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Même les oiseaux se sont tus

Titel: Même les oiseaux se sont tus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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l’escalier. Jan haussa les épaules, rangea son violon et son archet, sachant fort bien qu’Élisabeth consacrerait son après-midi de congé à Étienne. Élisabeth lui avait enfin appris qu’Étienne n’était ni professeur ni étudiant, mais annonceur à la station radiophonique CKSB. Jan n’en avait pas été étonné, reconnaissant qu’Étienne avait une voix exceptionnelle. Il s’étira et se leva, regardant les vieux appareils médicaux dont le médecin avait orné les murs et quelques étagères. Il allait retrouver sa sœur et Étienne lorsqu’ils descendirent.
    – Il faut que nous répétions encore. Il ne nous reste même pas une semaine avant le mariage. Étienne va nous écouter, si tu n’as pas d’objection.
    Jan ne reconnaissait plus sa sœur. La triste Élisabeth s’était évanouie dans le reflet des mirages pour laisser place à un merveilleux professeur de musique. Jan voyait bien que sa sœur était une jolie et charmante jeune fille qui ressemblait de plus en plus aux souvenirs qu’il avait de sa mère. Il sortit son violon et ils recommencèrent à jouer les pièces sélectionnées pour toute la messe. Étienne n’avait d’yeux que pour Élisabeth qui, Jan le voyait bien, lui faisait des œillades langoureuses. Jan avait souffert de penser que jamais elle n’avait manifesté autant d’amour pour Marek, mais, en y réfléchissant, il avait compris qu’elle n’avait pas manqué d’amour mais de force, qu’elle avait dûsouffler et souffler sans jamais parvenir à attiser le feu de sa passion.
    Jerzy et Anna frappèrent à la dernière porte. On leur ouvrit et ils tendirent une invitation pour les noces.
    – Nous savons que nous vous prévenons à la dernière minute, mais l’année de deuil n’étant pas écoulée, nous voulons faire les choses le plus sobrement possible.
    – Entrez.
    Jerzy regarda Anna d’un air piteux. Depuis le matin, depuis la fin de la messe, il avait été invité à boire partout où ils s’étaient arrêtés pour porter une invitation. Anna le retint par le bras pour l’aider à se tenir debout.
    – Si tu acceptes un autre verre, Jerzy, je te laisse tomber.
    – Tu me quittes…
    – Non, je te laisse tomber par terre. Tant pis pour toi. Encore un verre et, ma foi, tu marcheras droit.
    Jerzy commença à rire à s’en tordre, imité par Anna que l’alcool avait quand même un peu égayée.
    – Je vous offre une vodka?
    – Non, merci. Nous devons rentrer, mais nous espérons que vous serez avec nous samedi.
    – Pas si vous ne prenez pas un petit verre.
    Anna et Jerzy se regardèrent, découragés. Jerzy supplia Anna de ne pas l’échapper. Ils revinrent à la maison en chancelant, véritables partenaires de beuverie. La mère d’Anna les gronda pour la forme et leur ordonna de dormir, le temps qu’ils éliminent les vapeurs d’alcool.
    – C’est une bonne chose que vous ayez bu aujourd’hui. Vous aurez la tête bien rincée et les esprits clairs le jour du mariage.
    Jerzy et Anna montèrent chacun dans leur chambre et Jerzy retrouva un moment de lucidité pour embrasser Anna tout doucement et lui demander d’être patiente parce qu’il la rejoindrait dans six jours. Anna dodelina de la tête et lui prit le menton en lui disant que c’était bien à lui qu’il fallait recommander la patience. Jerzy prit un air faussement offusqué et referma la porte de sa chambre, se collant aussitôt l’oreille contre le mur de celle d’Anna pour entendre chanter le sommier. Il s’allongea et sourit à l’idée qu’Anna, il en était certain, pensait à lui. Il la salua avant de s’endormir lourdement.
    Le lundi n’apparut pas, les nuages et la pluie le cachant à la vue de tous. Jerzy, condamné à rester dans la maison, passa son temps à regarder Anna et sa mère achever de coudre la robe de noces. Anna, pour surprendre Jerzy, s’était fait une robe tout à fait polonaise, couverte d’appliques, de rubans et de broderies. Même son voile serait retenu par une couronne de fleurs dont elle avait harmonisé les teintes avec celles de la robe.
    – Ça te plaît, Jerzy?
    – Beaucoup.
    Anna sourit et continua sa broderie. Cigarette aux lèvres, Jerzy l’observait, plissant les yeux pour bien voir l’ombrage que faisaient les cils sur les joues. Anna n’était pas aussi jolie que Pamela mais il mourait d’envie de la découvrir entièrement, de la connaître dans le moindre repli de son ventre et d’explorer la douceur de ses seins

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