Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
Vom Netzwerk:
répondait toujours de la même façon.
    — Vous n’étiez qu’un bébé, ma jolie, mais vous l’auriez adorée. Par sa haute taille et son élégance, elle vous ressemblait beaucoup. Elle avait des cheveux sombres comme la nuit et des yeux bons et très doux. Aucun homme n’aima femme plus passionnément que votre père n’aima votre mère, et il ne s’est jamais remarié. Jamais ! Thomasina se pencha de nouveau sur ses comptes tandis que Kathryn se demandait pour la énième fois si sa servante, avec son étonnant appétit de passion, avait été amoureuse de son père.
    Thomasina demanda abruptement :
    — Il vous plaît ?
    — Tu parles de l’Irlandais ?
    La servante leva rapidement les yeux et sa maîtresse haussa les épaules, écartant la planche de pain.
    — C’est un homme singulier, dit-elle. Thomasina, ravie du petit tour qu’elle venait de jouer à Kathryn, rectifia :
    — Je ne parlais pas de l’Irlandais, mais de Chaddedon.
    Le visage ténébreux et railleur du médecin s’imposa à l’esprit de Kathryn qui rougit et se leva.
    — Ilfautquejetedise,Thomasina, l’Irlandais va s’installer ici.
    Sur quoi, ignorant les imprécations de sa servante, elle courut se réfugier dans son cabinet d’écriture.
    À la cuisine, Agnes joignait maintenant ses lamentations à celles de Thomasina pour déplorer les dangers qu’il y avait à accueillir un Irlandais coupeur de gorges. Kathryn se mit à rire doucement, car la voix de sa servante vibrait d’excitation.
    La pensée de Chaddedon lui revint, mais elle secoua la tête. Elle avait d’autres préoccupations, pour l’instant. Parmi les livres conservés par son père, elle chercha Rosa Anglica, de Gaddesden, et le sortit. La femme de Buckler ne tarderait pas à revenir, et pour ne pas être prise au dépourvu, Kathryn voulait savoir ce que disait ce maître sur la grossesse. Assise à sa table, elle feuilletait les pages jaunissantes de l’ouvrage quand on frappa à la porte.
    Elle entendit Thomasina accueillir la visiteuse, et les rejoignit dans le couloir. La jeune femme avançait à contrecoeur vers la cuisine. Elle portait les mêmes vêtements que le matin, mais Kathryn remarqua que son voile dissimulait davantage son visage. Une fois dans la cuisine, Kathryn fît asseoir sa visiteuse et commença par l’observer. Puis, se penchant en avant, elle souleva délicatement le voile, et vit alors le vilain bleu, juste sous l’oeil droit.
    — Vous ne l’aviez pas ce matin ! Mathilda Buckler détourna les yeux.
    — J’ai glissé et je suis tombée, bredouilla-t-elle.
    — Ce n’est pas vrai, la reprit Kathryn, votre mari vous a frappée.
    Elle ordonna à Thomasina, debout derrière Mathilda :
    — Va me chercher de la viande crue, épongée et bien aplatie.
    La servante courut à la dépense et en revint avec un morceau de gigot de chevreuil pendu là en attendant qu’on le sale et le mette à fumer.
    — Maintenez-le en place sur votre oeil, intima Kathryn à Mathilda. Dieu seul sait pourquoi, mais ainsi votre bleu s’atténuera.
    En rentrant chez vous, rincez-le souvent avec de l’eau tiède où auront macéré des pétales de rose, et à laquelle vous mélangerez de la décoction de noisetier dont je vais vous remettre un petit flacon. Et surtout, gardez l’ecchymose très propre, en particulier après que vous aurez appliqué le morceau de viande. Vous m’avez comprise ? Mathilda hocha la tête.
    — Votre mari vous a frappée, n’est-ce pas ? Hochant de nouveau la tête, Mathilda dit alors :
    — Je me sens ridicule avec ce morceau de viande.
    — Votre bleu est encore plus ridicule. Appliquez la viande dessus un moment. Et maintenant, dites-moi pourquoi votre mari vous bat.
    — Il dit que je suis stérile.
    — Est-ce vrai ?
    — Je ne sais pas ! s’écria Mathilda. Je suis son épouse depuis un an, Maîtresse, et j’ai tout essayé.
    — Avez-vous des soeurs ?
    — Oui, quatre.
    — Sont-elles mariées et mères ?
    — Oui, oui, elles le sont, mais mon mari me méprise, et sa famille aussi.
    Mathilda écarta le morceau de viande de son oeil.
    — Oh, Maîtresse, que puis-je faire ? Je suis bonne épouse et, au lit, j’essaie de contenter mon mari.
    — Vous aime-t-il ?
    Mathilda détourna les yeux.
    — Il veut un héritier.
    — Votre mari accomplit-il l’acte sexuel ?
    Cette fois, Mathilda rougit.
    — Ce... ce n’est pas sa faute, murmura-t-elle, il boit trop et parfois

Weitere Kostenlose Bücher