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Mathilde - III

Titel: Mathilde - III Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Pecunia
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humilié l’Américaine dont
l’amitié et le soutien sans faille lui étaient précieux. Et elle
était bien décidée, à présent, d’en faire payer le prix à
Anne-Charles de la Fallois qui venait de lui causer une désillusion
– pire, un désenchantement – irréparable après lui avoir fait vivre
une situation humiliante devant cette Saint-Chou.
    Si Mathilde eût pu lui pardonner cette dernière, sa lâcheté
manifeste l’en dissuadait. Elle était la goutte d’eau qui faisait
déborder le vase.
    Fallois n’était plus digne d’être son chevalier servant. Il
avait failli. Et plus que grandement ! se dit-elle.
    Aussi, le soir même de ces obsèques, décida-t-elle à la fois de
lui battre froid dorénavant et, pour faire bonne mesure, de prendre
pour amant son rival.
    Quant à la Saint-Chou, qui ne savait pas contenir ses émotions
et dont les cris avaient alarmé ses filles, elle n’était pas près
de remettre les pieds en son hôtel !
     
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    Qu’on lui supposât un amant, Mme de La Joyette n’en avait que
faire. De toute façon, rien n’était devenu plus commun depuis la
fin de la guerre et toute veuve en âge d’éprouver des besoins, si
elle n’avait pu ou ne désirait pas se remarier, en avait un ;
qu’il fallait, hélas ou tant mieux selon les tempéraments, se
partager souvent à plusieurs femmes tant la guerre avait créé un
cruel déséquilibre entre les partenaires des deux sexes. Parfois
même entre les femmes d’une même famille, telle la veuve du marquis
de Morlat et ses deux filles qui avaient eu leurs vingt ans l’année
de Verdun, la mère ayant son jour et les filles le leur, qui leur
était commun selon la princesse de Vaseton qui était toujours bien
informée de ce genre de potins.
    Mais Mathilde tenait à ce que sa liaison demeurât secrète. Ce
qui ne fut pas chose évidente car dans un quartier de Paris, où,
contrairement à ce que l’on peut imaginer depuis la province, l’on
vous épie tout autant que dans un village et où le moindre
changement dans une vie réglée se note rapidement. Ce qui revient à
voir votre réputation se perdre si vous êtes une personne en
vue.
    C’était là un point capital pour Mme de La Joyette et elle
tenait absolument à le résoudre et à définir les conditions de sa
liaison avec le Dr Jacob avant qu’il ne devînt son amant et sût
même qu’elle avait jeté son dévolu sur lui.
    Deux à trois heures, une ou deux fois par semaine, lui semblait
largement suffisant pour satisfaire ses besoins sans que cela
empiétât sur sa vie habituelle et ses obligations. – De jour et non
pas de nuit, cela allait de soi.
    Par ailleurs, le Dr Jacob devrait lui donner sa parole d’honneur
de ne jamais faire état de sa liaison avec elle à quiconque ni même
marquer quelque familiarité lorsqu’il serait invité en son hôtel.
Il ne devait rien modifier de son attitude habituelle et surtout
n’en rien laisser paraître, sous peine qu’elle mît immédiatement un
terme à leur relation.
    Ce serait à prendre ou à laisser.
    Restait le lieu où ils pourraient se retrouver.
    Il ne pouvait être question qu’elle se rendît à son domicile où
se trouvait également son cabinet privé ou à la clinique. Cela
manquait de discrétion et on eût pu la supposer malade.
    Tout comme il était hors de question que cela se passât en son
hôtel.
    Un instant, puisqu’il s’agissait d’une relation clandestine, Mme
de La Joyette s’arrêta à l’idée d’un lieu « clandestin ».
Mais cela évoquait trop un lieu de perdition et rien n’était moins
sujet à la discrétion qu’elle désirait que ces hôtels que l’on
disait dévolus à ce genre de rencontre. Elle ne tarderait pas à y
rencontrer une de ses relations.
    L’idée s’imposa finalement d’elle-même au petit déjeuner en se
souvenant de sa dernière discussion avec sa bonne amie la marquise
de Bonnefeuille. Celle-ci avait parlé de la nouvelle manie
qu’avaient certaines femmes à présent d’avoir une activité
« intelligente » pour rivaliser inutilement avec les
hommes.
    – Je vous le donne en mille mais vous ne le devinerez jamais,
avait-elle dit. Figurez-vous que cette sotte de comtesse de La
Margelle, qui serait incapable de lacer ses bottines elle-même,
s’est mise en tête de sculpter. Comme la sœur de Rodin, cette
pauvre Camille Claudel qui en est devenue folle tant ces choses
sont étrangères à notre sexe.
    –

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