Métronome
de plus en plus importants à l’ouvrage, surveille l’avancement des travaux. Presque chaque jour, il vient sur le chantier et se désespère, car tout avance avec lenteur. Il faut veiller au moindre détail, reprendre les fresques, aligner une lucarne, corriger des trophées d’armes gravés dans la pierre, ajouter un symbole héraldique…
— Hâtez-vous, si vous voulez que je voie le dôme terminé, murmure le ministre à l’architecte.
Hélas, il meurt en 1691, bien avant l’achèvement définitif de l’édifice.
Que reste-t-il de Louvois aux Invalides ?
Louis XIV est en bonne place sur son cheval à l’entrée de la façade extérieure nord des Invalides, et si son visage a été martelé à la Révolution, il a été parfaitement réparé sous la Restauration.
Mais le marquis de Louvois s’est ingénieusement invité en incrustant son nom, sous forme de rébus, dans la cour d’honneur. Regardez les frontons des toitures composés de trophées d’armes dédiés à la gloire militaire : sur la façade Est, celle de droite quand on tourne le dos à la statue de Napoléon, repérez le sixième fronton en partant de l’Empereur… Le décor de l’œil-de-bœuf représente un loup qui observe la cour d’un regard fixe ! Vous avez compris : « Le loup voit. » Le cher marquis a signé l’œuvre à laquelle il a consacré une grande partie de sa vie.
La construction de cet édifice dure plus de trente ans. Après la disparition de Louvois, le roi en personne s’en occupe. Il lui arrive même de visiter l’hôtel incognito. Il fait alors arrêter son carrosse à l’écart et, accompagné seulement de quelques courtisans, franchit à pied les derniers mètres qui le séparent des lieux. Guidé par Hardouin-Mansart, Sa Majesté vient constater l’effet d’une sculpture ou le déploiement d’une ogive…
Finalement, le dôme le plus haut de Paris n’est terminé qu’en 1706, en un temps où le Roi-Soleil n’est plus qu’un vieillard édenté dont le visage a pris une teinte d’ivoire jauni.
Mais le vœu exprimé jadis par le puissant monarque a perduré : ici s’élève toujours un hôpital pour les soldats, même si le nombre de pensionnaires est passé de six mille à… une centaine ! Ce lieu que le Roi-Soleil a voulu reste le signe visible d’un éclat militaire qui dissimule sous ses ors le sordide et le sinistre de la guerre, la misère et la douleur des hommes sacrifiés pour la grandeur de la nation.
Pourquoi Napoléon aux Invalides ?
Devenu Temple de la Victoire à partir de la Révolution, l’église conserve encore aujourd’hui ce rôle de sanctuaire pour l’armée, ses hommes et leur histoire.
Napoléon eut pour les Invalides un respect tout militaire. Il visita régulièrement les estropiés, organisa entre ces murs les premières cérémonies de remises de la Légion d’honneur ; dota l’hôtel d’un budget important.
En décembre 1840, rapportée de Sainte-Hélène, la dépouille de l’Empereur fut tout naturellement déposée dans l’église des Invalides. Il semble pourtant que le roi Louis-Philippe ait longtemps hésité sur la destination dernière du célèbre tombeau. Après deux ans de tergiversations, Sa Majesté commanda un monument à l’architecte Louis Visconti (auteur aussi de la fontaine Saint-Sulpice). Sous le dôme, on perça une immense excavation. Le corps de l’Empereur ; dans son uniforme vert des chasseurs de la Garde, n’y fut cependant installé qu’en avril 1861, sous le règne de son neveu Napoléon III.
Le tombeau, taillé dans des blocs de porphyre pourpre, pierre des empereurs, placé sur un socle de granit vert des Vosges, est cerné d’une couronne de lauriers et d’inscriptions rappelant les victoires napoléoniennes. Autour de lui, dans la crypte, sont exposés les tombeaux de certains membres de sa famille comme l’Aiglon, ou encore ceux de grands hommes de guerre qui ont servi la France comme Vauban, Turenne, Foch, Juin ou Leclerc.
À l’extérieur de l’église, sur le côté ouest, vous remarquerez peut-être, sous un arbre, une modeste pierre tombale abandonnée, c’est la pierre originelle du tombeau de l’Empereur rapportée de Sainte-Hélène !
Napoléon trône également au premier étage de l’hôtel, bien visible de la cour d’honneur. Commandée par Louis-Philippe en 1833 au sculpteur Charles-Émile Seurre pour être juchée en haut de la colonne Vendôme, la statue en fut descendue en
Weitere Kostenlose Bücher