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Même les oiseaux se sont tus

Titel: Même les oiseaux se sont tus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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Adam a tout dit, Tomasz.
    – J’y ai repensé, Zofia. Adam n’a rien dit que Schneider ne savait pas. C’est bien connu que je suis un professeur d’histoire. J’ai fait de la prison pour ça et j’ai été embauché par les Allemands pour ça.
    Ils passèrent la nuit à spéculer. Le matin n’arriva pas à dissiper la fatigue de leurs visages. Zofia accusait dangereusement ses quarante-quatre ans tandis que Tomasz semblait tutoyer la soixantaine, lui qui avait eu cinquante-quatre ans en décembre.
    Schneider entra dans la cuisine et fut étonné de voir toute la famille.
    – Mais qu’est-ce que vous faites ici,
Frau
Pawulska?
    – Le repas.
    – Je pensais que nous étions convenus que vous alliez à la campagne.
    Zofia fronça les sourcils. Schneider, agacé, ressortit et elle lui apporta son plateau. Adam se tenait près de la porte de Schneider, épiant ses moindres mouvements.
    – Adam, bon Dieu, veux-tu le laisser en paix deux minutes.
    Tomasz s’était impatienté et Adam, reconnaissant l’imminence d’une correction, courut rapidement vers la cuisine pour manger avec les autres. Zofia revint de la chambre.
    – Il a mauvaise mine.
    – Pas étonnant, il n’a pas dormi de la nuit.
    Tomasz se tut et repassa en esprit tout ce que Schneider leur avait dit. S’il leur avait demandé de quitter Cracovie, se pouvait-il que les Allemands se soient préparés à l’évacuer et à la bombarder? Tomasz avait cessé de manger et il repensait aux grandes défaites de l’histoire. Un dénominateur commun: les armées battues saccageaient tout sur leur passage, ne voulant rien laisser derrière elles, et bombardaient les villes intactes. Il bondit de sa chaise au grand étonnement de Zofia et se dirigea vers la chambre de Schneider. Il frappa à la porte, entra sans en être prié et referma derrière lui. Schneider semblait l’attendre.
    – Je crois avoir compris, Schneider. L’histoire est un excellent professeur. Est-ce pour aujourd’hui?
    Les regards des deux hommes se soudèrent. C’était la troisième fois qu’ils avaient un tel tête-à-tête. Schneider, finalement, décrocha et soupira avant de regarder le plancher. Il fit un signe d’assentiment et d’impuissance. Il s’approcha même de Tomasz pour lui faire l’accolade. Tomasz pensa qu’il y avait peut-être une parcelle de bonté dans cet homme. Il le remercia et rejoignit sa famille.
    – Vite, nous devons avoir vidé les lieux dans cinq minutes. Les enfants, partez devant. Si nous ne réussissons pas à prendre le même train, rendez-vous à Wezerow, à la ferme des Porowscy.
    – Je préférerais que nous emmenions Adam avec nous, Tomasz.
    – Je ne sais pas…
    Schneider vint les retrouver et leur demanda nerveusement de se presser. Zofia courut à la cuisine prendre tout ce qui restait de nourriture, qu’elle fourra dansun couffin pendant que Tomasz empaquetait des vêtements sous les yeux étonnés des enfants, leur répétant, telle une litanie, l’itinéraire qu’ils devaient suivre.
    – Jan, je te confie ta sœur et ton frère.
    – Je ne veux pas! Je veux rester avec toi et maman.
    – Adam, ce n’est pas le moment de faire des caprices. Tu pars avec ton frère et ta sœur.
    Zofia les rejoignit dans le salon.
    – Mais qu’est-ce qui se passe, papa? Si je ne vais pas travailler, les Allemands vont…
    – Fais-moi confiance. Les Allemands ne verront pas que tu n’es pas là.
    Schneider arriva derrière Zofia.
    –
Schnell!
    Ils se figèrent tous devant son expression et son air si allemand. Tomasz hésita une fraction de seconde. Était-ce prudent de laisser partir ses enfants seuls?
    –
Schnell!
Vite!
    Jan, Élisabeth et Adam sortirent de la maison, adoptant leur «pas de résistance», à savoir un pas modéré et désinvolte.
    Schneider partit quelques minutes plus tard pour le Wawel. Seul Adam traînait de la patte, n’aimant pas marcher avec son frère qui avançait beaucoup trop rapidement.
    – Je veux retourner et attendre papa et maman.
    – Pas question.
    Ils accélérèrent, au grand désespoir d’Adam qui commença à rouspéter et à freiner.
    – Adam, s’il te plaît…
    – Non. Je veux être avec maman.
    Il commença à pleurnicher franchement. Jan et Élisabeth s’arrêtèrent. Élisabeth se pencha et lui parla très sèchement.
    – Adam, tu dois venir avec nous. Ni Jan ni moi ne savons pourquoi, mais nous devons nous rendre à la campagne. C’est ce que veulent papa et maman, et peut-être

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