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Mathilde - III

Titel: Mathilde - III Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Pecunia
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partir de là que les anarchistes bâtirent leur roman car
ils soutenaient que le jeune homme s’était présenté à eux, sans
dévoiler sa véritable identité, en leur annonçant qu’il désirait se
rallier à la cause anarchiste et commettre un attentat contre le
président du Conseil Poincaré ou Millerand, le président de La
République, et à défaut Léon Daudet ! Mais les administrateurs
du journal anarchiste qui le reçurent désapprouvèrent un tel projet
et il les quitta en leur remettant une lettre destinée à sa mère,
et ces messieurs affirmaient n’avoir découvert la véritable
identité du jeune homme que lorsque cette dernière fut révélée par
la police.
    Le lendemain matin, la veille du drame, le 23 novembre, le jeune
Philippe réitéra sa volonté de commettre un attentat politique
auprès d’un libraire anarchiste, un certain Le Flaoutter, qui l’en
aurait dissuadé selon ses dires mais qui lui aurait quand même
remis une arme tout en s’empressant d’avertir des intentions du
jeune homme le commissaire Lannes de la Sûreté générale dont il
était un indicateur, lequel commissaire dépêcha ses agents pour
interpeller Philippe Daudet dont il a prétendu ignorer alors, lui
aussi, la véritable identité.
    Tout cela était tellement tiré par les cheveux que, si la thèse
du suicide n’avait été établie par la Sûreté et les différents
témoignages, dont le principal était celui du chauffeur de taxi
Bajot dans le véhicule duquel avait pris place Philippe et qui
s’était arrêté alors qu’il circulait boulevard Magenta en entendant
un coup de feu très proche pour découvrir son passager agonisant,
Mme de La Joyette aurait été encline à épouser celle de M. Daudet
qui, éperdu de douleur, voyait un crime et la main de
« l’Antifrance, auxiliaire de la sanglante anarchie »
derrière le suicide de son fils.
    S’agissait-il d’un « complot anarcho-républicain »
pour autant, ainsi qu’il le clamait haut et fort en portant plainte
à la fois contre des policiers de la Sûreté, le libraire Le
Flaoutter, ancien amant de Germaine Berton, la meurtrière de Marius
Plateau, en l’accusant de meurtre, ainsi que le chauffeur de taxi
Bajot qu’il accusait de complicité, sans compter le procès
intentait au
Libertaire
par
L’Action
française
 ? Mathilde en doutait et de toute façon il
était malaisé de démêler le vrai du faux parmi les exagérations
dont était coutumier M. Daudet, mais elle fut profondément troublée
lors de l’acquittement, un mois jour pour jour après ce dramatique
événement, le 24 décembre, de Germaine Berton.
    Comme le dit si bien son père, qui, pour sa part, adhérait à la
thèse de son ami Daudet : « Quelle idée de prononcer un
jugement aussi honteux le lendemain de la disparition de notre beau
dirigeable
Dixmude
en Méditerranée ! Cela me
rappelle le triste jour de la réhabilitation du traître Dreyfus par
cette même République. »
    C’était effectivement affligeant de voir acquitter une
meurtrière et Mme de La Joyette ne manqua pas d’en faire reproche
au procureur Dubon lorsqu’elle le croisa, le lendemain de Noël, au
foyer de l’Opéra.
    – Je ne vous félicite pas, lui lança-t-elle à haute voix sans
autre préambule alors qu’il s’approchait d’elle pour lui présenter
ses hommages.
    Le procureur, que Mathilde dominait d’une bonne tête, en resta
tout interdit, ne sachant ce qui lui valait cet accueil hostile et
se retrouvant, bien malgré, lui le centre d’intérêt du foyer tant
l’apostrophe sonore avait attiré l’attention en ce lieu de parfaite
bienséance.
    – Quel affreux crime ai-je donc commis ? demanda-t-il,
revenu de sa surprise et s’efforçant de prendre un air dégagé comme
s’il ne pouvait s’agir que d’une excentricité de la comtesse.
    – Crime, c’est peu dire, répliqua Mme de La Joyette lèvre
pincée. En tout cas, le mot me semble impropre pour qualifier la
relaxe d’une meurtrière avérée. Je vous croyais défenseur de la
société et non point auxiliaire du crime et de l’Anarchie.
    – Madame ! se récria le procureur, comment pouvez-vous
croire que…
    Mais le brouhaha de voix réprobatrices s’élevant fut tel que le
pauvre procureur Dubon, jugeant sagement sa cause perdue d’avance,
s’interrompit et s’inclina devant la comtesse en prenant un air
contrit.
    – La France doit trouver son Mussolini pour mater
l’Anarchie ! s’exclama une

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