Métronome
d’Arras. De beaux fragments sont également visibles en plusieurs endroits : 60-64 et 68, rue du Cardinal-Lemoine ; 4 et 6, rue Thouin ; 1 et 7, rue Clovis ; et surtout au 47, rue Descartes où l’on peut, en s’armant de patience et en franchissant trois Digicodes, monter sur le faîtage du rempart. Ce boyau charmant, jalousement protégé, est pour moi la plus belle récompense de mes recherches : un endroit magique.
Au n o 50 de cette même rue Descartes, nous voyons un plan de la porte Bordelle ou Saint-Marcel. Nous sommes dans la rue des Fossés-Saint-Jacques, toujours située sur le fossé extérieur de l’enceinte, et nous arrivons au 151, rue Saint-Jacques, emplacement de la porte Saint-Jacques, la plus importante de la rive gauche. L’enceinte descendait ensuite la rue Soufflot jusqu’à la rue Victor-Cousin.
La porte Saint-Michel se trouvait à la hauteur du 56, boulevard Saint-Michel puis la muraille longeait la droite de la rue Monsieur-le-Prince avec un souvenir au 40, une plaque : « Ancienne rue des Fossés ». Dans cette rue, le restaurant chinois La Grande Muraille est un clin d’œil, sans doute involontaire, aux travaux de Philippe Auguste. Les murs du fond de ce restaurant, et de tous ceux qui se prolongent jusqu’à la rue Racine, sont en fait l’enceinte elle-même.
La muraille est ensuite coupée par le boulevard Saint-Germain, puis reprend sa progression : une tour subsiste dans la maison de Catalogne, à l’angle des rues Saint-André-des-Arts et de l’Ancienne-Comédie.
La rue Mazarine représente, jusqu’à la Seine, le tracé du fossé extérieur de l’enceinte dont nous découvrons quelques traces dans le parking du 27 et dans le jardinet du 35. Au 13, passage Dauphine, montons au premier étage de l’institut des langues : une terrasse offre une belle vue extérieure sur le sommet d’une tour.
Plus loin, la rue Mazarine devrait communiquer avec la rue de Nevers, mais un mur transforme cette voie en impasse : ce mur, c’est l’enceinte. De retour rue Mazarine, prenez la rue Guénégaud et, au 29, rentrez un instant dans l’immeuble des éditions du Seuil, au fond de la cour vous verrez une tour de l’enceinte…
Et la protection de pierres s’achevait à la Seine par la célèbre tour de Nesle, qui s’élevait à l’emplacement de l’actuel Institut de France, quai de Conti (une plaque nous le rappelle sur l’aile gauche de l’institut).
Des morceaux de muraille restent sans doute à découvrir chez des particuliers ou dans les fondations de certains immeubles… Cette recherche constitue pour nombre de passionnés une véritable chasse au trésor.
Retrouver les traces de cette muraille Philippe-Auguste fut ma première jubilation de chasseur de vestiges ! Si je vous ai invités à suivre ce jeu de piste un peu long et compliqué, c’est pour que vous compreniez mieux la passion qui m’anime et les défis que je me plais encore aujourd’hui à résoudre. Paris est une énigme captivante. Si le cœur vous en dit…
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Comme sa muraille, Philippe Auguste est fascinant ! Il a tout fait, tout imaginé, tout réinventé. Il a imposé l’autorité royale, agrandi le pays, renouvelé Paris.
Quand il monte sur le trône, en 1179, celui que l’on nomme Philippe II n’a que quinze ans, il n’est rien encore. Ou pas grand-chose. Un trop jeune roi des Francs qui règne essentiellement sur l’Île-de-France… Son destin, il va le transformer. Il fait des conquêtes et s’impose comme roi de France, montrant ainsi la cohérence de ses territoires à qui il donne une histoire, une langue et un projet communs. Avec lui, Paris prend les allures d’une capitale digne du nouveau royaume qui émerge. Philippe II devient de son vivant Philippe Auguste, dignité impériale romaine que lui confèrent les prêtres dans leurs homélies et les scribes dans leurs écrits.
Bien sûr, les méthodes du roi sont rudes et expéditives. Bien dans le ton de l’époque et, disons-le tout net, parfois abominables. Par exemple, pressé par les besoins d’argent dès son arrivée sur le trône, il décide de rançonner la communauté juive. Un samedi matin de l’an 1181, les juifs de Paris sont jetés en prison. Pour obtenir leur libération, les captifs doivent faire don de leurs biens au roi. Mais cela ne suffit pas, l’année suivante, Philippe supprime purement et simplement les créances des juifs envers les chrétiens. Bonne affaire pour les
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