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Mathilde - III

Titel: Mathilde - III Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Pecunia
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Marie-Laurencin fait de beaux portraits et les livres de Mme
Colette ont eu un grand succès.
    – Je vous l’accorde, avait concédé sa bonne amie, mais avouez,
avait-elle poursuivi en riant, que la peinture c’est bien salissant
et que, si j’avais à écrire moi-même – à ne plaise ! –, je me
mettrais de l’encre sur tous les doigts et même le visage. Je
saurais horrible à voir !
    Mme de La Joyette laissa mûrir son idée toute la journée et ne
cessa de la peaufiner avec une ingéniosité qu’elle n’avait pas
soupçonnée si développée en elle jusque-là.
    Elle avait l’alibi, une idée du lieu mais ne se voyait pas
annoncer de but en blanc à l’élu de son cœur : « Je vous
ai choisi pour amant. Je vous recevrai tels jours de la semaine
entre telle heure et telle heure et je compte à fois sur votre
ponctualité et, plus encore, votre discrétion. »
    Le prétexte devait être parfait et le Dr Jacob ne devait pas
avoir le sentiment d’être mis devant le fait accompli. Cela devait
survenir comme par le plus grand des hasards.
    – Je vais écrire ! annonça-t-elle à la fin du dîner.
    Cette déclaration tombait comme un cheveu sur la soupe mais l’on
allait passer au fromage.
    – Ah ! fit Miss Sarah surprise car elle avait plus souvent
vu Mathilde feuilleter un ouvrage que le lire.
    – Oui, je veux être une jeune femme moderne et exercer une
activité. Certes, j’ai hésité avant de me décider, mais je n’ai
aucun talent pour la sculpture – je ne pourrais vivre au milieu de
la poussière – et fort peu pour la peinture où l’on finit toujours
par se tacher. En revanche, j’ai toujours eu le goût de la poésie –
j’ai écrit de fort beaux poèmes durant mes années de pensionnat et
ils faisaient l’admiration de mes amies – et j’ai plaisir à tourner
agréablement mes lettres.
    – Je vous félicite de cette décision, la complimenta
l’Américaine dissimulant son scepticisme pour ne pas décourager son
amie. Et puis c’est une activité qui prend peu de place, au
contraire des deux autres qui nécessitent un atelier, et vous
pourrez l’exercer tranquillement chez vous.
    – Il n’en est pas question, dit Mathilde. J’ai besoin d’un lieu
où je ne serai pas déranger au moindre problème domestique.
    – Peut-être pourriez-vous transformer en bureau la pièce que
Vassili  avait aménagée au-dessus du garage ? proposa
Miss Sarah.
    – Vous n’y songez pas ! C’est un ancien grenier et j’ai
passé l’âge de m’y réfugier. Non, il me faut un chez-moi bien à moi
où je pourrais m’enfermer en toute quiétude.
    – Vous voulez louer un appartement ? s’étonna
l’Américaine.
    – Oh ! juste deux ou trois pièces. Quelque chose de
simple.
    – Vous écririez donc tous les jours ? demanda Miss Sarah de
plus en plus étonnée.
    – Non, ce n’est pas possible. J’ai trop d’obligations et je ne
souhaite pas que cela me devienne fastidieux. Je commencerai
d’abord par le lundi et le jeudi, de quatre à sept.
    – Je ne sais pas ce que vous souhaitez écrire, mais cela
représente peu de temps si vous souhaitez mener une œuvre à son
terme.
    – Cela me convient parfaitement pour commencer, trancha Mme de
La Joyette fort satisfaite d’avoir si bien amené son affaire.
J’aviserai par la suite si la nécessité s’en fait sentir. Mais je
ne sais pas auprès de qui je pourrais me renseigner pour trouver un
appartement à deux pas d’ici. Si j’en parle à Me Naudin, mon brave
notaire, je crains qu’il ne voie trop grand.
    – Vous avez raison. Demandez plutôt au Dr Jacob. Il connaît le
quartier comme sa poche et il saura vite s’il y a un appartement
vide.
    – Le Dr Jacob, dites-vous ? feignit de s’étonner Mme de La
Joyette. Tiens, je n’y avais pas pensé, mais vous avez parfaitement
raison. Il est l’homme de la situation…
     
     
     
    C’est ainsi que le Dr Jacob, dès le lendemain, fut mis à
contribution et partit aussitôt en quête du futur
appartement-bureau de Mme de La Joyette, interrogeant les
concierges du quartier au fil de ses visites à domicile.
    D’ailleurs, quarante-huit heures ne s’étaient pas écoulées qu’on
lui signalait un appartement vacant au quatrième étage d’un
immeuble de la rue Amélie. Mais c’était « trop haut » au
goût de Mme de La Joyette. Également un troisième étage précisément
dans la rue même de sa commanditaire, la rue Saint-Dominique. Mais
Mathilde voulait

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