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Métronome

Métronome

Titel: Métronome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lorànt Deutsch
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1863 par Napoléon III pour être remplacée par une image plus digne : l’Empereur revêtu de la toge de César. La statue du Napoléon au bicorne, la main dans le gilet, fut d’abord exposée au rond-point de Courbevoie. À la chute du second Empire, ce Napoléon de bronze fut jeté dans la Seine. La statue échappa ainsi aux Prussiens en 1870 et à la Commune en 1871. On repêcha la figure en 1876, et on l’oublia durant trente-cinq ans. En 1911, elle trouva enfin sa place aux Invalides.

XVIII e siècle
BASTILLE
La colère du faubourg
    La station de métro Bastille fait un effort méritoire pour se mettre à l’heure de la Révolution et secouer la nostalgie du Parisien en goguette : une fresque colorée retrace quelques grands moments tricolores et des images anciennes évoquent la forteresse qui se dressait ici jadis. Mais surtout, sur le quai de la ligne n o  5, on voit apparaître des pierres jaunâtres… ce sont les fondations d’un mur de la Bastille ! Elles ont été mises au jour en 1905, au moment où était creusé le tunnel du métropolitain. Et puis, en passant par la bouche de métro qui fait l’angle avec le boulevard Bourdon, on aperçoit un autre morceau du mur de la forteresse.
    Heureusement qu’il nous reste ces modestes vestiges, parce qu’une fois gravies les marches qui mènent en surface, on ne retrouve rien de la grande Révolution. Aujourd’hui, la Bastille, c’est un opéra ! Ce lourd bunker de verre et de dalles, qui a vieilli prématurément, domine la place de sa masse fatiguée. Construit pour fêter le bicentenaire de la prise de la Bastille, il s’effrite et n’aura sans doute même pas besoin d’une révolution pour disparaître de lui-même.
    Afin de dénicher quelques traces du passé, inutile de chercher du côté de l’opéra ou de se tourner vers le Génie de la Bastille, symbole doré de la liberté figé sur sa colonne verte. Il vaut mieux se placer à l’angle du boulevard Henri IV et de la rue Saint-Antoine et regarder le sol : un pavage brun indique précisément la position de l’ancienne forteresse. Sur la façade de l’immeuble du n o  3 de la place, un plan nous en rappelle la forme massive. Vers la Seine, le port de l’Arsenal évoque le fossé de l’enceinte et certaines de ces vieilles pierres sont des restes de l’édifice militaire. Enfin, au bout du boulevard Henri IV, toujours vers la Seine, la base de la tour de la Liberté – l’une des huit tours de la Bastille – dégagée lors de la construction du métro, a été remontée dans le square Henri Galli.
    Revenons à la Bastille, qui n’a pas attendu 1789 pour catalyser les haines populaires, les oppositions bourgeoises et les ambitions princières contre l’absolutisme royal. On l’a vu, en 1413, les Parisiens s’étaient soulevés et l’avaient déjà prise.
    Plus tard, en 1652, alors que les princes frondaient et tentaient de dérober le pouvoir au jeune Louis XIV, la Bastille faisait une autre apparition dans l’Histoire. Le 2 juillet, le prince de Condé, chef de la révolte aristocratique, marcha sur Paris à la tête de son armée. Dès les premières heures de l’aube, un rude affrontement éclata porte Saint-Antoine. Les troupes du Grand Condé se retrouvèrent confrontées à la puissance de feu de l’infanterie royale, les corps jonchèrent la rue. Partout les mousquets crachaient, des maisons entières brûlaient. Bien vite, les troupes royalistes, les soldats de la Fronde et les bourgeois s’affrontèrent en un chassé-croisé confus. Marie-Louise d’Orléans, la Grande Mademoiselle, cousine du roi, se présenta devant la Bastille, la porte s’ouvrit, on lui rendit les honneurs. Elle gravit l’escalier qui menait aux tours et observa les alentours à l’aide d’une longue-vue.
    Au loin, vers Bagnolet, elle aperçut sous le soleil les uniformes bleu et rouge des armées royales. Elle donna ses ordres, les lourds canons de la Bastille furent tournés vers la campagne et aussitôt crachèrent le feu. L’épouvantable vacarme fit trembler les murs de la citadelle, les créneaux des hautes tours disparurent un moment sous l’âcre fumée, les boulets sifflèrent et s’abattirent sur les divisions royales, fauchant au hasard tout un rang de cavaliers. Les canons de la Bastille tirant sur les hommes du roi firent leur effet : désarçonnés, les maréchaux fidèles à Louis XIV renoncèrent momentanément à l’assaut. Pour un temps, Paris était

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