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Mathilde - III

Titel: Mathilde - III Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Pecunia
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Vous êtes bien bonne avec moi, comtesse. Je vous prie encore
de bien vouloir m’excuser, mais sa mort me bouleverse
tellement.
    – Je vous comprends, dit Mathilde avec compassion. Permettez-moi
de vous raccompagner, ajouta-t-elle pour s’assurer que la dame fort
encombrante qui avait connu Marius quittât les lieux au plus
vite.
    Mais à peine franchi le seuil du salon, Mme de Saint-Chou sembla
se raviser.
    – Je ne vous ai pas dit comment cet horrible meurtre s’est
produit, dit-elle.
    D’exaspération, Mme de La Joyette faillit répondre que cela
n’avait pas d’importance et que seul comptait qu’il fût mort.
    – Je ne préfère pas savoir, répondit Mathilde en prenant la dame
par le bras pour la mener jusqu’à l’entrée. Je ne crains de ne
pouvoir dormir ensuite.
    – Ah ! fit Mme de Saint-Chou visiblement déçue. Vous avez
une âme sensible, comtesse, et cela est tout à votre honneur. Mais,
quand même, ce pauvre Marius, la façon dont il a été abattu…
    Heureusement, Louison vint à point nommé tirer sa maîtresse
d’embarras en annonçant un visiteur.
    – Qui est-ce ? demanda Mme de La Joyette soulagée de cette
visite qui obligeait Mme de Saint-Chou à quitter définitivement les
lieux.
    Mais Louison n’eut pas le temps de répondre que le comte de la
Fallois se précipitait vers les deux femmes, fort exalté et
criant :
    – Marius est mort !
    Mathilde sentit tout son sang se retirer de son corps, poussa un
petit cri et eut à peine conscience de défaillir.
    Quand elle reprit enfin ses esprits, à demi allongée sur le
sofa, sous les petites tapes énergiques de Mme de Saint-Chou,
Mathilde eût préférée être restée évanouie.
    – Pourtant vous ne connaissiez pas Marius, dit, intriguée, Mme
de Saint-Chou.
    – Non, elle ne le connaissait pas, répondit le comte à sa
place.
    – Je disais précisément à Mme la comtesse qu’elle avait l’âme
sensible, mais je ne la croyais pas aussi fragile. Mais, vous-même,
comte, vous semblez l’avoir connu notre brave Marius ?
    Mme de La Joyette tremblait de crainte pour son fier héros qui,
si imprudemment, était venu se jeter dans la gueule du loup, en
quelque sorte, tant il était pressé de lui annoncer son
exploit.
    Emplie de désespoir, Mathilde tentait en vain de l’alerter par
de subtils mouvements de paupières. Mais il ne la regardait même
pas.
    « Sa réponse va le perdre », se dit-elle en fermant
les yeux.
    – J’ai eu l’occasion de dîner avec lui, le gros Léon et Del
Sarte à quelques reprises, l’entendit-elle répondre.
    – Seriez-vous alors des nôtres, comte ? demanda Mme de
Saint-Chou soudain exaltée.
    – J’ai été camelot du roi dans ma jeunesse, avant la guerre.
    – Ah ! fit la dame mi-figue mi-raisin, comprenant que le
comte de la Fallois ne l’était plus. En tout cas, ajouta-t-elle, ce
qui est sûr et certain, c’est qu’il a été abattu pas une balle
allemande.
    – J’ai entendu dire qu’il avait été tué par une très jeune
femme.
    – Une putain boche, oui ! se récria Mme de Saint-Chou. Mais
faites confiance, aux camelots, ils vont le faire payer aux
commanditaires !
    Mme de La Joyette n’y comprenait plus rien et croyait être
victime d’hallucinations auditives.
    – Mais de quoi parlez-vous ? les interrompit-elle en se
redressant sur le sofa.
    – Mais du meurtre de Marius Plateau, ma chère, répondit le comte
de la Fallois, étonné de sa question puisque l’on ne parlait que de
cela.
    – Je vous l’ai dit, comtesse, dit, à la fois surprise et
inquiète, Mme de Saint-Chou. Vous ne vous souvenez pas ?
Peut-être a-t-elle besoin d’un médecin ? ajouta-t-elle en se
tournant vers le comte visiblement inquiet à présent lui aussi.
     
     
     
    Les jours suivants, il ne fut question que de l’assassinat de
Marius Plateau, l’un des piliers de la Ligue d’Action française et
figure de proue des Camelots du roi, à son bureau même de l’Action
française. Pour ses partisans, il avait été abattu traîtreusement
par une « balle allemande » et le bras criminel avait été
armé par l’anti-France, cet assassinat s’inscrivant dans la lignée
des meurtres commis dans la Ruhr occupée contre des officiers et
soldats français.
    Le soir même de sa mort, les Camelots du roi, pour venger la
mort de leur chef, dévastaient les locaux de
L’Œuvre
et de
L’Ère nouvelle
qu’ils accusaient de pousser au meurtre des
responsables de l’Action française

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