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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près d’ici, je pense.
    — À côté. Tu veux voir ?
    — Nous sommes dimanche.
    —Justement, aucun procès ne se déroule aujourd’hui.
    Sans attendre de réponse, il l’entraîna de l’autre côté de la rue. Ils passèrent devant l’hôtel de ville, longèrent le grand édifice pour se trouver bientôt devant une entrée monumentale située juste dans l’angle de deux rues. Mathieu poussa la porte, se planta devant un agent de la paix absorbe dans l’édition de la veille de L’Action catholique.
    — J’aimerais faire visiter les lieux à mon amie.
    — C’est fermé.
    — Justement, on ne dérangera personne.
    La logique de l’argument n’ébranla pas le vieil homme.
    D’un autre côté, son regard se posa sur Flavie, apprécia le rose sur les joues. Un autre étudiant désireux d’impressionner une jolie fille.

    — Vous êtes le jeune Picard ?
    — Oui. L’ombre de Fitzpatrick.
    L’autre apprécia la pointe d’ironie, le jaugea en silence un moment.
    — Allez-y.
    — J’aimerais lui montrer la grande salle.
    — Cela peut me coûter cher, si quelqu’un l’apprend.
    — Voyons, je ne me sauverai pas avec le fauteuil du juge.
    Décidément, ce futur avocat paraissait moins prétentieux que la plupart de ses confrères.
    — Vous êtes mêlé à l’affaire Gagnon ? demanda-t-il en se levant avec une certaine difficulté.
    — Mon patron s’occupe de la poursuite.
    — J’ai rarement vu des gens mériter autant la corde que ceux-là. Mais voulez-vous parier que la marâtre y échappera ? Ils ne pendent plus les femmes depuis l’histoire de Saint-Jérôme, survenue il y a vingt ans.
    — Comme j’étais à peine né il y a vingt ans, je ne parie pas. Vous avez plus d’expérience que moi.
    L’homme lui adressa un sourire de travers. Après avoir claudiqué tout le long d’un couloir, il ouvrit une grande porte en chêne en disant:

    — Fermez en sortant. Je reviendrai verrouiller.
    Puis, il les abandonna dans une grande salle. Flavie tourna sur elle-même, intimidée par la majesté des lieux.
    — Viens devant, dit Mathieu en s’avançant vers une large tribune.
    Le jeune homme se retourna et commença du ton d’un professeur:
    — Le juge s’assoit sous le crucifix. Pour lui éviter de passer parmi les spectateurs quand il arrive, il a sa propre porte, là, dans le coin.
    — Pourquoi ?
    — Les amis de l’accusé et de la victime se trouvent dans la salle. Par souci de décorum, on veut lui éviter d’être interpellé.
    « Comme un prêtre qui sort de derrière l’autel », se dit Flavie. La comparaison paraissait tout à fait pertinente.
    — Et cet aménagement ?
    De la main, elle désignait l’espace devant les sièges des spectateurs, clairement divisé en zones.
    — Devant le juge, à sa gauche, se trouve l’équipe des accusés. Tu vois cette espèce de boîte ? La femme Gagnon pour le premier procès, son époux pour le second, se tiendront là, surveillés par deux agents. Et cette table sert à l’avocat de la défense.
    Il s’agissait d’une lourde table en chêne, capable de recevoir les liasses de documents d’au moins deux plaideurs.
    — Il sera tout près de l’accusé.
    — Parfois, ils ont à échanger quelques mots pendant la procédure. Et de l’autre côté de l’allée centrale, à droite, tu as la table du substitut du procureur. C’est lui qui porte les accusations.

    — Tu seras assis là ?
    Flavie essayait de se représenter la scène, visiblement impressionnée. Elle devinait sans mal combien les accusés, les témoins et même les spectateurs seraient mal à l’aise dans cette enceinte.
    — J’espère. Mais il y aura déjà Fitzpatrick et Lachance...
    — Qui des deux est le substitut du procureur? Je m’y perds.
    — Ils le sont tous les deux, et il y en a bien d’autres dans la province.
    Cette fois la jeune fille écarquilla les yeux, sans comprendre.
    — Le procureur de la Couronne, ou procureur général, c’est Louis-Alexandre Taschereau, membre du Cabinet provincial. Son rôle est d’entreprendre des poursuites contre les personnes qui ne respectent pas les lois.
    — Au nom du roi...
    Elle se rappelait la mine perplexe de son père, tellement l’information paraissait improbable, lors de la visite de Mathieu à L’Ancienne-Lorette.
    — Oui, répondit l’étudiant en souriant. Bien sûr, c’est une façon de parler. Au fond, dans cette histoire, il poursuit au nom d’Aurore. Plus généralement, c’est au nom du

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