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Métronome

Métronome

Titel: Métronome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lorànt Deutsch
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finances publiques : les débiteurs sont contraints de reverser au trésor royal le cinquième des sommes dues !
    Le 24 juin 1182, un édit d’expulsion est pris. Pour la première fois dans l’Histoire, un royaume chrétien chasse la totalité de ses juifs par un décret officiel. Les synagogues de Paris, celle qui s’abrite à l’ombre de la cathédrale sur l’île de la Cité, celle de la rue de l’Attacherie (actuelle rue de la Tacherie) sur la rive droite, sont transformées en églises et les immeubles des juifs vendus par l’autorité royale. Avec les sommes réunies, le roi fait notamment édifier un marché sur l’ancien quartier juif des Champeaux, désormais vide de ses habitants. Il ordonne de construire deux bâtiments couverts entourés de murs dont les portes sont désormais fermées la nuit. Ces halles aménagées constituent une avantageuse nouveauté : elles permettent aux négociants d’entreposer leurs marchandises en toute sécurité, à l’abri de la pluie et des détrousseurs. Très vite, le marché des Champeaux devient le plus couru de la capitale. Il est vaste et propose un peu de tout : des denrées alimentaires jusqu’aux étoffes. Le roi jette ainsi les bases de ce qui deviendra sur cet emplacement même, et durant presque huit siècles, les Halles de Paris…
Comment les Halles disparurent-elles ?
    Face à la multiplicité de l’offre, le marché s’étendit et, au XVI e siècle, François I er entreprit la réorganisation de l’endroit. Des maisons bien particulières s’élevèrent alors, les « piliers des Halles » : au rez de-chaussée, des galeries couvertes abritaient les échoppes, et au centre de ces galeries à arcades se trouvait le « carreau », où l’on venait se ravitailler en pain et crémerie.
    Au XIX e siècle, les Halles posaient de graves problèmes d’organisation et d’hygiène : il fallait à nouveau tout restructurer. Le concours d’architecture lancé en 1848 fut remporté par Victor Baltard, qui édifia, en 1852 et 1870, dix pavillons couverts de vitrages avec des parois en verre et des colonnes en fonte. Deux autres pavillons furent ajoutés en 1936.
    Avec le XX e siècle triomphant, les vieilles Halles allaient être sacrifiées. L’augmentation de la population parisienne et les normes d’hygiène obligèrent à transformer le quartier et à porter le marché ailleurs. En 1969, effectivement, les Halles plièrent bagage pour s’installer à Rungis, dans la région parisienne.
    Dans les années suivantes, entre 1971 et 1973, la bêtise, l’ignorance, le modernisme arrogant et le principe de rentabilité abattaient les pavillons Baltard. Triste époque pour Paris : on détruisait les Halles et on construisait la tour Montparnasse ! Un des pavillons de Baltard subsiste, mais déplacé à Nogent-sur-Marne.

Nouvelle transformation : prochainement, l’actuel Forum des Halles sera rénové et coiffé par la Canopée, une structure de verdure et de verre réalisée par les architectes Patrick Berger et Jacques Anziutti.
    Philippe Auguste veille à tout ce qui fait Paris, il sait que la ville doit évoluer et grandir. Près des Halles, le vieux et vaste cimetière des Innocents offre une image désespérante : entre les tombes et devant la fosse commune ouverte, les immondices s’accumulent, des porcs s’ébrouent et de jolies dames font sans vergogne commerce de leur corps. Un mur, là aussi, va mettre fin à ce chaos. Les péripatéticiennes sont priées d’aller exercer leur rentable activité ailleurs, les cochons retournent à la porcherie et les détritus sont évacués. Désormais, on n’entre ici que de jour, pour prier sur une tombe ou pour enterrer un défunt. La nuit, les portes sont closes, tout est sous clé.
    Le roi veut de l’ordre et de la propreté, sa ville ne doit pas ressembler à un cloaque ouvert aux quatre vents. Un jour, alors qu’il est à une fenêtre du palais de la Cité pour regarder le mouvement des bateaux sur la Seine et les allées et venues des charretons, il voit des voitures s’enliser dans la boue… Les chevaux piaffent, les roues patinent et font gicler des jets crottés. Ce remuement exhale une odeur fétide de purin et de pourriture.
    Comment, à l’avenir, empêcher ces insupportables effluves de déjections ? s’interroge le roi. Jadis, les Romains avaient soigneusement recouvert les rues de dalles, mais avec le temps des couches successives d’ordures et de terre ont

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