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Même les oiseaux se sont tus

Titel: Même les oiseaux se sont tus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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replets. Il se leva pour boire, la veille lui ayant séché la gorge, et fut étonné d’avoir pensé à Pamela. Depuis qu’il était installé au Canada, Pamelas’était confondue avec ses souvenirs de guerre qu’il avait fortement tenté d’éliminer.
    – Tu as mal quelque part, Jerzy?
    Il sursauta, se demandant ce qu’il avait bien pu faire pour alerter Anna.
    – Non, pourquoi?
    – Parce que tu as l’air inquiet, c’est tout.
    Il lui sourit et monta à sa chambre. Il aurait voulu jouer du violon mais il s’abstint, sachant qu’il en jouerait tant qu’il voudrait le jour des noces. Il se pencha et sortit de sous son lit toutes les caisses de vodka qu’il avait achetées pour la réception. Il avait insisté pour le faire, la famille du marié devant traditionnellement désaltérer les invités alors que celle de la mariée devait les nourrir. Il s’étendit sur le lit, le cœur soudainement accroché au souvenir des visages de Tomasz et Zofia. Si son mariage le réjouissait tant, c’est qu’il lui permettrait d’avoir non seulement une femme exquise pour épouse mais aussi une belle-famille charmante qu’il verrait peu mais toujours avec plaisir. À son grand étonnement, il s’éveilla alors qu’il n’avait pas eu conscience de s’être endormi.
    Le mardi n’eut pas meilleure mine que le lundi, la terre devenant de plus en plus gorgée d’eau. Jerzy mit ses hautes bottes et un imperméable et alla parcourir la totalité de la terre. Il observait l’égouttement de l’eau, prenant note des engorgements, analysant la rapidité d’arrosage. Il s’approcha de la Rouge et la regarda avec méfiance. Il trouvait cette rivière hypocrite, sous son teint brunâtre et son air endormi. Il revint vers la maison la tête remplie de projets d’amélioration. Il voulait faciliter l’égouttement et l’irrigation. Le père d’Anna n’avait jamais voulu s’attaquer à ces problèmes, s’enremettant toujours à la volonté divine. Jerzy, lui, avait l’intention d’intervenir au cas où cette volonté aurait été occupée ailleurs à des choses plus importantes.
    François Villeneuve regarda le calendrier. Le mercredi montrait déjà des signes de faiblesse et le prêtre se demandait s’il devait continuer son jeu ou convoquer Jerzy, Élisabeth et Jan le lendemain afin de leur éviter une syncope. Il ne lui restait que trois jours à attendre avant de se diriger vers Saint-Norbert et de feindre une certaine indifférence en conduisant Jan et Élisabeth au mariage de leur frère. Il les avait entendus jouer le midi même et jamais de sa vie il n’avait pensé que le violon pouvait être aussi beau que l’orgue pour une cérémonie religieuse. Les Pawulscy avaient la musique dans le sang.
    Quelqu’un frappa à la porte du bureau et Villeneuve se retourna pour accueillir Jan.
    – As-tu un problème, Jan?
    – Non, pas un problème. Je suis venu vous aviser que samedi nous allons rentrer immédiatement après la cérémonie.
    – Avec qui?
    – Avec Étienne. Vous n’avez pas d’objection, j’espère?
    Villeneuve tenta de cacher son agacement. Évidemment qu’il s’objectait. Jan et Élisabeth, à son avis, ne voudraient pas rentrer avant le lendemain des noces. Élisabeth ne pouvait s’encombrer d’un soupirant, surtout pas pour cette journée.
    – Qu’est-ce qui vous presse tant?
    – Élisabeth et Étienne ont l’intention d’aller au cinéma avec des amis.
    – Et toi?
    – Je fais partie des amis.
    Villeneuve marcha de long en large, cherchant une solution à ce dilemme.
    – Vous êtes tous les deux des adultes et vous pouvez faire ce que vous voulez. Mais moi, j’ai l’air un peu fou parce que je leur ai dit, pas promis mais dit, que vous pourriez probablement assister à la réception et peut-être y jouer encore.
    Ce fut au tour de Jan d’avoir l’air déçu. Il n’était pas allé au cinéma depuis près de dix ans. La dernière fois qu’il avait vu un film, c’était à Cracovie.
    – Pourquoi est-ce que vous ne nous en avez pas parlé avant?
    – Parce que je n’ai jamais pensé que vous choisiriez le même jour pour faire une sortie.
    Jan sentit une colère commencer à lui bouillonner dans le ventre.
    – Voilà bientôt trois semaines que nous sommes enfermés tous les jours pour répéter et vous n’avez pas pensé qu’on pourrait avoir envie de faire une sortie après le mariage…!
    Jan se sentit soudainement prisonnier de sa gratitude. Élisabeth lui

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