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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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trace de lui.
    Le deuxième meurtre survint deux semaines après. On ne connaît pas grand-chose de ses circonstances. La victime, Osbert Obidiah, charpentier dans un village proche de Maidstone, fut retrouvé mort dans une ruelle à côté de Burgate. Sa bouche et sa langue toutes noires disaient clairement qu’il n’était pas mort d’un coup de sang foudroyant, mais bien qu’il avait succombé lui aussi à un horrible empoisonnement.
    Le troisième suivit très vite après. Ranulf Floriack, un mercier et pèlerin venu d’Acton Burnley, soupait avec d’autres pèlerins à la Taverne du Cheval Ailé, dans Pissboil Alley. Les voyageurs, qui n’étaient pas fortunés, avaient commandé du vin coupé d’eau et des bols de soupe à l’oignon, la spécialité de la taverne. Ranulf avait presque achevé sa soupe quand il fut pris de violents maux de ventre. Malgré l’assistance et le soutien de ses compagnons, il expira dans la cour des écuries, derrière la taverne. Il apparut qu’il avait été empoisonné à l’arsenic, le même poison qui avait tué Osbert. Comme on ne pouvait pas soupçonner ses compagnons de route, on interrogea le tavernier, et on fouilla son auberge ; on n’y trouva ni potion ni poison, mais le tenancier avoua que tout n’était pas clair. Il expliqua :
    « Pendant la saison de pèlerinage, j’embauche des garçons et des filles de salle. J’ai beaucoup de clients, souvent ils ont très faim, aussi, dans mes cuisines, il règne une activité de ruche. Il semble que pendant quelques minutes, alors que l’on servait les pèlerins d’Acton Burnley, une des filles de salle a remarqué un serviteur qu’elle n’avait jamais vu auparavant. Il avait de longs cheveux gras, un tablier souillé, et la fille de salle assure qu’il servait la table des pèlerins. »
    La fille fut aussi interrogée : elle put seulement décrire l’homme qu’elle avait vu rapidement comme il se frayait un passage dans l’affluence pour s’approcher des pèlerins : il avait le visage noir de crasse et de graisse, des cheveux longs et épars, et il était plutôt grand de taille. Elle ne l’avait jamais vu avant, et ne l’avait pas revu non plus après.
    Le quatrième meurtre fut perpétré plus récemment, il y a quelques jours ; plus précisément, juste avant que l’annonce de la victoire du roi à Tewkesbury ne parvienne à Cantorbéry. Robert Clerkenwell, un médecin de Londres, fut empoisonné à la Taverne de l’Échiquier, à Burgate, près des entrepôts. La victime buvait du vin du Rhin quand elle tomba brusquement comme sous l’effet d’un coup de sang. La mort fut presque instantanée. Geoffrey Cotterell, un médecin...
    Kathryn leva les yeux du parchemin, réfléchissant. Elle connaissait Cotterell, un homme déplaisant, qui ne soignait que les riches et ignorait les autres. Le père de Kathryn le tenait pour un charlatan et se moquait gentiment de ses manières hautaines et de sa mise ostentatoire.
    ... Cotterell, un médecin, se trouvait dans le voisinage. (Kathryn souligna ce dernier mot.) Il examina le cadavre du médecin. Sa peau était si froide et moite, déclara-t-il, qu’il s’agissait sûrement d’une forte décoction d’un poison difficile à déceler, comme la digitale, qui avait arrêté le coeur, entraînant une mort foudroyante. De nouveau on interrogea les pèlerins, on fouilla leur besace. En vain : rien ne permit de les soupçonner. Pour la forme on mena aussi l’enquête à la Taverne de l’Échiquier, et, étrange coïncidence, un garçon de salle, pareil à celui qui avait été vu au Cheval Ailé, avait servi le médecin et ses compagnons de table.
    Le manuscrit s’arrêtait là. Kathryn le lut une seconde fois, articulant les mots sans les dire, puis elle se leva pour se rendre à la cuisine où le silence qui régnait maintenant l’intriguait. C’est que Thomasina et Agnes étaient sorties dans le jardin pour y cueillir des herbes. À présent, Agnes en effeuillait les tiges, et Thomasina écrasait les feuilles à l’aide d’un pilon dans un petit mortier en bois. Kathryn s’adossa au montant de la porte pour les observer. Agnes avait du mal à s’appliquer à ce qu’elle faisait. Elle fixait de ses grands yeux ronds Thomasina perchée sur le petit muret du jardin, qui continuait à lui raconter avec force détails les coutumes sexuelles des mercenaires irlandais.
    Kathryn s’étira. Ah, elle devrait s’acheter un siège plus confortable,

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