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Même les oiseaux se sont tus

Titel: Même les oiseaux se sont tus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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le violon de Jerzy, celui qu’utilisait M. Porowski, pour en jouer pendant une partie de la journée. Adam, lui, ne cessa de poser des questions et, voyant qu’elles demeuraient sans réponses, alla se réfugier chez M me Grabska, qui lui servit, plaisir suprême, tout un verre de lait. Avant le souper, ils se réunirent tous à Notre-Dame pour y réciter une prière.
    Schneider revint très tôt le matin du 20 décembre. Sans regarder ses hôtes, il pénétra dans sa chambre. Tomasz et sa famille entendirent couler l’eau de la baignoire et s’interrogèrent du regard. Adam tenta d’aller frapper à la porte mais sa mère le retint. Schneider sortit enfin, propre et presque souriant, un colis sous le bras.
    – Si vous n’avez pas d’objection,
Frau
, avant de partir pour le travail, j’aurais un petit quelque chose pour Adam. Il me le demande depuis longtemps et j’ai réussi à me le procurer.
    Zofia et Tomasz eurent un mouvement de recul. Accepter un présent ne signifiait-il pas que l’on fraternisait avec l’ennemi? Remercier un des assassins de Porowski? Jan préféra se retirer dans sa chambre. Quant à Élisabeth, elle s’isola dans la cuisine et commença à agiter les casseroles. Schneider remit alors le colis à Adam qui s’empressa d’en déchirer l’emballage sommaire. Le paquet contenait un tout petit uniforme allemand sur lequel rien ne manquait, ni les médailles ni les rubans. Adam jubila. Tomasz et Zofia, bouche bée, étaient en état de choc.
    – Jamais, Adam. Remets ça à M. Schneider.
    Tomasz arracha l’uniforme des mains de son fils qui se mit à percer l’air de son immense déception. Il n’en fallut pas plus pour que Jan et Élisabeth accourent. Schneider semblait terriblement agacé. Il tendit la main pour reprendre le présent mais Adam hurla encore plus.
    – Cesse de crier, mon chéri. Il faut que tu apprennes à devenir un homme pour remplacer Jerzy.
    Adam hoquetait tant qu’il n’avait presque plus de souffle pour répondre à sa mère.
    – Je ne crie pas, je fais des vocalises.
    Élisabeth rougit jusqu’à la racine des cheveux tandis que Tomasz, Zofia et Schneider se regardèrent, étonnés. Adam en profita pour arracher l’uniforme des mains de son père et s’enferma dans la salle de bains.
    – Je suis désolé, mais il faut vous dire qu’il m’avait demandé un uniforme polonais. Je n’ai pu lui enprocurer un. Il m’avait dit qu’en désespoir de cause il prendrait un uniforme allemand.
    Schneider alla frapper à la porte de la salle de bains, demandant à Adam de lui rendre son présent.
    – Non!
    – Je vais essayer de vous en trouver un autre. Un uniforme de l’armée polonaise. Peut-être que je n’ai pas assez cherché.
    – Non!
    Adam était si déterminé que Zofia céda.
    – Je ne vous aime pas,
Herr
Schneider, encore moins maintenant que je sais ce qui a été fait à M. Porowski, mais j’apprécie quand même le respect que vous avez pour mon fils. Pour aujourd’hui et aujourd’hui seulement, je lui permets de le porter. Uniquement dans la maison, il va sans dire.
    Schneider était sans voix. Qu’était-il arrivé à M. Porowski, ce si grand musicien?
    – Qu’est-ce qu’on lui a fait, à
Meister
Porowski?
    – Vous l’avez assassiné. Il y a dix jours.
    Schneider fut si ébranlé qu’il dut s’asseoir. Zofia se dirigea vers la porte et permit à Adam de sortir de la salle de bains, habillé de l’uniforme, s’il le voulait. Adam mit cinq bonnes minutes à obtempérer. Ils entendirent tous le loquet glisser et Adam pénétra lentement dans le salon. Il avait l’air timide de se voir en pareille tenue. Tomasz et Zofia firent un effort plus que louable pour sourire tandis qu’Élisabeth éclata de rire.
    – Fais une photographie de moi avec
Herr
Schneider, Jan.
    Jan, l’air renfrogné, interrogea ses parents du regard, mais, voyant le plaisir qu’ils avaient à regarder la joie d’Adam, il accepta. Schneider fut on ne peutplus touché, malgré le visible agacement de Tomasz. Un cliché des deux «Allemands» fut pris rapidement et Schneider les remercia tous. Adam se dévêtit et alla lui-même rendre l’uniforme.
    – C’était un beau cadeau,
Herr
Schneider.
    – Vous pouvez le conserver si vous promettez de ne plus jamais le porter.
    – Je peux?
    – Seulement si vos parents sont d’accord.
    Zofia et Tomasz lui donnèrent la permission à la condition que l’uniforme soit caché au fond de la cour et qu’ils ne

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