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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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consécutives à une attaque avec un instrument contondant» lui aurait semblé plus pertinent. Si quiconque attaquait un adulte avec un manche de hache, cela méritait une accusation de tentative de meurtre. Dans le cadre du foyer familial, sous prétexte de corriger les mœurs d’une fillette, cela prenait une autre couleur.

    *****
Les habitants de Fortierville quittaient les lieux lentement, déçus de cette fin abrupte. Le curé déserta son refuge du fond de la sacristie, où il s’était tenu avec Lauréat Couture
    pendant toute
    la procédure. L’ecclésiastique
    déclara généreusement aux « gens de Québec » :
    — Ma ménagère pourra vous préparer un souper tardif, quelque chose de léger, à cette heure.
    Caron sortit de nouveau sa montre de son gousset.
    — Il est déjà sept heures, un train quittera la gare dans un peu moins d’une demi-heure. Je vous remercie, monsieur le curé, mais si je ne veux pas le rater, mieux vaut me mettre tout de suite en route.
    — Le temps d’atteler la jument, et je vous conduirai, proposa Oréus Mailhot.
    Le marchand se tourna à demi pour englober les autres visiteurs dans son regard.
    — Et vous aussi, messieurs.
    —Je vous remercie, mais je vais passer la nuit dans ce charmant village, ironisa le détective. Les funérailles de la petite fille auront lieu demain, je lui dois bien d’y assister, n’est-ce pas? Le curé a accepté de me loger dans une chambre de son grand presbytère.
    — C’est tout naturel, voyons, affirma le bon Samaritain.
    Alors qu’il prononçait ces mots, le sourire du prêtre faisait penser à celui d’un homme ayant mordu dans un citron. Ses invités appartenaient d’habitude à une autre classe de gens.
    — Cela nous permettra de discuter entre collègues, continua le détective, gouailleur. Après tout, nous pénétrons tous les deux dans l’âme humaine avec l’espoir de combattre le mal et de conduire les méchants à leur jugement. Moi celui des hommes, monsieur l’abbé, celui de Dieu.
    L’agacement rendit la voix de Massé cassante quand il ajouta :
    —Je vais vous saluer tout de suite, messieurs. Si je ne regagne pas sans tarder le presbytère, ma servante risque de préparer un repas pour six personnes.
    Il serra la main des visiteurs.
    — A tout à l’heure, lança encore le policier quand le prêtre passa la porte.
    Tout en rangeant ses papiers dans sa mallette, Mathieu laissa échapper un rire bref. Ces deux-là passeraient en tête-à-tête une soirée délicieuse !
    — Docteur Caron, continua Couture d’un ton infiniment plus sérieux, vous avez mené cette petite enquête de façon très habile.
    — Je vous remercie, monsieur.
    — Mais, contesta le stagiaire d’un ton bien présomptueux, la petite fille a menti tout au long de son témoignage.
    — Ce que celui du père a clairement établi ensuite, expliqua le policier. Cet accroc à la vérité ne nuira en rien à la suite de l’affaire. Ce bonhomme a admis battre sa fille avec un fouet. Il la savait gravement malade depuis trois semaines. Nous avons la preuve, avec ses seuls aveux, des mauvais traitements et du refus de faire soigner une enfant en danger de mort. En plus, monsieur Caron a démontré que le bonhomme savait très bien faire la différence entre des gens plus faibles et plus forts que lui. Il jouit donc de toutes ses facultés.
    Mathieu hocha la tête en regardant le petit médecin chauve avec des yeux nouveaux. L’interrogatoire du dernier témoin, en apparence décousu, prenait tout son sens.
    — Tout de même, les paroles de Marie-Jeanne viennent tout contredire, plaida-t-il encore.
    — Elle a dit cela devant un homme qui battait sa sœur avec un fouet à bestiaux, expliqua Couture. D’une certaine façon, son mensonge est une autre preuve de la brutalité du bonhomme. Elle était morte de peur.
    — Je ne veux pas rompre votre conciliabule, intervint le docteur Marois, mais les minutes s’égrènent. Si nous ne voulons pas rater ce damné train...
    Les membres du quatuor avaient déjà endossé leur manteau tout en discutant. Ils sortirent de la sacristie pour retrouver le climat sibérien de la campagne battue par le vent. Une minute suffit pour récupérer les sacs de voyage abandonnés depuis le matin dans l’entrée du presbytère. Le détective Couture serra les mains, puis alla déguster le souper préparé par madame curé en compagnie d’un prêtre devenu bien morose.
    Toujours emmitouflé dans son manteau en

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