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Meurtres Sur Le Palatin

Meurtres Sur Le Palatin

Titel: Meurtres Sur Le Palatin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Cristina Rodriguez
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disparus.
    Son
ami haussa les épaules, résigné.
    -
Tu n'imagines pas dans quel état j'ai trouvé les livres de comptes lorsque
Tibère César m'a confié la questure, soupira-t-il en voyant l'expression
stupéfaite de son ami. Faire travailler une légion d'affranchis nuit et jour
dix années durant ne suffirait pas pour clarifier les méandres arithmétiques de
certains budgets ! C'est à se taper la tête contre les murs.
    Le
prétorien lui tapota l'épaule en signe d'encouragement.
    -
Je suis sûr que tu t'en sors très bien.
    -
"Bien" ne suffit pas, hélas.
    Caligula
frappa deux fois dans ses mains pour faire venir un serviteur, un tout jeune
garçon à la peau bistre et aux yeux bouffis de fatigue à qui il ordonna
d'apporter du vin frais et des fruits.
    -
Que veux-tu dire ?
    -
As-tu oublié que j'ai bénéficié d'une dérogation pour pouvoir prétendre à ce
poste à vingt ans, cinq ans avant l'âge légal ? Une meute entière de parvenus
frustrés attend là-dehors que je fasse le moindre faux pas en se tordant les
mains d'impatience.
    -
Tu n'en feras pas, assura Kaeso, confiant. Tu es allé à bonne école avec Livie
et Mamma Antonia.
    À
la mention de son arrière-grand-mère et de sa grand-mère, respectivement mère
de Tibère César et fille de Marc-Antoine, le jeune questeur ne put s'empêcher
de sourire. Ces deux femmes fortes, indépendantes et, surtout, puissantes,
avaient été, et étaient encore dans le cas d'Antonia, plus craintes et respectées
que bien des hommes, fussent-ils sénateurs, gouverneurs ou même consuls !
    "Lorsque
Antonia éternue", avait coutume de dire son fils Germanicus, le père de
Caligula, "c'est la cour tout entière qui se mouche !"
    Et
cette réputation n'était pas usurpée, le traître Séjan en savait quelque chose
!
    Celle
que l'on surnommait "la femme la plus puissante de Rome" n'avait
qu'une seule faiblesse : un attachement à sa famille presque maladif, et encore
faut-il comprendre le terme de "famille" au sens où l'entendait la
famille impériale, c'est-à-dire au sens très large, incluant clientèle, amis,
esclaves et affranchis.
    Au
cours de sa vie, Antonia était devenue la grand-mère, réelle ou adoptive, de
bien des enfants, dont Kaeso et Concordia. Leur "Mamma Antonia",
comme ils l'appelaient tous. La maison de la vieille femme était toujours
ouverte et nul membre du clan n'aurait sans doute pu évoquer une seule journée
où un troupeau de gamins ne semait la pagaille dans les couloirs. Sans parler
des adultes...
    -
C'est vrai que je n'ai pas à me plaindre en matière d'exemples à suivre.
    L'esclave
revint avec le vin et les fruits demandés, remplit les coupes et s'éclipsa
discrètement, laissant les deux amis confortablement installés dans d'amples
fauteuils à haut dossier.
    -
Alors ? Que peux-tu me dire sur le sénateur Valerius Flacus ? s'enquit Kaeso en
mordant dans un morceau de melon juteux.
    Caligula
siffla entre ses dents, méprisant, et tassa son grand corps svelte d'une façon
qui rappela au soldat sa compagne tachetée lorsqu'elle s'apprêtait à bondir.
    -
Pour commencer, que je donnerais cher pour le prendre la main dans le sac !
    -
A-t-il eu maille à partir avec le trésor ?
    -
Justement non. Et c'est bien ce qui m'étonne. Cet homme cache quelque chose,
Kaeso, c'est évident. Une école de gladiateurs réputée, des dizaines de
propriétés, des mines, des vignobles, des bateaux et... rien !
    -
Comment, "rien" ?
    -
Rien ! Pas un scandale, pas un soupçon de malversation, pas une plainte, aucune
campagne politique un tant soit peu agressive, et on ne lui connaît aucune
ambition particulière. C'est tout bonnement inconcevable !
    -
L'un de ces patriciens fortunés sans ambition vivant sur les acquis de sa
famille ?
    Son
ami d'enfance balaya l'explication d'un geste de sa longue main aux ongles
parfaitement soignés.
    -
Son père était un simple politicien sans le sou avec, pour tout patrimoine, un
nom qui avait eu son heure de gloire au temps de Sylla. Et voilà son fils à la
tête d'une fortune colossale sans jamais avoir occupé de fonction importante ou
même fait de mariage qui aurait pu lui apporter quelque bien. J'ignore comment
Valerius Flacus a obtenu l'argent qui lui a permis de s'offrir tout ce qu'il
possède mais probablement pas de façon très honnête !
    -
Et personne ne s'est jamais penché sur la question ?
    Le
jeune questeur leva les mains au ciel.
    -
C'est là que ça devient vraiment bizarre ! De telles

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