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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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toute noire, qu’entourait une gencive rouge et gonflée. Kathryn rendit la chandelle à Thomasina.
    — Comment conservez-vous des dents si blanches et si propres ? demanda-t-elle.
    — Je ne suis pas venu vous consulter pour mes bonnes dents ! grommela le meunier, fusillant Kathryn de ses petits yeux porcins.
    Votre père n’aurait jamais posé une question aussi sotte.
    — Taisez-vous, Mollyns, gronda Thomasina, je vous connais depuis que vous étiez gamin. Vous avez toujours été un braillard, et votre main vous a toujours chatouillé. Votre mal de dents est une punition de Dieu parce que vous pesez la farine avec des poids faussés et que vous y mêlez de la poussière pour mieux voler vos clients.
    — Vous dites des mensonges ! s’écria la femme du meunier. Ah, je vous connais, Thomasina !
    — Assez, assez ! intervint Kathryn. J’ai une simple question à poser à Mollyns : dites-moi, meunier, vous lavez-vous les dents avec du sel et du vinaigre ?
    — Jamais, non !
    Alice, qui s’était rapprochée, dit alors :
    — Il adore les pommes de notre petit verger, et en mange tout le temps, plus encore que le cochon.
    Kathryn sourit : voilà quelque chose qu’elle n’oublierait pas. Elle l’avait déjà noté avec Falloton, le marchand de fruits, et Horkle, l’épicier. Son père avait peut-être raison, quand il affirmait que les moines de Christchurch avaient de bonnes dents et des gencives saines parce qu’ils mangeaient davantage de fruits que de viande.
    Mollyns avait recommencé à gémir. Kathryn reporta son attention sur lui, scrutant son visage rougeaud, qu’émaillaient plusieurs verrues.
    — Je ne puis rien pour vous, Mollyns, dit-elle. Il faut extraire votre dent. Allez donc voir le barbier.
    Sur ces mots, elle ouvrit le coffret d’onguents que Thomasina plaçait toujours sur la table. Elle en sortit un peu de laine lavée dont elle fit une petite boule qu’elle trempa dans de l’huile de clou de girofle. Elle ordonna ensuite à Mollyns d’ouvrir la bouche et appuya la laine sur la dent gâtée. Le meunier hurla. Kathryn tendit un petit flacon de cette huile à Alice, disant :
    — En attendant que le barbier lui arrache son chicot, faites-lui ce que je viens de faire à midi et avant son coucher. L’huile de clou de girofle calmera le nerf de sa dent.
    Kathryn, qui s’était approchée de la femme du meunier, fronça alors le nez. Alice la regarda, gênée.
    — Quelque chose ne va pas, Maîtresse ? Kathryn s’approcha encore de la femme, et Thomasina en fit autant. Cette dernière prit aussitôt un air dégoûté.
    — Alice, êtes-vous malade ? demanda
    Kathryn.
    — Pourquoi ?
    — D’où vient cette puanteur affreuse ?
    Alice glissa un regard embarrassé à son mari, mais il était absorbé par son mal, que commençait à calmer l’huile de clou de girofle. La pauvre femme porta la main à sa nuque.
    — J’ai mal au cou, murmura-t-elle.
    Sans plus attendre, Kathryn repoussa en arrière le capuchon que portait Alice : ses cheveux gris étaient enduits d’une substance grasse et répugnante, à l’odeur insoutenable.
    — Qu’avez-vous mis sur votre chevelure ? s’exclama Kathryn.
    — J’avais si mal, gémit Alice. La souffrance a commencé en même temps que la rage de dents de Mollyns. Alors je me suis frotté la tête avec...
    Kathryn approcha son nez du cou de la pauvre femme.
    — Oh non, Alice ! Vous n’avez pas fait cela, tout de même ?
    Alice détourna les yeux, penaude.
    — Vous vous êtes frotté la tête avec du fromage de brebis ! s’écria Kathryn, réprimant un sourire. Allons, laissez-moi vous examiner, maintenant.
    La femme du meunier, qui avait reculé, affolée, se rapprocha, gémissant :
    — Je n’ai rien fait de mal, non ?
    — Oh, si ! intervint Thomasina, qui s’éloigna en toute hâte.
    — Que va-t-il m’arriver ?
    Sans répondre, et sourde aux gémissements du meunier sur son tabouret, Kathryn l’attira à elle et la fit tourner pour lui palper le cou et les épaules. Les muscles en étaient tendus et crispés. Elle entreprit de les masser doucement, et très vite Alice laissa échapper un soupir de soulagement.
    — Oh, c’est bon, Maîtresse !
    — Le tissu musculaire de votre cou et de vos épaules est tendu, et les humeurs sont comprimées. Dites-moi, Alice, avez-vous des enfants ?
    Alice afficha un grand sourire pour répondre fièrement :
    — J’ai quatre garçons et trois

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