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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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filles.
    — Quand ils tombent, que faites-vous ?
    — Je leur frotte les genoux.
    — Eh bien, faites de même, frottez-vous bien le cou de la main et vous verrez que le mal partira. En rentrant, lavez vos cheveux, débarrassez-les de cette vilaine graisse. Le soir en vous mettant au lit, buvez une bonne coupe de vin fort, et couchez: vous, la tête sur un coussin. Alice opina en souriant, mais son sourire disparut dès qu’elle porta les yeux sur son époux. Elle le saisit par l’épaule.
    — Allons, ne traînons pas, Mollyns, filons faire arracher ce maudit chicot avant que tu ne perdes complètement l’esprit.
    Sur quoi, bousculant son mari qui geignait toujours, elle l’entraîna vers la porte. Pendant l’heure qui suivit, Kathryn, assistée de Thomasina, soigna de légers maux : coupures, meurtrissures, contusions et autres. À plusieurs reprises, elle regarda la bougie des heures, plantéesur son pic en fer, à la porte de la dépense. Que faire ? Les patients s’étaient présentés plus nombreux qu’elle ne les attendait, ce matin, et à cause de son rendez-vous au Guildhall, elle ne pourrait pas passer voir le père Cuthbert, à l’hospice des Prêtres Indigents. L’image de Colum Murtagh surgit alors dans son esprit, et elle en ressentit un frémissement d’excitation. En vérité, Colum, telle une ombre, avait plané sur ses pensées tout le matin, Colum, cet homme façonné par la violence et qui essayait de vivre dans la paix, maintenant. Colum qu’elle devrait côtoyer désormais pour démasquer au plus vite l’empoisonneur : la rumeur commençait à courir, un patient avait mentionné les meurtres, ce matin.
    La voix de Thomasina ramena Kathryn au présent.
    — Qu’est-ce qui ne va pas, Maîtresse ? Kathryn se secoua : elle rêvait, plantée au milieu de la cuisine, un pot d’onguent à la main.
    — Je pensais à l’Irlandais. Ce n’est pas lui qui me préoccupe, mais bien plutôt l’affaire du Guildhall.
    — Ce n’est qu’une bande de gros barbons, plaisanta la servante. L’archevêque est malin comme un renard, Luberon n’est qu’un sot pontifiant, mais ne vous laissez pas abuser par Newington : il sait être doux comme un agneau, mais je n’ai jamais partagé l’opinion de votre père sur lui. Pour moi, Newington est une vipère cachée dans l’herbe, avec une langue venimeuse, et un esprit mauvais. Kathryn secoua la tête.
    — Ce ne sont pas eux qui m’inquiètent, Thomasina, c’est le tueur.
    Se laissant tomber sur un tabouret, elle poursuivit :
    — Tu as entendu Henry, le fabricant de sacs, ce matin ? Les gens commencent à savoir.
    — Est-ce si grave ?
    — Ne vois-tu pas, Thomasina, que, tôt ou tard, le tueur saura que je suis chargée de le démasquer ? Ajoutera-t-il une femme médecin ou un soldat irlandais à la liste de ses infortunées victimes ?
    La servante haussa les épaules, feignant de rire, mais elle avait bien compris le danger que redoutait sa maîtresse.
    — Il faut que nous partions, murmura Kathryn. On nous attend à onze heures au Guildhall.
    Elle se déchaussa et enfila des bas et des bottes, à cause des immondices et des détritus qui jonchaient les rues. Puis elle s’en fut prendre son vieux manteau de laine ainsi que ce qu’elle avait consigné sur un feuillet de parchemin, la veille.
    Au moment où elle s’apprêtait à sortir avec Thomasina, quelqu’un frappa violemment à la porte. Maudissant l’intrus qui se présentait à un si mauvais moment, la servante courut ouvrir et revint suivie d’une jeune femme fort bien mise. Elle portait une cape de pure laine sur une robe d’étoffe brune ornée aux épaules de jolies broderies vertes. Une guimpe de fine toile blanche cachait ses cheveux et rehaussait son visage aux yeux gris très doux, son petit nez et sa bouche charnue, bien rouge. La mignonne n’avait guère plus de dix-sept ou dix-huit ans.
    S’adressant à Kathryn, elle lui demanda :
    — Vous êtes Kathryn Swinbrooke ?
    La question était directe, mais la jeune personne semblait nerveuse, aussi Kathryn sourit en hochant la tête. Son hôte retira alors ses gants de cuir, dévoilant un anneau de mariage en argent à l’annulaire de sa main gauche.
    — Il faut que je vous parle, balbutia-t-elle, je suis Mathilda, l’épouse de Sir John Buckler.
    — Nous nous apprêtions à partir, intervint Thomasina.
    La jeune femme posa sur Kathryn un regard implorant, ses yeux gris brillants de

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