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Mathilde - III

Titel: Mathilde - III Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Pecunia
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au
pouvoir, loin s’en faut ! » D’ailleurs, les gens de bien
et attachés à l’ordre ne restèrent pas les bras croisés. Mme de La
Joyette, malgré les critiques acerbes de Miss Sarah, prit ses
précautions comme tant d’autres en plaçant une partie de sa fortune
à l’étranger et les catholiques alsaciens ne tardèrent pas à
s’agiter. Même les petits épargnants cessèrent de souscrire aux
bons du Trésor par crainte de l’avenir et d’une bolchevisation de
l’économie.
    Hélas ! toutes ces craintes n’étaient pas infondées à
constater l’effervescence que cette annonce fit naître dans les
basses classes qui, épisodiquement, se prennent à rêver qu’une
société peut être constituée que d’elles-mêmes alors qu’elles sont
totalement ignorantes de la façon dont on gère un patrimoine et une
nation, sans parler de leur propre incapacité à se gérer
elles-mêmes, sinon elles auraient su s’élever socialement et
économiquement depuis longtemps. Mais de beaux parleurs ont
toujours su leur faire miroiter des lendemains qui chantent et les
pauvres, telles des alouettes dont ils ont le peu de cervelle en
commun, s’y laissent prendre avant de devoir déchanter.
    En attendant qu’un M. Mussolini mît de l’ordre dans tout cela et
rassurât les gens de bien de ce côté-ci des Alpes, Mme de La
Joyette dut en mettre dans sa maisonnée en sermonnant la
gouvernante de ses filles et, à toutes fins utiles, en lui posant
un ultimatum.
    – Si je vous surprends encore une fois à chanter
Le Temps
des cerises
devant Augustine et Augusta, lui dit-elle, je me
verrai obligée, bien malgré moi, de me passer de vos services, ma
fille.
    – Mais, madame…
    – Il n’y a pas de mais, ma fille !
    Mme de La Joyette avait cru l’incident clos, mais l’effrontée
osa s’en plaindre à Miss Sarah qui exerçait sur la jeune fille la
plus détestable des influences s’agissant d’un esprit faible et qui
prit, comme Mathilde aurait dû s’y attendre, fait et cause pour
celle qu’elle considérait comme sa petite protégée arguant que
c’était Pierre qui le lui avait appris.
    – Et qui le lui a appris, s’il vous plaît ! demanda-t-elle
alors à l’Américaine en le prenant de haut pour en imposer, lèvre
pincée et prête à se battre pied à pied.
    – Moi-même, ma chère. Pour honorer la mémoire de son grand-père,
Charles-Louis de La Joyette, le « partageux », comme vous
dites, qui fit, ne vous en déplaise, le coup de feu sur les
barricades de la Commune.
    – Au point où vous en êtes, lui rétorqua-t-elle, apprenez-lui
L’Internationale
 !
    – Mais il en connaît les paroles, rassurez-vous ! De même
qu’il connaît
La Marseillaise
et
Le Chant du
départ
qui, il me semble, ne sont point au nombre des chants
que vous jugez séditieux. Pourtant
La Marseillaise
a été
et est chantée par tous les peuples qui aspirent à la liberté et
Le Chant du départ
ne dit-il pas : « Tyrans,
descendez au cercueil, la République nous appelle » ?
    – Vous n’êtes qu’une bolcheviste !
    – Anarchiste, je préfère, s’il vous plaît.
    – Anarchiste ou bolcheviste, c’est du pareil au même ! lui
avait-elle jeté rageusement. Et, s’il ne tenait qu’à moi…
    – Hélas ! dit cette négresse mal embouchée et à la tête
folle, sauf en affaires, elle devait au moins lui reconnaître cette
qualité. Trois fois hélas, répéta-t-elle en la narguant, il y a la
clause du contrat établi par Charles-Louis de La Joyette qui
stipule que je ne puis être jetée dehors. Clause, ma foi, fort
judicieuse.
    – Me jugez-vous mesquine au point…, commença-t-elle, mais elle
dut malheureusement s’interrompre car Louison lui annonça que le
préfet Mafouin et son épouse étaient arrivés.
    Mme de La Joyette en oublia tout aussitôt sa querelle avec Sarah
Dufort car elle était fort intriguée que le préfet, par
l’intermédiaire de sa femme, eût souhaité être reçu en particulier,
quoiqu’elle n’aimât guère se retrouver en tête à tête avec ce
personnage louvoyant entre mille intrigues à en croire les rumeurs
qui circulaient sur son compte depuis le suicide du malheureux
Philippe Daudet, et ne disait-on pas également qu’il était devenu
le protecteur du duo que formaient de nouveau le baron Octave
Duplay et Marius Paupoil, ces deux sinistres personnages dont il
était à présent avéré qu’ils avaient été complices dans
l’escroquerie dont avaient été

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