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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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assourdissant des sabots des chevaux, le tourbillon sanglant des batailles et le sentiment d’être perdu, sans famille.
    Colum s’apprêtait à enfourcher son cheval quand une voix parlant en gaélique résonna dans l’ombre.
    — Colum, Ma fiach ! Colum, mon fils, ne te retourne pas. Je suis le messager de tes frères d’Irlande.
    C’était une voix douce, peut-être celle d’un vieillard, et Colum ne se sentait pas menacé. Les Chiens d’Ulster l’auraient terrassé tout de suite.
    — Tes frères t’envoient ce message, Colum : nous ne t’avons pas oublié, mais comme le dit la Bible, « il est un temps pour tout : un pour la paix, un pour tuer ». Ne l’oublie pas, Ma fiach.
    La main sur le pommeau de sa selle, Colum attendit un moment avant de se retourner. Quand il le fît, il scruta les ténèbres, mais ne vit personne. Il sentit alors les cheveux de sa nuque se dresser, comme si quelque main glacée le caressait, et la vision du Prêtre aux Chiens s’imposa encore à son esprit ; quelque part dans une ruelle, un chien soudain hurla à la lune. Alors, maudissant les démons qui continuaient à le hanter, Colum sauta en selle.

 
    Chapitre V
    Kathryn se leva tôt le lendemain matin. Thomasina s’affairait déjà dans la cuisine. Elle avait allumé le feu et lavé les coupelles et godets de métal ainsi que les petites lames bien aiguisées dont se servirait sa maîtresse pour sa pratique. Selon les instructions que lui avait données le père de Kathryn, voilà bien longtemps, elle les avait mises à chauffer sur le feu. Debout à l’entrée de la pièce, Kathryn, vêtue d’une longue robe brune, l’observait. Pourquoi son père exigeait-il que l’on entretienne ainsi ses instruments ? Elle l’avait oublié. Il l’avait demandé à son retour d’un voyage à Oxford où il s’était rendu pour consulter un précieux manuscrit appartenant à la bibliothèque du duc Humphrey.
    Agnes, toujours ensommeillée, errait dans la cuisine comme si elle dormait debout. Thomasina, après lui avoir ordonné plusieurs fois d’aller se débarbouiller, finit par perdre patience et la saisit par le bras pour l’entraîner dans la cour, où elle l’obligea à se laver le visage et les mains dans le baquet d’eau froide.
    Toutes trois déjeunèrent de pain et de bière coupée d’eau. Kathryn, perdue dans ses pensées, ne prêtait pas attention à Thomasina qui grommelait et maugréait contre ces pouilleux de soldats que l’on recevait à la maison. Quand elle s’aperçut que Kathryn ne l’écoutait pas, elle attendit que celle-ci se rende dans son cabinet de travail pour y chercher un pot d’herbes médicinales séchées. Alors elle l’attaqua de front.
    — Qu’en pensez-vous ?demanda sèchement la servante.
    — De quoi ?
    — Ne jouez pas à plus maligne avec moi,
    Kathryn. De quel genre est ce Murtagh ?
    Kathryn sourit.
    — Du genre humain, répliqua-t-elle, malicieuse.
    — Et ce message ? demanda encore la servante d’un ton accusateur.
    — C’est l’acte de malveillance d’un imbécile, rien de plus.
    — Je sais que ce n’est pas le premier. Que disait-il ?
    Kathryn ferma les yeux. Elle s’était juré de ne plus s’inquiéter de ces sinistres missives. Seule une personne à l’esprit dérangé avait pu les écrire, une personne dont la plume se tarirait peut-être si Kathryn ne réagissait pas.
    Thomasina insistait, défiant sa maîtresse du regard :
    — Parlez-moi de cet Irlandais ?
    — C’est une ombre, rien de plus. Et je n’ai guère d’opinion sur lui.
    Poussant un soupir agacé, la servante sortit brusquement avec un air de dignité offensée. Kathryn murmura alors :
    — En vérité, quelle est mon opinion sur cet Irlandais ?
    Elle abaissa les yeux sur le petit pot en terre fermé par un morceau de parchemin que maintenait une cordelette.
    — Étrange, dit-elle, répondant à sa propre question. Je le trouve étrange et dangereux.
    À cet instant, elle entendit frapper à la porte : son premier patient se présentait.
    Kathryn resserra le noeud qui maintenait ses cheveux en arrière et rajusta sa guimpe, puis elle chaussa des savates à lanières de cuir. Sa première patiente, Beatrice, la fille du fabricant de sacs, laissait augurer une journée difficile. Henry, son père, un homme de petite taille, avait le crâne chauve, seulement couvert d’un duvet clairsemé. Avec ses yeux globuleux, ses bajoues flasques et sa bouche lippue,

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