Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Même les oiseaux se sont tus

Titel: Même les oiseaux se sont tus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
Vom Netzwerk:
Jerzy pour lui dire sa joie d’avoir appris qu’il aurait un nouvel enfant. Élisabeth avait maintes fois tenté de convaincre Michelle d’intervenir mais Michelle lui avait dit ne pas vouloir se mêler de leurs histoires de famille.
    – Je ne te demande pas de te mêler des histoires de notre famille, Michelle, je voudrais que tu répètes à Jan ce que tu m’as dit.
    Michelle avait esquissé un sourire de désolation, faisant comprendre qu’elle préférait attendre que Jan lui-même fasse les avances.
    – Je ne comprends pas. Je n’ai pas hésité, avec
M. Favreau, à venir au secours de Jan pour amollir la résistance de tes parents. Pourquoi est-ce que tu ne fais pas la même chose? Tu m’as dit que tu avais terriblement hâte de rencontrer Jerzy, Anna et Stanislas.
    – C’est vrai.
    – Qu’est-ce qui est vrai? Que tu as hâte de les voir ou que tu me l’as dit?
    – Tout ce que tu as dit est vrai.
    Élisabeth l’avait suppliée de répéter ces propos à Jan, mais Michelle répondait toujours qu’elle le ferait «en temps et lieu».
    – Le lieu, c’est ici. Le temps, c’est maintenant. Jerzy va avoir un autre bébé, Michelle.
    Élisabeth s’entendait peut-être un peu trop bien avec Michelle qu’elle considérait presque comme une sœur.
    – Je connais mon frère, Michelle. Il est trop entêté et trop généreux…
    – Je le connais aussi.
    – Oui, mais pas autant que moi.
    – Peut-être. Je le connais différemment, c’est tout.
    Élisabeth avait voulu poursuivre son plaidoyer mais avait aperçu Jan, qui était entré sans bruit et avait apparemment entendu toute la conversation.
    – Élisabeth! Je ne veux pas que tu parles à Michelle comme tu viens de le faire. Michelle a droit à ses idées.
    – Justement, Jan, ce ne sont pas ses idées, ce sont les tiennes.
    Michelle avait refoulé un hoquet de sanglots, soupçonnant un léger mépris dans la réplique de sa belle-sœur. Jan avait regardé Élisabeth d’un air furieuxet avait profité de l’instant pour lui annoncer sans douceur que si Michelle et lui se réjouissaient du fait que Jerzy aurait un autre enfant en février, ils étaient davantage émus par l’annonce de l’arrivée prochaine de leur enfant, au mois de mai. Les sanglots de Michelle avaient redoublé et elle était partie s’isoler dans sa chambre. Malgré la déconfiture d’Élisabeth, Jan l’avait tenue responsable du chagrin de sa femme.
    – Je suis désolé de t’avoir appris la nouvelle aussi crûment, Élisabeth.
    – Si ma mémoire est bonne, Jerzy ne t’a pas annoncé la grossesse d’Anna avec plus de délicatesse.
    – Tu parles tellement de Jerzy et d’Anna que ça en devient épuisant.
    – Comment peux-tu dire ça, Jan?
    – Parce que c’est vrai. J’imagine que tu vas écrire à Jerzy pour lui demander de m’expédier une lettre pour me féliciter.
    – Non, Jan. Je vais faire mieux que ça.
    Élisabeth s’était dirigée vers l’appareil téléphonique, avait demandé l’assistance de la standardiste et avait senti ses tempes éclater en entendant la sonnerie qui résonnait dans le salon de Saint-Norbert. La voix de Jerzy la frappa directement au cœur.
    – Jerzy? Bonjour, c’est Élisabeth… À Montréal… Attends un instant, veux-tu?
    Elle avait tendu le récepteur à Jan qui avait secoué la tête doucement pour protester. Elle avait eu un signe d’impatience en refaisant son geste avec plus d’insistance. Jan s’était approché d’elle, soupirant lourdement, avait pris le récepteur et l’avait posé sur son oreille. Élisabeth avait fait une prière silencieuse.
    – La ligne a été coupée, Élisabeth.
    Jan avait lentement raccroché.
    Élisabeth regarda sa montre. La salle à manger s’était presque vidée et elle avait hâte d’aller prendre l’air. Elle remerciait toutes les clientes qui sortaient, remarquant que la plupart, bouche close, utilisaient leur langue pour se fouiller les molaires et en retirer un aliment coincé, ou y allaient discrètement de l’ongle du petit doigt si le morceau était sur les incisives, les canines ou les prémolaires. La salle à manger ferma enfin et Élisabeth enfila un manteau avant de se diriger vers le rayon de la musique pour s’y procurer des partitions qu’elle roula et enfouit dans un fourre-tout. Elle descendit ensuite par l’escalier mécanique, s’arrêta au passage pour jeter un coup d’œil aux vêtements pour enfants, eut un pincement de tristesse et se

Weitere Kostenlose Bücher