Métronome
d’Angleterre, Henri III, se frotte les mains, heureux de recevoir à Oxford quelques étudiants en délicatesse avec la capitale française.
Chacun s’entête, personne ne veut céder. En fait, la mésentente n’a rien d’anecdotique. L’université lutte pour ses privilèges et son indépendance. L’autorité royale veut démontrer sa capacité à faire régner l’ordre. Les mois passent, l’Université de Paris demeure une coquille vide.
« Il faut savoir arrêter une grève », dira Maurice Thorez. Eh bien, le problème se pose déjà au Moyen Âge. Heureusement, le pape Grégoire IX fait un peu bouger une situation figée. Il tient, lui, à ce que Paris reste un haut lieu d’enseignement, notamment religieux. Alors il pousse à la négociation et insiste. De son côté, Louis IX, jeune roi de seize ans, intervient auprès de sa mère…
Finalement, Blanche de Castille arrête de bouder et consent à indemniser les écoliers victimes de la violence des archers, renouvelle les privilèges de l’université et s’engage à obtenir des propriétaires parisiens des prix de location raisonnables pour les chambres estudiantines. De leur côté, l’évêque de Paris, les abbés de Sainte-Geneviève et de Saint-Germain-des-Prés comme les chanoines du chapitre de Saint-Marcel font serment de respecter à l’avenir maîtres et étudiants de l’université. Cette lutte ancienne « privé contre public » pour le savoir entre l’Église et les maîtres laïques trouve pour un temps un compromis, mais la rivalité existe encore de nos jours.
Le pape Grégoire IX, quant à lui, accepte de valider les diplômes obtenus par les étudiants réfugiés à Angers et à Orléans, à condition qu’ils reviennent immédiatement à Paris. Par ailleurs, le Saint-Père confirme à la corporation estudiantine le droit de voter des statuts, l’autorise même à utiliser l’arme de la « cessation » – la grève – dans le cas où un étudiant serait tué et son assassin impuni. Mieux encore, par la bulle Parens scientiarum universitas du 13 avril 1231, le pontife reconnaît définitivement l’indépendance juridictionnelle et intellectuelle de l’Université de Paris.
Les étudiants et les maîtres peuvent revenir à Paris : la grève a duré deux ans ! Les cours reprennent et la population se montre plutôt satisfaite de voir le Quartier latin retrouver vie après un si long sommeil.
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Sous le règne de Louis IX, plus connu sous le nom de saint Louis, l’université se développe encore. Le siège de l’institution quitte la petite église de Saint-Julien-le-Pauvre, devenue trop exiguë, et vient s’établir à la Sorbonne, où on le trouve encore aujourd’hui. Cette Sorbonne, dont dépendent maintenant toutes les facultés de la région parisienne, est tout simplement, à l’origine, l’un des collèges du quartier, fondé en 1257 par le confesseur du roi, Robert de Sorbon.
Pourquoi ce succès fulgurant ? Parce que son fondateur est un authentique pédagogue. D’autres maîtres ouvrent des collèges pour héberger des étudiants pauvres dans le but unique de recruter parmi eux de futurs religieux ou, tout au moins, de les rendre débiteurs de l’ordre ou du puissant qui les a accueillis. Robert de Sorbon, lui, ne veut pas façonner des valets dévoués à sa propre gloire. Il a le souci constant de former l’esprit des jeunes à la rigueur, au sens de l’étude, au goût de l’exigence intellectuelle.
Au moment où les collèges se font la guerre à coups de débats théologiques et philosophiques, les « sorbonnards », armés d’arguments jusqu’aux dents, font passer leur établissement à la postérité : aujourd’hui encore, qui dit « Sorbonne » dit « université » ! Voilà comment un collège parmi d’autres, mais pas comme les autres, a éclipsé tous ses rivaux.
Que reste-t-il de la Sorbonne d’antan ?
La renommée de la Sorbonne s’étendit vite à l’Europe entière. Au XV e siècle cependant, l’institution retomba dans les mains de l’Église qui n’avait ; finalement ; reconnu l’université que pour mieux la récupérer. Avec la naissance de l’Humanisme, de nouveaux collèges dissidents se créèrent. La Sorbonne perdit de son influence, devenant aussi réfractaire aux nouvelles idées que l’avait été jadis la vieille école Notre-Dame.
Un événement qui marqua à la fois l’ampleur de sa renommée et le début de son déclin
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