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Métronome

Métronome

Titel: Métronome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lorànt Deutsch
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et les nobles…
    La foule bouillonnante traverse la rue et se dirige vers le palais. Soudain, on aperçoit un homme qui tente de s’enfuir : c’est Regnault d’Arcy, celui qui a apporté d’Angleterre le traité signé par le roi ! Il marche vite, le Regnault, il a peur, il court, il s’engouffre dans la boutique d’un pâtissier… Quelques hommes le rejoignent et l’égorgent entre les plateaux de gâteaux et les sacs de farine.
    Étienne Marcel suivi de son armée improvisée marche maintenant vers le palais. Entouré de ses hommes, le prévôt entre dans la bâtisse, monte vers les appartements du dauphin, force la porte… Le dauphin Charles semble à peine surpris par cette incursion et un débat rageur s’engage entre le jeune homme et le prévôt. Étienne Marcel reproche au fils du roi de ne rien faire pour maintenir l’ordre contre les bandes de brigands qui parcourent les faubourgs, Charles répond que ceux qui disposent des finances, c’est-à-dire la prévôté, doivent prendre leurs responsabilités…
    La discussion devient si violente que deux maréchaux, Jean de Conflans et Robert de Clermont, tentent de s’interposer. Ils n’ont guère le temps de se perdre en arguties, ils sont tous deux percés de lames par les alliés du prévôt. Le sang gicle et éclabousse de taches écarlates la tunique claire du dauphin… Les gens du palais, apeurés, n’ont rien de plus pressé que de prendre la fuite tandis que Charles supplie le prévôt de bien vouloir l’épargner.
    — Sire, vous ne risquez rien, dit Étienne Marcel. Mes hommes sont bienveillants car ils sont venus pour votre profit…
    En prononçant ces mots, Étienne Marcel retire son bonnet bleu et rouge – les couleurs de Paris – et en coiffe le dauphin, signe de la protection accordée par la ville au jeune prince… Et puis ? Rien. La révolte n’est pas une révolution. Sans théoricien, sans doctrine, sans projet, la colère mène à une impasse. Éblouis par leur propre audace, le prévôt et ses hommes s’estiment satisfaits. Ils se hâtent de quitter le palais pour aller pavoiser place de Grève avec leurs partisans. Le peuple de Paris se saisit d’une partie du pouvoir. Le Tiers-État est né.

Le lendemain, au cours d’une assemblée tenue au couvent des Augustins, au bord de la rive gauche, Étienne Marcel qui a réuni les gens de la prévôté, le clergé et l’Université prend la décision d’appliquer le système de monarchie contrôlée par les États généraux et de rétablir le conseil des Trente-Six, autant de magistrats chargés des nominations. En clair, Étienne Marcel instaure son pouvoir total sur Paris.
    Le dauphin le sait, il n’y a plus de salut pour lui en sa capitale. Il faut fuir, s’en aller ailleurs regrouper ses forces. Un mois plus tard, le 25 mars, Charles sort de Paris et prend la route de Senlis. Étienne Marcel, qui fait chaperonner le prince par dix bourgeois, croit pouvoir, de cette manière, le surveiller et lui imposer sa volonté. Il se trompe.
    Pendant que le dauphin Charles caracole dans ses provinces et regroupe ses amis, il ne fait pas bon être royaliste sous l’autorité d’Étienne Marcel : Matret, maître charpentier du palais, et Perret, maître des ponts de Paris, sont décapités et leurs corps coupés en quatre morceaux.
    Le prévôt instaure son nouvel ordre. Il accueille en sa ville son allié Charles de Navarre, dit Charles le Mauvais, un arrière-petit-fils de Philippe le Bel, prétendant à la couronne de France. Seulement voilà, Charles de Navarre a des accointances avec les Anglais, alliance qui indigne les Parisiens. D’ailleurs, le Mauvais appelle en renfort des troupes anglaises… S’acoquiner avec le Navarrais équivaut à une trahison ! La population commence à songer que la tranquillité ne reviendra qu’avec les Valois, d’autant plus que le dauphin impose à Paris un blocus dont les effets commencent à se faire sentir. Les vivres manquent. Les plus fragiles des Parisiens connaissent la faim et les privations.
    Il faut en finir. Le 31 juillet, en fin de matinée, Étienne Marcel surveille les défenses près de la porte Saint-Antoine. Une foule hostile entoure le prévôt et un cri de guerre retentit :
    — Montjoie Saint-Denis ! À la mort, à la mort !
    Étienne Marcel veut parler :
    — Pourquoi me voulez-vous du mal ? Ce que je fais, je le fais pour votre bien comme pour le mien…
    Le prévôt est bousculé, il trébuche,

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