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Même les oiseaux se sont tus

Titel: Même les oiseaux se sont tus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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seul commentaire sur leurs allées et venues. Tomasz se méfiait toujours de lui alors que Zofia avait plutôt tendance à lui faire confiance. Jan se tenait à distance alors qu’Élisabeth acceptait de l’entendre lui parler de l’Allemagne, plus particulièrement de sa Bavière natale. Quant à Adam, il était devenu le petit ami de M. Schneider qui lui apportait des friandises et parfois un crayon de couleur rouge. Adam l’adorait et Schneider ne semblait pas se lasser de cette admiration. Tomasz en prenait parfois ombrage mais Zofia tentait de l’éclairer en lui rappelant qu’il était préférable pour leur fils de grandir dans un climat de fragile sérénité plutôt que de le faire dans la peur. Tomasz concédait à contrecœur qu’elle avait probablement raison. Zofia était revenue s’asseoir devant un Porowski incapable d’avaler.
    – J’ai vu un colis dans sa chambre. Il ne l’avait pas encore déballé.
    Zofia avait lancé sa nouvelle sans s’en formaliser. Seul Porowski avait réagi.
    – Vous m’excuserez, mes amis, mais j’ai l’impression qu’on me tient la nuque en joue.
    – On s’habitue.
    Jan avait répondu tout en mordant avec joie dans les premières pousses de laitue fraîche que M. Porowski leur avait apportées. Tomasz regarda l’heure et fit signe qu’il leur fallait accélérer. Les Pawulscy s’étaient habitués à ce second langage. Leurs bouches parlaient de tout et de rien pendant que leurs corps faisaient comprendre d’autres propos.
    – Nous faisons du violon tous les deux soirs depuis qu’il est arrivé.
    – Un soir sur deux?
    Porowski venait enfin de retomber dans la réalité et il était impressionné.
    – Vous allez devenir de grands artistes.
    Il regardait Jan et Élisabeth.
    – Mais ils le sont déjà. Le mois dernier, j’ai dit à Élisabeth qu’elle devrait vous jouer quelques morceaux. Vous allez entendre et voir qu’elle a tout ce qu’il faut pour être professeur.
    Porowski tenta de sourire mais il savait fort bien qu’elle ne pourrait pas enseigner si elle n’avait pas ses diplômes. Il lui fallait la reconnaissance écrite de ses capacités et de son talent.
    – J’espère ne pas vous avoir inquiétés en ne venant pas pendant plus de cinq mois.
    – Nous avons été terriblement inquiets.
    – C’est que ma santé commence à me penser vieux. C’est aussi parce que la surveillance des gares s’est accrue. J’ai vu deux ou trois arrestations quand j’aiessayé de venir en février, en mars et en avril. Les Allemands tirent non pas sur le gibier mais sur ceux qui en transportent.
    Il s’interrompit net, conscient qu’il avait trop parlé. Tomasz se leva et se dirigea vers la porte pour écouter. Il l’ouvrit et la referma.
    – Il est dans sa chambre.
    Porowski respira profondément. Adam mâchouillait sans problèmes pendant que Jan dodelinait de la tête. Ce jeu de cache-cache l’irritait.
    – Je ne suis pas certain de pouvoir venir aussi souvent que l’an dernier. C’est dommage, parce que j’ai semé davantage que les autres années...
    – Avez-vous planté les pommes de terre?
    – Oui, et j’ai pensé à vous, surtout à Jerzy, à chaque morceau.
    Élisabeth sourit tristement et se dirigea vers la chambre de M. Schneider. Elle en revint toute rose et Zofia, l’espace d’une seconde, crut que Schneider avait cessé d’être poli. Elle se durcit aussitôt et lui demanda s’il avait fait quelque chose pour l’incommoder.
    – C’est incroyable! Il a déballé son colis. Voulez-vous savoir ce qu’il y avait dedans?
    Zofia se calma devant le sourire de sa fille.
    – Quoi?
    – Une flûte! Avant la guerre, M. Schneider était flûtiste. J’ai certainement mal compris mais je pense qu’il a dit avoir déjà joué à quelques reprises avec l’orchestre symphonique de Munich.
    Toutes les bouches, même celles qui étaient pleines, s’ouvrirent d’étonnement. Zofia fut la première à réagir.
    – Mon Dieu! Tous les soirs, il est venu entendre des amateurs...
    – Voyons, Zofia! Vous êtes aussi professionnelle que lui.
    L’onde de choc passée, ils s’empressèrent de terminer le repas, rangèrent la cuisine et passèrent au salon. Pour célébrer le retour de Porowski, Zofia lui tendit le violon de Jerzy et le pria de se joindre à eux. Porowski avoua se sentir incapable de jouer tant ses mains tremblaient. Il chuchota à l’oreille de Zofia qu’il ne pourrait jamais distraire un Allemand.
    – Cet homme

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