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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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réfugier dans le silence.
    — Picard, fit-il enfin, quand Marie-Jeanne a évoqué l’utilisation d’un rondin contre sa sœur, elle a semblé disposée à vous en dire davantage.
    — Oui. Je me sens d’ailleurs un peu coupable de ne jamais l’avoir relancée, mais je souhaite terminer cette année universitaire sur une note positive.
    — J’admire votre sérieux, ironisa-t-il. Je vous demande pourtant de retourner la voir. Vous apprendrez peut-être quelque chose...
    Ce développement ranima immédiatement la mauvaise humeur de Couture.
    — Ce n’est pas en lançant un amateur dans ce village que les choses iront plus vite. Si elle a quelque chose à dire, j’arriverai bien à l’apprendre.
    — Ce garçon n’est pas un apprenti policier, c’est un apprenti avocat. Un témoin essentiel à notre affaire semble lui faire confiance, il serait ridicule de ne pas utiliser cette possibilité.
    — J’ai parlé à deux reprises à la petite fille...
    — Vous a-t-elle appris quelque chose de plus ?
    L’homme se renfrogna. Marie-Jeanne lui répétait les confidences déjà faites, sans s’engager plus loin.
    — Où
    avez-vous appris l’existence de Marguerite Lebœuf? Dans le rapport de notre ami ?
    Le détective baissa la tête devant cette rebuffade. Le nom de cette jeune fille lui était connu depuis la lecture du compte rendu de la veillée chez les Lemay.
    — C’est la même chose au sujet de l’intestin rebelle de la victime et de l’agression avec un rondin. Picard retournera à Sainte-Philomène. Il vous signalera toutes les informations nouvelles.
    Vous
    ferez
    ensuite
    votre
    travail
    de
    policier.
    A la fin, le détective acquiesça. De toute façon, il n’avait guère le choix.

    Chapitre 13

    Après avoir résisté à l’idée si longtemps, Flavie s’était laissé convaincre d’aller au cinéma dans la Haute-Ville de Québec.
    Un peu avant sept heures, elle prenait place au milieu de la salle du cinéma Empire, dans la rue de la Fabrique.
    La jeune femme examinait la salle plutôt petite, le décor sobre. L’endroit n’offrait pas la somptuosité factice de l’établissement de la rue Saint-Joseph. Le résultat n’en était pas moins élégant pour autant.
    — Ton patron a été bien généreux de te laisser partir si tôt, remarqua Mathieu.
    — En réalité, c’est moi qui me montre généreuse en partant souvent très tard. Ma journée de travail devrait se terminer à six heures.
    — Le commerce ferme très souvent à sept, même huit heures.
    — Les portes demeurent ouvertes aussi longtemps que des clients se présentent. Mais la secrétaire du propriétaire, du moins en théorie, n’obéit pas aux horaires des vendeuses.
    Edouard Picard ne se laissait pas arrêter par des considérations de ce genre. Les horaires se prolongeaient selon son bon vouloir. Avant de la mettre tout à fait de mauvaise humeur, Mathieu conclut :
    — Alors, je suis heureux qu’il se soit montré moins égoïste ce soir, cela me permet de profiter de ta présence.
    Elle lui adressa son meilleur sourire pour se faire pardonner son irritation du moment précédent.

    — Tu vas devoir retourner là-bas ? enchaîna-t-elle. Dans ce village, je veux dire.
    — Oui. La procédure contre la femme Gagnon se trouve un peu retardée, Fitzpatrick désire obtenir de plus amples informations de la petite fille.
    — Marie-Jeanne ?
    Le prénom de l’aînée de la victime était familier à Flavie, tellement le sujet revenait avec régularité entre eux.
    — Tu as évoqué un retard. Pourquoi ?
    — La marâtre a la grippe. Le juge doit attendre qu’elle se remette.
    Le bruit du rideau sur la longue tringle d’acier les amena à fixer les yeux sur l’écran. Le film, True Hart Susie, ne leur laisserait pas un souvenir impérissable. Ladite Susie, amoureuse de son voisin, mais incapable de lui confesser ses sentiments, le vit successivement
    partir
    au
    collège,
    revenir
    courtiser
    et finalement épouser une femme très... émancipée. La seule bonne action de cette dernière, Bettina, fat de mourir jeune, laissant finalement Susie et le veuf, William, libres de s’avouer mutuellement leur inclination réciproque.
    Cela donnait quatre-vingt-six minutes de guimauve, heureusement ponctuées de très nombreux gros plans sur Lilian Gish. Pendant qu’ils se pressaient vers la sortie, Mathieu remarqua :
    — Si ces deux-là avaient été moins niais, le film aurait duré cinq ou six minutes.
    — Que

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