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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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éternuements lui permettaient souvent de poser elle-même un diagnostic.
    — Bonsoir, fit-elle à l’intention du nouveau venu. Thalie se porte-t-elle bien ?
    L’étudiante en médecine avait profité de son dernier congé des fêtes pour partager deux repas avec sa nouvelle amie.
    Depuis,
    elle
    ne
    s’épuisait
    guère
    en
    longues
    missives.
    — Selon ses derniers mots, ses interminables heures d’études lui valent de bonnes notes... Elle se réjouit à l’idée de revenir parmi nous l’été prochain. Puis-je parler au docteur Caron ?
    Le changement abrupt de sujet dérouta la jeune femme.
    — Bien sûr, mais il y a toutes ces personnes avant vous.
    Dans la salle, chacun dressait la tête, soucieux de ne pas se faire voler son tour.
    — Je ne suis pas là pour une consultation, expliqua Mathieu en élevant un peu la voix à l’intention de ces témoins. Je suis porteur d’un message de la part du procureur général.
    Personne n’oserait entraver le cours de la justice. Elise elle-même se montra un peu impressionnée en répondant :
    — Prenez place, je verrai ce que je peux faire quand le patient sortira.

    Cinq minutes plus tard, pendant que le médecin ouvrait la porte de son cabinet en adressant des paroles rassurantes à un vieillard, elle se leva pour aller lui chuchoter quelques mots à l’oreille. D’abord un peu surpris, il hocha bientôt la tête.
    — Mesdames, messieurs, un petit contretemps. Je serai à vous le plus tôt possible. Monsieur Picard, si vous voulez venir...
    Mathieu traversa la salle d’attente sous des regards hostiles, bredouilla un «Je suis désolé» sans conviction.
    Dans le bureau, il accepta un siège.
    — Fitzpatrick m’a dit de venir tout de suite, s’excusa-t-il encore.
    — Comment se dérober à une injonction venue du fils du représentant du roi dans la province? rétorqua l’autre dans un sourire. Si le substitut du procureur a un message pour moi, cela signifie qu’un malheur est arrivé.
    Toutes les morts suspectes entraînaient la tenue d’une enquête du coroner.
    — Une petite fille va mourir.
    — Elle va mourir ? Si elle est vivante, ma présence paraît un peu prématurée, à moins que ce ne soit pour la soigner.
    Et dans ce cas, je devine qu’un autre médecin doit déjà lui prodiguer des soins.
    Tout le long du chemin, le visiteur avait préparé son petit exposé. En quelques phrases, il résuma les derniers événements.
    Le médecin écouta, le visage de plus en plus désolé.
    — L’issue fatale paraissait inévitable à ce juge de paix?
    — Absolument. Je présume qu’il tient sa conviction du diagnostic du médecin traitant.
    — C’est
    affreux.
    Fitzpatrick
    planifie
    l’autopsie
    et
    l’enquête du coroner pour une personne toujours vivante.

    La situation revêtait en effet une ironie tragique.
    — Acceptez-vous ?
    — Ce village, Sainte-Philomène, est-ce loin d’ici ?
    — On peut faire le trajet en train.
    La précision valait la peine d’être faite. Des destinations assez proches se révélaient presque inaccessibles par la route, en particulier en hiver; d’autres plus lointaines se situaient au bout d’un trajet confortable dans un wagon bien chauffé.
    — C’est bon. Si elle se trouve si mal en point, je suppose que je dormirai dans mon lit demain soir.
    — Comme je dois vous accompagner, je pourrai vous rejoindre à votre porte demain matin, nous irons à la gare ensemble. Ce soir, je vous téléphonerai pour vous donner l’heure du train et la durée du trajet. Je m’occuperai des billets.
    Fitzpatrick souhaitait le voir se rendre utile. Cela irait peut-être jusqu’à porter le sac en cuir du praticien.
    — C’est une excellente idée. Maintenant, je dois retourner à mes patients.
    Le docteur se leva sur ces mots.
    —- Excusez-moi encore d’avoir un peu bouleversé vos consultations, murmura Mathieu.
    Ensuite, il entendit le docteur Caron dire à sa fille :
    — Elise, tu vas téléphoner à toutes les personnes ayant un rendez-vous demain, afin de le remettre à une date ultérieure. Avertis aussi l’Hôtel-Dieu. Je devrai m’absenter.
    Puis, il se tourna vers les patients dans la salle d’attente.
    — À qui le tour, maintenant ?
    Mathieu avait attendu un peu à l’écart pour saluer Elise.
    Après les souhaits réciproques de bonne soirée, elle glissa :
    — Une triste affaire ?

    — Très triste.
    Sur ces mots, il salua d’un signe de tête les malades et se dirigea vers la

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