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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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’il ne parle pas il n'a pas le droit et c'est ce qui a fait a Marie-Jeane et à la cours qu’ils disent rien que oui ou non vous lui direz par ceux que lui vous comprenez il est sourd il peuvent lui faire dire ce qu’il voudront vous lui direz...
    Elle relut soigneusement les lignes précédentes, toussa un peu. Quand elle reprit son crayon, ce fut pour écrire encore :
    [.. ] si la petite pleure bien et si les autres ne sont pas malades memere vous prendrez de la flanelette quily a dans ma chambre et faite faire chacun 2 chemises au petit et si vous avez besoin de quelques choses pour manger aller chez Mde Baril et la petite si elle pleure donnez-lui du sirop laissez la pas pleuré et le linge salle ne lavez pas cela attendez que je sois rendu ne donnez pas de nouvelle à personne repondez moi tout de suite et dite tous comment cela se passe et memere doit être fatiguée mais le Bon Dieu la recompensera rien ne se perd oubliez nous pas dans priere et les enfants non plus Bien des gros becs à tous Marie Jean elle est bien elle aussi reponse de suite et priez pour nous autres L’exercice la laissait épuisée. Elle plia le bout de papier, le glissa dans une enveloppe. Demain, une matrone la déposerait à la poste.

    *****

    Le 4 mars, malgré l’interdit de publication, le bouche à oreille faisait son effet: une dizaine de désœuvrés, autant d’étudiants en droit ou d’avocats prêts à perdre leur temps, et deux fois plus de journalistes qu’à l’accoutumée se déplacèrent pour
    l’enquête
    préliminaire
    de
    Marie-Anne
    Gagnon,
    née Houde.
    Quand un magistrat aussi notoire que Philippe-Auguste Choquette proposait, Dieu disposait parfois. En l’occurrence, le Créateur s’exprima dans une note du médecin de la prison de Québec. Devant son auditoire intéressé, le magistrat déclara d’entrée de jeu :
    — On m’apprend que madame Gagnon se trouve encore affectée par la grippe. Dans les circonstances, il convient de repousser l’audience à une date ultérieure. Les travaux reprendront le 11 mars, soit jeudi de la semaine prochaine.
    L’assistance exprima sa déception dans un murmure, Fitzpatrick referma son dossier d’un geste rageur. Seul Francœur, maintenant flanqué d’un collègue pour l’assister, Louis Larue, ne montra aucune surprise. Sa cliente l’informait certainement de son état de santé.
    La salle se vida lentement. En sortant, le procureur de la Couronne s’arrêta devant une toute jeune fille pour lui dire: — Je suis vraiment désolé, mademoiselle, le juge vient de remettre l’audience au 11 mars. Vous devrez revenir.
    — Mais nous sommes là, nous, protesta une dame dans la trentaine.
    La gamine voyageait avec sa mère, dans le respect des convenances. La matrone ne cachait pas sa déception.
    — Je le sais bien, madame, mais l’accusée n’y est pas, à cause de la maladie. Nous ne pouvons procéder en son absence.
    La mine renfrognée, le duo mère-fille quitta les chaises mises à la disposition des témoins dans le couloir.
    — Et bien sûr, cela vaut aussi pour moi, grommela Lauréat Couture, assis à proximité.
    — Bien sûr. Venez à mon bureau.

    *****
Pour lui faciliter la vie, un bureau destiné au substitut du procureur général avait été aménagé au palais de justice.
    Mathieu se sentait devenir l’ombre du grand homme, toujours sur ses talons. Le trio prit place autour d’une petite table ronde.
    — Alors, commença l’avocat, cette jeune fille pourra-t-elle nous apprendre quelque chose d’utile ? Je m’attends à mieux que lors de la comparution de Télesphore Gagnon.
    Ce rappel des témoignages décevants de la dernière procédure frustra le détective.
    — Je ne leur fais pas la leçon pour leur apprendre quoi dire!
    — Nous avons déjà eu cette discussion : eux de leur côté, après avoir prêté serment, impressionnés par le cadre, décident de jouer de prudence. Selon vous, Marguerite Lebœuf pourra-t-elle nous apprendre quelque chose ? Elle est bien jeune.
    — ... Quinze ans. Toutefois, elle paraît aussi assurée que sa mère. Elle m’a fait le récit de sévices réels, montrant bien la cruauté de la belle-mère. Francœur devrait en perdre son petit sourire suffisant.
    Le policier marqua une pause, décida de faire preuve de prudence.
    — Évidemment, si elle répète fidèlement les affirmations spontanées formulées il y a une douzaine de jours !
    — Evidemment.
    Ce fut au tour de Fitzpatrick de se

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