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Même les oiseaux se sont tus

Titel: Même les oiseaux se sont tus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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regardant sa mère. Il appuya par mégarde sur le bouton déclencheur.
    – Adam! Rends cet appareil immédiatement!
    Tomasz se dirigeait vers son fils qui alla se réfugier derrière Schneider, au grand désespoir et à la grande honte de toute la famille. Schneider saisit Adam par un bras et le ramena devant lui.
    – Je n’aime pas les jeunes garçons qui n’obéissent pas au commandement de leur supérieur.
    Adam était heurté dans sa fierté. Le bout d’homme déjà bien installé en lui était en révolte. Il détestait être brusqué de la sorte.
    – Mon père n’est pas mon supérieur. Mon père est un professeur! Un professeur d’histoire!
    Schneider regarda Tomasz dans les yeux. Tomasz soutint son regard. Élisabeth, elle, se rapprocha discrètement de sa mère pendant que Jan faisait des efforts pour ne pas étrangler son jeune frère. Schneider fit signe à Adam de s’approcher de lui. Il s’accroupit et se plaça à son niveau.
    – Professeur d’histoire, Adam?
    – Oui. Et ma mère, professeur de piano. Mes deux parents sont des professeurs.
    – Ton père n’est plus professeur. Il travaille pour nous.
    – Je sais, mais il est encore professeur.
    Le silence reprit le plancher pendant des secondes qu’Adam regardait passer sans comprendre pourquoi tous les regards, comme des vampires, s’étaient accrochés à sa chevelure et à son cou. Peut-être devait-il expliciter sa pensée.
    – Mon père est un professeur plus sérieux que ma mère.
    – Et pourquoi est-il un professeur plus sérieux, Adam?
    – Parce que ses élèves sont plus vieux.
    Zofia sortit du salon et entra dans sa chambre. Élisabeth la suivit et s’accrocha à elle.
    – C’est fini, Élisabeth. Adam nous a vendus. D’une certaine façon, je suis presque soulagée. Ces cinq années de batailles m’ont complètement épuisée.
    Élisabeth plaça les cheveux ternes et voletants autour du visage de sa mère et l’embrassa.
    – J’imagine qu’on viendra nous chercher demain.
    Élisabeth tremblait de la tête aux pieds.
    – Penses-tu qu’on va nous emmener aussi?
    – Je voudrais dire non, mais je crois que toute la famille va les suivre.
    Élisabeth avait le menton ondulé des efforts qu’elle faisait pour ne pas pleurer. Elle baissa les yeux et sortit rejoindre Jan qui, lui, s’était placé en bouclier devant un Tomasz que la vie venait de dénuder. Schneider avait repris son appareil et était retourné dans sa chambre dont il avait fermé la porte tout doucement.
    – Allez chercher votre mère. Je crois que nous devrions nous recueillir.
    Jan ne voulait pas courber l’échine. Il lui fallait absolument alléger l’atmosphère trop funèbre.
    – Pas tout de suite, papa. Ce n’est pas parce que la guillotine vient de tomber que nous devons perdre la tête.
    Tomasz fut complètement découragé par la remarque de son fils alors qu’Élisabeth éclata d’un rire nerveux et se pressa d’aller chercher sa mère pour lui raconter la plaisanterie de son frère. Zofia se demanda si elle devait rire ou se désoler de leur innocence. Elle rejoignit son mari. Ils se permirent tous les deux de sourire de la réflexion de Jan. Seul Adam, se sentantexclu du clan, bouda. Schneider sortit de nouveau de la chambre, hésita quelques secondes devant leur trouble puis leur tendit l’appareil.
    – Faites les clichés vous-mêmes et conservez la pellicule. Vous ne pouvez pas vous priver de revoir vos rires et vos sourires. Il est si rare que vous puissiez vous distraire.
    Jan tenta de le frapper et Tomasz blêmit au point de s’évanouir. Il craignit que Schneider n’utilise son arme mais celui-ci retint le bras de Jan avec une poigne d’acier.
    – Si vous préférez, je peux les faire moi-même. Vous serez tous les cinq ensemble.
    – Non.
    Schneider disparut de nouveau. Jamais Tomasz n’avait autant détesté un homme. Jamais. Ils récitèrent trois modestes Ave devant l’icône de la Vierge noire et, avant de se quitter pour la nuit, ils s’embrassèrent chaleureusement.
    – Qu’est-ce qui se passe, maman?
    – Nous commençons nos réjouissances de Noël, Adam.
    Zofia prit Adam dans ses bras et l’embrassa en le mordillant pour le faire rire. Tomasz la regardait faire, attendri. Il avait épousé la meilleure femme, qui était devenue la meilleure mère pour leurs enfants.
    – C’est heureux que Jerzy soit déjà parti...
    – Pourquoi dis-tu cela, Tomasz?
    – Tu le sais... C’est heureux que M.

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