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Métronome

Métronome

Titel: Métronome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lorànt Deutsch
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demi effacées rappelle à quel niveau l’eau monta lors de la crue de 1711.
    La menace de perpétuelles inondations et l’atmosphère lugubre de la place disparurent au XIX e siècle sous les coups de pioche de l’inévitable baron Haussmann, lorsqu’il se mit en tête de créer le boulevard Saint-Germain et la rue Monge.
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    Au XII e siècle, la connaissance et l’enseignement sont encore aux mains d’une Église dogmatique et figée. La théologie mais aussi la science, la grammaire, la rhétorique et la dialectique ne s’exercent que dans les monastères. Il faut obéir à l’école épiscopale, se soumettre au droit canon enseigné à l’école Notre-Dame, sur l’île de la Cité. Face à tant d’interdits et de rigidité, des dissidents émergent… Oh, ce ne sont pas de dangereux rebelles, ce ne sont pas même encore des humanistes : religieux et laïcs rêvent seulement d’un peu d’indépendance. Pour se ménager une relative autonomie face au pape et à l’école épiscopale – seule habilitée à délivrer les diplômes –, ils s’installent sur la rive gauche où les communautés de maîtres et d’élèves gagnent de la hauteur en gravissant les pentes de la montagne Sainte-Geneviève.
    Tout cela se fait dans la confusion, chaque maître prétend pouvoir enseigner, chaque disciple entend choisir son professeur, et l’évêque de Paris proteste avec véhémence contre les atteintes portées à ses privilèges.
    En 1200, le roi Philippe Auguste estime qu’il faut mettre un peu d’ordre dans cette cacophonie. Il régularise la liberté relative des écoles en leur conférant des lettres patentes : elles sont désormais appelées collectivement Universitas parisiensis magistrorum et scholarum . Encore le mot «  universitas  » est-il à prendre ici dans son sens strictement latin, c’est-à-dire « société » ou « compagnie » ; bref, une réunion de personnes exerçant la même activité. N’empêche, le roi crée le cadre dans lequel l’enseignement peut se pratiquer librement, désormais affranchi de la tutelle ecclésiastique. Le XIII e siècle sera donc celui de l’Université…
    Les maîtres les plus célèbres ouvrent des cours libres sur la montagne Sainte-Geneviève, et les étudiants les suivent en masse. Les enseignants cherchent à s’éloigner de l’orthodoxie, c’est-à-dire de la « juste opinion » imposée. Ils veulent notamment enseigner la médecine, tâche difficile car le pape Honorius III, en 1219, en interdit l’instruction aux moines, par crainte de voir ces balivernes scientifiques détourner les serviteurs de Dieu de la théologie, unique véritable érudition. Du coup, les travaux d’Hippocrate et de Galien s’étudient plus ou moins clandestinement, en tout cas en marge de l’Église, transmis par des professeurs de différents ordres religieux, pressés de marquer ainsi une certaine indépendance.

La rive gauche de la Seine se couvre rapidement de collèges et d’écoles qui accueillent non seulement les étudiants du royaume, mais attirent des écoliers de toute l’Europe.
    Dans son Histoire occidentale , l’évêque Jacques de Vitry nous donne un tableau effarant de ce Quartier latin en gestation. Il faut y voir, bien sûr, la part de l’ecclésiastique horrifié par des mœurs qui se libéralisent, tant sur le plan intellectuel que dans la vie privée, mais son témoignage nous offre quand même un aperçu de ce Paris médiéval…
    Pour Jacques de Vitry, la ville est « une chèvre galeuse » et le bon évêque voit des prostituées partout ! En tout cas, il nous décrit des maisons de la rive gauche dans lesquelles se trouvent une école en étage et une fille de joie au rez-de-chaussée… Les étudiants passent ainsi allègrement du bonheur de la connaissance aux plaisirs des sens. Et tout ce petit monde, qui regroupe des Français, des Normands, des Bretons, des Bourguignons, des Allemands, des Flamands, des Siciliens, des Romains, s’écharpe sous le moindre prétexte, tandis que les maîtres, plus préoccupés de monnaie sonnante et trébuchante que de science pure, essaient de se voler entre eux les élèves. Et tout cela s’agite en de vaines arguties qui ont le tort, aux yeux de l’évêque, de se préoccuper d’autres choses que de l’âme éternelle et de l’omnipotence divine.
    N’en déplaise au rigoureux contempteur du Quartier latin, les écoles se multiplient. De riches aristocrates et de

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