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Métronome

Métronome

Titel: Métronome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lorànt Deutsch
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malédiction sur ses persécuteurs :
    — Dieu sait qui a tort et a péché, et le malheur s’abattra bientôt sur ceux qui nous condamnent à tort. Dieu vengera notre mort. Seigneur sachez que, en vérité, tous ceux qui nous sont contraires par nous auront à souffrir.
    L’imprécation frappa les esprits car le pape Clément V mourut après quarante-deux jours, peut-être d’un cancer des intestins, et le roi Philippe le Bel succomba à une chute de cheval huit mois plus tard. Quatorze années seulement devaient s’écouler avant que ne s’éteigne la lignée royale des Capétiens directs, laissant le trône à la dynastie des Valois.
À quel endroit le maître du Temple a-il été brûlé ?
    L’île aux Juifs était un des trois petits îlots inhabités qui se situaient à la pointe de l’île de la Cité. Seigneurie de l’abbé de Saint-Germain-des-Prés, elle a peut-être été le théâtre de brûlements d’hérétiques, de sorcières et de juifs…
    En 1577, quand Henri III décida de créer le premier pont de pierre à Paris – qui fut le Pont-Neuf –, il jugea bon de remanier un peu les caprices de la nature. Les bras de la Seine qui séparaient les trois îlots furent comblés et ces petits espaces vinrent s’incorporer à l’île de la Cité.
    Jacques de Molay périt dans ce qui est aujourd’hui notre square du Vert-Galant, c’est-à-dire la pointe ouest de l’actuelle île de la Cité, devant le pont, au niveau de la statue d’Henri IV.
    La fin des Capétiens directs entraîne un interminable conflit entre la France et l’Angleterre, une guerre de Cent Ans qui va en durer cent seize. En 1328, Charles IV, fils de Philippe le Bel, meurt sans descendant mâle. Or Isabelle de France, sœur du roi défunt, a un fils : Edouard III, souverain d’Angleterre. Celui-ci veut se saisir de la couronne de France, mais les Français refusent de se livrer à un étranger. C’est Philippe VI de Valois, neveu de Philippe le Bel, qui monte alors sur le trône. La guerre de Cent Ans a évidemment de nombreuses causes, économiques et démographiques, mais cette affaire de succession met le feu aux poudres.
    Grand tacticien, Edouard III remporte d’importantes victoires sur les armées françaises. En 1340 à l’Écluse, dans les Flandres, les forces navales anglaises anéantissent la flotte française. En 1346, à Crécy, en Picardie, les archers anglais taillent en pièces les troupes françaises…

Mais Paris reste insouciant. La grande affaire, en ville, est de suivre la mode, qui se transforme, s’adapte, se modifie. Une saison on adopte la tunique longue, et puis il faut vite changer car on porte maintenant le manteau court. Mais ce qui ne varie pas, ce sont les couleurs, toujours vives, toujours multiples, toujours mêlées en un arc-en-ciel permanent et joyeux.
    Hélas, tout cela va être balayé par la peste noire, qui charrie morts, ruines, paniques et désespoirs. Partie du sud, l’épidémie arrive au bourg de Roissy-en-France au mois d’août 1348. Quelques jours plus tard, Paris est touché à son tour. La maladie ravage la ville et chacun tremble. On se méfie de tout, surtout de l’autre, le voisin, le parent, l’ami. Est-il porteur de la peste ? À l’Hôtel-Dieu – le grand hôpital qui existe alors depuis plus de trois siècles – cinq cents malades meurent chaque jour, et les bonnes sœurs se dévouent au péril de leur vie : elles sont cent trente-six au début du drame, il en reste à peine quarante quelques mois plus tard. On jette à la va-vite les cadavres dans la fosse du cimetière des Innocents, bientôt saturé. Il faut chercher d’autres lieux d’inhumation en dehors des murs de la capitale.
    Espérant arrêter le fléau, on fait incendier les maisons des malades et, par les rues, de pieuses processions tentent d’apitoyer le Ciel. À Paris, on prie beaucoup, mais on meurt encore plus. Les médecins baissent les bras et avouent leur impuissance, quelques sorciers essayent de profiter de l’aubaine et vendent à prix d’or des décoctions accompagnées de prières et de rites aussi farfelus qu’inutiles.
    Et puis, au bout d’une année, sans que l’on sache pourquoi, soudain le mal s’apaise et s’éloigne. Mais Paris a changé, Paris est abattu, torturé : au moins soixante mille Parisiens ont péri, plus de quarante pour cent de la population.
    Venues des campagnes du royaume, des foules de paysans prennent refuge dans la grande ville

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