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Même les oiseaux se sont tus

Titel: Même les oiseaux se sont tus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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Jan avaient été invités par M. Favreau. Le docteur Boisvert freina lentement et s’immobilisa le long du trottoir près de la rue Gilford. Élisabeth le remercia de sa gentillesse.
    – Si on se rejoignait dans le hall de la salle du Plateau à sept heures et demie, ça vous irait?
    Élisabeth voulut dire oui mais se rendit compte qu’il n’avait pas précisé la journée.
    – Quand?
    – Mais… demain soir.
    Elle se mordit les lèvres. Elle était dans l’impossibilité de le rencontrer le lendemain, la leçon de Florence ayant priorité.
    – Je suis désolée, mais je ne peux jamais sortir les soirs de semaine. Je donne mes cours.
    Boisvert éclata de rire, précisant qu’il ne pouvait jamais sortir les fins de semaine, étant de garde soit à l’hôpital, soit chez lui. Élisabeth cacha sa légère déception. Elle lui demanda donc s’il recevait des patients à domicile, ce qu’elle savait très bien depuis l’opération de Jan.
    – Pas à mon domicile, je n’y habite plus, mais j’ai conservé mon bureau au sous-sol.
    – J’ai habité chez un médecin à Saint-Boniface et c’est dans la salle d’attente que je donnais mes cours, le samedi matin.
    – Moi, je reçois de six heures à huit heures, lundi, mardi et mercredi.
    Élisabeth ouvrit la portière, vit que la pluie avait diminué d’intensité, le remercia et le salua avant de refermer tout doucement et de s’engager dans la rue Gilford en se demandant pour quelle raison il ne démarrait pas.
    La salle à manger était très occupée et Élisabeth n’avait pas une seconde de répit, cherchant tantôt une place pour une dame effacée et timide, tantôt trois places pour des femmes rondelettes et ricaneuses. Occasionnellement, un homme, accompagnant son épouse, entrait dans la salle, escorté d’un silence poli jusqu’à ce qu’il s’assoie. Élisabeth ne détestait pas son travail, mais elle s’impatientait parfois en pensant aux heures qu’elle aurait pu consacrer à Florence et à d’autres élèves. Quand le docteur Boisvert arriva dans la salle à manger, elle avait le dos tourné et seul un discret et curieux silence l’informa qu’un homme était entré. Elle conduisit deux clientes, posa les menus sur la table et revint vers la porte. Lorsqu’elle l’aperçut, elle sentit son cœur échapper un battement mais tenta quand même de se diriger vers lui en souriant, se disant une fois de plus qu’il était un homme fort attirant. Manquant de places, elle dut lui demander d’attendre quelques minutes. Il accepta de bon gré ce léger contretemps. Quant à Élisabeth, tout en trouvant agréable de le revoir, elle se donnait une contenance en surveillant plus qu’attentivement sa clientèle.
    – J’ai un petit quelque chose pour vous.
    – Pour moi?
    Boisvert dégagea le manteau plié sur son avant-bras et découvrit un parapluie, bien accroché à son poignet. Élisabeth eut un petit ricanement gêné tout en trouvant le parapluie fort amusant avec sa poignée sculptée en tête de cygne. Elle ne savait cependant comment l’accepter, ayant rarement été l’objet d’une attention aussi charmante. Elle remercia quand même le médecin avec le plus d’enthousiasme possible et se dirigea vers la patère pour y suspendre le parapluie et le recouvrir du manteau. Une table se libéra finalement et elle invita Boisvert à la suivre, craignant que ses chevilles ne se foulent d’intimidation tant elle sentait son dos brûler sous le regard vert du jeune médecin. Pendant le repas, elle se surprit à le dévisager, sursautant de malaise si leurs regards se croisaient. Il lui fit signe de s’approcher. Elle obtempéra en prenant d’abord le temps de remercier des clientes qui sortaient et d’en escorter quatre autres qui entraient.
    – Est-ce que vous êtes occupée le jour de Noël?
    Ravie et surprise, Élisabeth ne sut que répondre. Comme elle le faisait au Manitoba, elle avait déjà offert à Florence d’être chez sa grand-mère vers midi, afin d’y donner avec elle un petit récital intime pour la famille.
    – À quelle heure?
    Boisvert lui expliqua qu’il aurait énormément apprécié qu’elle vienne à l’hôpital pour égayer les patients qui ne pourraient sortir pendant les fêtes.
    – C’est que j’ai déjà pris un engagement avec Florence.
    – Amenez-la.
    – Mais Florence est trop jeune pour entrer dans un hôpital.
    – Je m’en occupe. On peut certainement assouplir le règlement… pour

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