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Métronome

Métronome

Titel: Métronome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lorànt Deutsch
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nombreux ordres religieux, comme les dominicains ou les franciscains, financent et ouvrent des fondations où les étudiants, logés et nourris, peuvent s’instruire. Entre la place Maubert et la montagne Sainte-Geneviève, des collèges poussent partout. Certains, il est vrai, n’ouvrent que pour une poignée d’élèves, et il y en a tant qu’ils s’absorbent, fusionnent, se dévorent. Le collège des Irlandais mange le collège des Lombards, le collège du Danemark est vendu au couvent des Carmes, le collège de Presles fait partie du collège de Dormans-Beauvais, le célèbre collège Coqueret est éclipsé par le collège Sainte-Barbe… Quarante-deux mille étudiants de tous âges, entre quinze et cinquante ans, suivent les cours dans près de soixante-quinze collèges. Au même moment, dans les autres capitales européennes, on trouve seulement quelques rares écoles. Paris fait vraiment figure de cœur vibrant du monde intellectuel.
Mais où sont les collèges disparus ?
    Un des collèges les plus anciens – dont tout pousse à croire qu’il n’en reste rien – porta le nom de son fondateur ; le cardinal Lemoine. Ce collège aurait été entièrement rasé à la fin du XVII e siècle, tous les écrits l’assurent. Vraiment ? C’est compter sans mon vilain défaut d’aller fouiner dans tous les coins qui sentent la vieille pierre… Les historiens de Paris, comme Jacques Hillairet, mentionnent bien la salle de spectacles Le Paradis Latin, construite sur les ruines du collège, et évoquent aussi une mystérieuse voie privée… mais apparemment n’y ont pas eu accès. En vous y embusquant, vous serez surpris de trouver tout un pan de bâtiment en vieilles et larges pierres datant sans doute du XVII e siècle : c’est une partie du collège du cardinal Lemoine ! Approchez-vous encore tout près du renfoncement qui rappelle l’ancienne entrée vers les escaliers, et vous déchiffrerez dans la pierre grège les sillons creusés de la main d’« escholiers » : « 3 C », des lettres d’une écriture XVII e typique… Inscription qui indiquait que tel étudiant logeait à l’escalier 3C. Émouvant, non ?
    Le plus beau d’entre tous ces collèges encore visibles aujourd’hui reste celui des Bernardins, fondé en 1224. Agrandi au XIV e siècle, c’est un impressionnant témoignage de l’architecture médiévale civile de Paris, souvent méconnu, avec ses fenêtres gothiques à rosaces. Au 24, rue de Poissy, le sous-sol voûté – un ancien cellier – est toujours là et le rez-de-chaussée aussi, qui fut le réfectoire du couvent. Le dernier bâtiment encore debout est la plus longue salle gothique de Paris : plus de trente-cinq mètres de long. Cinq années de travaux ont permis de restaurer cet immense espace médiéval dédié à l’étude et à la recherche, mais qui a l’avantage d’être également ouvert au public, pour notre ravissement.

Le 14, rue des Carmes abrite, lui, les restes du collège de Presles fondé en 1314. Derrière de longues fenêtres ornées de rideaux, des gens habitent aujourd’hui dans ce qui était une chapelle au XVI e siècle !
    Au 17 de cette rue des Carmes subsistent des vestiges de la chapelle du collège des Lombards, fondé en 1334. Le portail date de 1760 et les restes de la chapelle sont assez étranges, comme lavés, érodés par l’eau d’une ancienne fontaine.
    Le collège de Comouailles, fondé en 1321, se cache dans un petit passage du vieux Paris qui mène de la rue Galande au 12 bis, rue Domat. Dans la première cour intérieure, retournez-vous : vous avez sous les yeux le bâtiment d’entrée de ce collège âgé de presque sept siècles !
    Le collège des Écossais s’installa 65, rue du Cardinal-Lemoine. Transformé en prison sous la Terreur, il a été rendu à l’Église anglicane en 1806. On retrouve un escalier et une cour d’honneur, mais surtout le bâtiment sur rue avec son inscription : « Collège des Écossois » et le blason « FCE » (Fief du collège d’Écosse). Toutes ces marques bien visibles montrent qu’il était important pour chaque pays de signaler sa présence au sein d’une université qui se voulait internationale.
    Au 9 bis de la rue Jean-de-Beauvais, voici une chapelle du XVII e siècle encastrée dans des immeubles modernes, souvenir du collège de Dormans créé en 1365.
    Suivez-moi jusqu’au 21, rue Valette, pour découvrir un escalier témoin et vestige. Entrer dans la cour de

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