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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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feuille.
    — Voici une lettre adressée à Gédéon Gagnon. L’avez-vous eue entre les mains, et à qui l’avez-vous remise ?
    — Je l’ai remise à monsieur Couture.
    Le juge se sentit une fois de plus forcé de clarifier la situation.
    — C’est une lettre venant de votre mère ?
    — Oui.
    — De l’accusée, madame Gagnon ?
    — Oui.
    Louis-Philippe Pelletier se souciait de préciser les événements pour le compte des jurés. De plus, le témoin montrait des signes d’épuisement. Ses interventions la rassuraient un peu.
    — Comme il est déjà onze heures trente, nous allons nous arrêter quinze minutes.
    Mathieu s’empressa d’approcher sa chaise pour permettre à Marie-Jeanne de souffler un peu. Napoléon Francœur le regardait avec une hostilité non dissimulée. A la reprise des travaux, le stagiaire récupéra son siège et le juge entreprit d’élucider un petit mystère.
    — Ecoutez-moi, ma petite fille. Comment se fait-il que vous aviez cette lettre, pour la remettre à monsieur Couture ?
    Où l’avez-vous prise ?
    — Pépère l’a reçue, mais eux ne savent pas lire. Je l’ai lue, moi.
    — Es-tu capable de faire le serment que c’est madame Gagnon qui a écrit ça ?
    — Par l’écriture, je sais que c’est elle. Je reconnais son écriture.
    Francœur se leva brusquement, avec un peu de retard.
    — Je m’oppose à ce que cette lettre soit produite à la cour.
    Le magistrat leva la main pour le faire taire, puis demanda encore :
    — L’enveloppe, avec la lettre, est adressée à Gédéon Gagnon. C’est votre grand-père, ça ?
    — Oui.
    — Vous avez remis l’enveloppe et la lettre à monsieur Couture ?
    Elle hocha la tête. Fitzpatrick ricanait silencieusement.
    Le juge s’était chargé d’établir l’origine du document.
    Celui-ci entendrait les représentations des avocats et déciderait ultérieurement de la recevoir ou non comme preuve.
    Pour tout de suite, le substitut du procureur général entendait continuer son interrogatoire.
    — Vous avez dit que votre mère ne donnait pas le pot à votre petite sœur. Alors, où faisait-elle ses besoins ?
    — Par terre.
    — Maintenant, est-il arrivé qu’elle fasse sur les habits de votre père ?

    — Non, c’est maman qui a fait ça.
    Un autre silence permit à chacun de se représenter la scène, puis l’avocat continua d’une voix trahissant son étonnement.
    — Votre mère a fait ça ? Répétez-moi ce qu’elle a fait, exactement.
    — Elle a mis ça dans les habits de papa pour accuser Aurore ensuite.
    Le juge passait par une gamme d’émotions inédites. De nouveau, les yeux arrondis de surprise, il demanda :
    — Votre maman mettait des ordures dans les habits de votre père, pour faire passer cela sur le dos de votre petite sœur?
    — Oui.
    Les grands yeux bruns tournés vers lui le convainquirent totalement.
    — Vous avez dit que votre mère attachait Aurore à la table, pour la brûler, continua Fitzpatrick. L’attachait-elle ailleurs ?
    — En haut, après une couchette.
    — Comment Pattachait-elle ?
    — Les pieds et les mains ensemble.
    — Avec le câble que je vous ai montré tout à l’heure ?
    Le juge intervint encore, comme s’il n’arrivait pas à imaginer une scène pareille.
    — Comment attachait-elle les pieds et les mains ?
    — Montrez au juge et aux jurés comment elle l’attachait, l’encouragea le procureur de la Couronne.
    Marie-Jeanne fit la démonstration, disparaissant derrière la barre des témoins.
    — Elle se trouvait pliée en deux, expliqua-t-elle inutilement.

    Sans aucune transition, le substitut du procureur se retourna pour déclarer à l’assistance :
    — Votre Honneur, je n’ai pas d’autres questions.
    Le juge regarda sa montre, réfléchit un instant.
    — Maître Francœur, demanda-t-il, souhaitez-vous commencer tout de suite, ou bien attendre après l’ajournement pour le dîner ?
    — Tout de suite.
    La voix trahissait une profonde colère.
    Mathieu regarda Marie-Jeanne. Elle se tenait debout, bien droite, depuis plus de deux heures, à évoquer la pire réalité. L’obliger à continuer sans se reposer représentait une autre forme de torture. Pourtant, aucun de ces professionnels de la justice ne se soucia de la question.

    Chapitre 20

    Joseph-Napoléon Francœur paraissait oublier l’âge du témoin, tout comme les années cruelles passées sous le toit des Gagnon. Sans aucune transition, tout à sa colère, il commença.
    — Vous avez été

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