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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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le jaugea, mais n’osa pas ajouter un mot.
    — Tout de même, maugréa le substitut du procureur après son départ, en plus de son témoignage, vous auriez pu lui apprendre à connaître un peu le calendrier.
    — Je vous assure, je ne lui ai rien fait mémoriser, se défendit Mathieu. L’initiative ne vient pas de moi.
    — En plus, il semble tellement heureux de se trouver à l’hôtel. Le procès pour meurtre de sa mère et de son beau-père se transforme en période de festivité !
    Si des parents souhaitaient prendre les enfants du couple infernal chez eux, la directrice de l’hospice Saint-Joseph-de-la-Délivrance ne les garderait pas de force. Son établissement dépendait de la charité publique.
    — Espérons que son frère se montre un moins bon élève, conclut Fitzpatrick.
    — Rappelez-vous de parler un peu fort. Ce gamin n’entend pas très bien.
    La recommandation amusa l’avocat.
    — Picard, empressez-vous de faire des enfants, rétorqua-t-il.
    Le rôle de parent vous va bien.
    Il sortit sur ces mots.

    *****
    Un peu penaud après la pitoyable performance de Georges, Mathieu retrouva Marie-Jeanne étendue sur les chaises, cette fois profondément endormie. Enfin libérée de l’énorme poids sur ses épaules, elle s’efforçait de prendre un peu de repos.
    Le jeune homme se pencha sur elle, la dernière remarque de son employeur lui trottant dans la tête. Curieusement, l’image de Flavie surgit dans son esprit. Sa présence lui manquait cruellement, après cette affreuse journée.
    — Marie-Jeanne, murmura-t-il en lui touchant l’épaule, tu peux rentrer...
    Les mots « à la maison » ne passèrent pas ses dents. Pour elle, il n’existerait plus rien de semblable. La fillette entrouvrit les yeux, pour se redresser à demi.
    — Nous pouvons partir, répéta-t-il, la cour a fini de siéger.
    — Tous ces gens ?
    — Ils sont allés souper, à cette heure. Tu dois aussi avoir l’estomac dans les talons. Tu n’as rien avalé de la journée.
    Sa compagne se redressa tout à fait, elle examina rapidement sa mise. Ses vêtements de petite paysanne ne lui rendaient pas justice. Dans le long couloir maintenant désert, elle tendit la main pour prendre la sienne. Dehors, le jeune homme demanda :
    — Ce matin, tu as emprunté les rues, ou le funiculaire, pour venir à la Haute-Ville ?
    Le nouveau mot l’amena à plisser le front.
    — Les rues...
    — Dans ce cas, je vais te faire connaître ce merveilleux moyen de transport. Un tramway qui circule comme cela.
    De la main, le jeune homme lui indiqua une pente de soixante-dix degrés. Elle ouvrit de grands yeux incrédules, préféra ne pas protester. Jusque-là,, la ville lui réservait de multiples surprises.
    Au
    passage,
    elle
    contempla
    longuement le Château Frontenac, la statue de Samuel de Champlain.
    En montant dans la petite cabine métallique, une main plutôt menue serra ses doigts, le visage exprima une certaine inquiétude.
    — Ne t’en fais pas, cette machine est bien moins dangereuse que le député Francœur.
    La remarque lui permit de se détendre un peu. Le bruit métallique les força au silence au cours de la descente tout au long du flanc de la falaise. Ensuite, en marchant vers les quais, puis pendant la traversée du fleuve, d’anodins sujets de conversation les occupèrent. La petite fille redevint morose lors du trajet vers l’hospice Saint-Joseph.
    — Tu ne sembles pas beaucoup te plaire à cet endroit, s’inquiéta le jeune homme.

    — C’est un orphelinat.
    Le mot valait une longue explication. Des adultes entassaient là des enfants sous la surveillance de religieuses souvent revêches.
    — Tout de même, continua Marie-Jeanne en levant les yeux vers lui, j’y suis bien. Après, j’aimerais rester là.
    «Après», songea le jeune homme. À la fin des procédures, la vie
    de
    cette
    gamine
    serait
    irrémédiablement
    bouleversée. Au mieux, ses deux parents ne sortiraient pas de prison avant sa majorité. Au pire, ce serait la corde. Si un oncle n’acceptait pas de la prendre chez lui en guise de domestique, il ne lui resterait guère d’autre possibilité qu’une institution.
    — Selon toi, mère Saint-Emilien voudra-t-elle me garder ?
    — Je suppose que oui. Ne t’inquiète pas à ce sujet.
    Ils approchaient maintenant du grand établissement en pierre et en brique.
    — Tu crois que je devrai y retourner encore ?
    Cette fois, Marie-Jeanne parlait du palais de justice.
    — Pour tout de

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