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Mathilde - III

Titel: Mathilde - III Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Pecunia
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voix.
    – Elle l’a, monsieur ! répliqua une autre. M. Daudet lui a
fait don de sa personne et les camelots sont ses faisceaux de
combat ! Portons-le au pouvoir et vengeons les martyrs de
l’Action française lâchement assassinés par l’Antifrance !
Vengeons la mort de Marius et de Philippe ! s’exalta
l’homme.
    – La France n’est pas l’Italie ! protesta un général en
grand uniforme, ulcéré que l’on songeât à faire appel à la rue pour
rétablir l’ordre plutôt qu’à l’armée.
    – Mais qu’ont-ils tous à s’énerver ainsi ? s’étonna
Mathilde en prenant à témoin son amie la marquise de Bonnefeuille
qui se tenait à ses côtés.
    – Je crois que vous êtes une révolutionnaire à votre façon, très
chère, remarqua la marquise d’un ton badin.
    – À Dieu ne plaise ! fit Mathilde. J’ai simplement dit à
notre ami ce que j’avais sur le cœur.
    – Serai-je à présent redevenu votre ami ? demanda le
procureur Dubon soulagé de ne plus être le point de mire de ce
Tout-Paris qui commençait de s’écharper verbalement et prêt à
pardonner l’affront public que lui avait infligé la comtesse de La
Joyette dont il connaissait le caractère fantasque, trop heureux de
ne point se retrouver au ban de la bonne société dont il n’était
qu’une pièce rapportée.
    – Auriez-vous cessé de l’être de quelque façon ? s’étonna
en toute bonne foi Mathilde.
    – Non, bien sûr, fit le procureur Dubon en se félicitant de ne
point être marié à une telle femme.
    – Alors, allons souper tous ensemble après le spectacle,
proposa-t-elle à ses amis.
     
     
    Ce samedi 19 janvier 1924, en accueillant le procureur Dubon et
son épouse qui étaient au nombre de ses invités, Mme de La Joyette
ne put s’empêcher de sourire en se remémorant cette soirée à
l’Opéra. Mais elle était sur un tel nuage qu’elle ne cessait de
sourire pour un rien depuis son réveil car c’était son grand jour,
celui de son entrée en littérature et elle avait souhaité que la
réception qu’elle donnait pour l’occasion marquerait les
esprits.
    Certes, M. Daudet ne pouvait y assister, mais Maxime Réal del
Sarte était présent, ainsi que tous ses bons amis et les relations
qu’elle avait jugé séant d’inviter.
    Le buffet était russe, et donc grandiose. Ce qui était follement
exotique avec les serveurs en uniforme de cosaque – leur propre
uniforme puisque, s’ils étaient à présent ouvriers chez Renault,
ils avaient été de farouches cosaques dans une vie antérieure.
    Fort de son nouvel état de restaurateur, le prince Babeskoff
s’était fait un honneur de prendre en main toute l’organisation de
la réception, depuis la préparation du buffet jusqu’à son service
au son d’un orchestre russe, celui de son propre restaurant.
    Mathilde ne pouvait que s’en louer même si elle jugeait que la
présence de deux « cosaques » flanquant la porte d’entrée
de l’hôtel manquait singulièrement de discrétion en attirant une
nuée de gamins et de badauds du quartier. Mais c’était un moindre
mal car elle avait déjà eu un mal fou à dissuader le prince
Babeskoff qu’ils fussent chacun porteur d’une torchère.
    – En France, avec votre fichue démocratie, lui avait-il reproché
de sa voix d’outre-tombe, vous voyez toujours tout petit. Ah !
si vous aviez pu voir nos fêtes chez nous, comtesse !
    Le colonel Rostov était évidemment de la partie et Mathilde
songea un instant à Vassili Rozanov, en chassant immédiatement son
image.
    Son père, le baron Stern, avait accaparé le colonel, mais
celui-ci semblait ailleurs.
    – Il a la nostalgie du pays, avait expliqué le prince Babeskoff
en haussant les épaules.
    – Pauvre colonel, avait dit Mathilde, le plaignant
sincèrement.
    Le comte de la Fallois devisait à la fois avec Marie-Thérèse de
Bonnefeuille et le Dr Jacob, tandis que Miss Sarah, près de la
fenêtre, s’entretenait avec le préfet Mafouin que Mathilde avait
invité avec sa nouvelle épouse.
    Depuis sa visite de l’été, c’était la première fois que Mathilde
revoyait son ancienne amie Héloïse et les circonstances ne se
prêtaient malheureusement pas à une longue conversation même si
elle avait envie de lui demander pourquoi elle avait épousé un tel
homme.
    Son regard croisa celui d’Héloïse qui semblait ne prendre que
très peu d’intérêt à la conversation de son mari avec l’Américaine
et ce fut Héloïse qui vint

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