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Mathilde - III

Titel: Mathilde - III Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Pecunia
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tirer d’embarras.
    – Mais, princesse, vous êtes présentement en train de lui
parler. Rebecca Mauclair est le charmant nom de plume que s’est
choisi notre hôtesse. D’ailleurs, ajouta-t-il en se tournant vers
celle-ci, j’aimerais, si vous me le permettez et si vous m’en
estimez digne, porter un toast pour conclure cette soirée.
    Maxime Real del Sarte eut le plus grand mal à attirer
l’attention et, sans l’aide du prince Babeskoff dont la voix
pouvait prendre des sonorités de tocsin, peut-être n’y serait-il
pas parvenu. Toujours est-il qu’il fit un bref discours fort
élogieux en prenant la précaution de préciser que Rebecca Mauclair
et la comtesse Mathilde de La Joyette n’était qu’une seule et même
personne, ce qui ne fut pas superflu car de nombreuses exclamations
de surprise révélèrent qu’un certain nombre des présents
l’ignoraient tout autant que le prince et la princesse d’Heubeux
quoique le carton d’invitation fût en la matière fort
explicite.
    Hélas ! à la fin du toast, les invités qui avaient tous un
nouveau verre à la main crurent bon d’imiter le colonel Rostov et
ses camarades qui, en poussant des « hourrahs » sonores
et retentissant, brisèrent leur verre en cristal de Baccarat à la
mode russe, au grand regret de Mme de La Joyette qui, sous les
regards attentifs de l’assistance dont elle était le point de mire,
hésita à jeter à terre celui que lui avait tendu le capitaine
Markov, attendant au garde-à-vous que l’hôtesse eût commis cet acte
sacrificiel des plus dispendieux mais nécessaire à la réussite
d’une soirée slave.
    Tout en remerciant ses invités d’avoir honoré de leur présence
sa réception, Mme de La Joyette se promit dorénavant de n’organiser
que des buffets traditionnels, mais, curieusement, ce rituel
barbare se manifesta dans les rêves qu’elle fit cette nuit-là.
    Dans une rue inondée de Paris lors de la crue de 1910 telle que
l’on voyait sur les photographies-cartes postales de l’époque, sur
une barque à fond plat se tenaient debout face à face son mari et
le commandant Henry Raillard qui se jetaient rageusement à la face
des verres de cristal, faisant tanguer dangereusement la frêle
embarcation au risque de la faire chavirer ou de tomber à l’eau en
perdant l’équilibre. Ce qui d’ailleurs finit par advenir, son mari
tombant à l’eau sous les éclats de rire sardoniques du commandant
Raillard. Puis, plus étrangement encore, sans qu’elle en éprouvât
un quelconque effroi, elle vit son mari couler à pic et, l’instant
d’après, surgir un autre homme sur la barque. Le capitaine Marchal,
affublé de son horrible masque de cuir, défiant le commandant
Raillard à l’épée.
    Au réveil, elle n’avait plus aucun souvenir du sort de ce duel
improbable, mais elle se demanda longuement pourquoi le commandant
Raillard venait occuper de cette manière singulière ses rêves alors
qu’elle ne pensait guère, sinon jamais à lui, dans la vie courante,
si ce n’était lors de la formalité des vœux de nouvelle année.
     
     
    11
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    En janvier 1924, les craintes des Parisiens quant à une crue de
la Seine identique à celle de 1910 se révélèrent vaines bien qu’ils
eussent, pour ceux qui durent la subir, présents à l’esprit les
douloureux souvenirs de la « semaine terrible » du 21 au
28 janvier de cette année-là. Toutefois, le monde de Mme de La
Joyette eût préféré revivre une telle épreuve plutôt que de voir ce
mois de janvier 1924 se clore par une nouvelle terrifiante. En
effet, le jeudi 31 janvier, les radicaux et les socialistes
s’unirent dans le Cartel des gauches qui manifestait sa haine de la
religion en souhaitant mettre fin au Concordat en Alsace-Lorraine
et rompre diplomatiquement avec le Vatican, celle de l’ordre en
prononçant l’amnistie des grévistes et de Marty, l’un des plus
enragés mutins de la mer Noire. Non contents de cela, ces messieurs
voulaient proclamer la journée de huit heures – et pourquoi pas la
semaine des trente-cinq heures ou des trente heures ! –,
généraliser les assurances sociales et rendre gratuit
l’enseignement secondaire et, nec plus ultra, ils formulaient un
projet d’impôt sur le capital. Bref, le règne de l’anarchie et la
destruction de la propriété ! Mais, comme le disaient le baron
Stern de Villiers ainsi que tout son
entourage : « Les rouges n’étaient pas encore

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