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Meurtres Sur Le Palatin

Meurtres Sur Le Palatin

Titel: Meurtres Sur Le Palatin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Cristina Rodriguez
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voir
ce genre de catafalque de marbre dans des cimetières et non dans des sous-sols
lugubres et inquiétants du Palatin.
    Ce
garçon que l'on disait d'une beauté hors du commun reposait-il vraiment ici ?
    Une
petite partie d'elle, froide et rationnelle, lui disait que c'était impossible.
Que feraient les restes de l'amant d'un dieu ici, dans une maison patricienne
perchée au sommet du Palatin ?
    Elle
croisa à nouveau le regard du dieu et une sueur froide perla à son front.
L'espace d'un instant, elle craignit même que la lance-bâton ne s'abaissât pour
châtier son irrévérence.
    -
Tu peux t'asseoir ici, dame Lepida, murmura l'immense esclave avec une
courbette, la faisant tressaillir.
    Il
lui désigna un petit tabouret et la jeune fille obéit sans quitter des yeux le
long bâton. Mais il ne bougea pas plus que les yeux peints de la statue. En
passant tout près d'elle, Lepida remarqua même que "l'arme" était
scellée dans la pierre du catafalque et la chèvre taillée dans le même bloc de
marbre que celui de la statue. De loin, l'illusion était pourtant parfaite.
    La
myrrhe lui piqua les yeux, irrita son odorat et elle masqua un éternuement dans
une quinte de toux.
    L'esclave
tira un rideau sombre qu'elle avait pris pour un mur dans la pénombre et qui
dissimulait une sorte d'antichambre. Élégamment assis sur le couvercle d'un
curieux chaudron à trois pieds, Apollonius, plus beau que jamais, lui souriait.
    -
Laisse-nous, Malah, chuchota-t-il.
    Lorsqu'elle
entendit la porte du temple souterrain se refermer dans son dos, Lepida
frissonna, à la fois d'excitation et d'appréhension. Ça y est : elle était
seule dans le sanctuaire avec l'oracle d'Apollon. Celui-ci, immobile comme la
statue de celui dont il interprétait la parole, l'examinait en silence, son
visage éburnéen luisant comme un phare dans les ténèbres.
    Par
Isis, que ce garçon était beau... ! Enveloppé jusqu'aux épaules dans la soie
d'une chevelure si claire qu'elle en paraissait blanche, se confondant avec le
lin fin de sa robe, il aurait fait pâlir Hyacinthos en personne. Entre les
sages plis du drapé de son vêtement, on devinait un corps svelte et tendre.
Lorsqu'il respirait, le tissu s'entrouvrait pour laisser entrevoir une poitrine
plus blanche et plus douce que la colombe d'Orphée.
    Pourtant,
la nuit dernière, Apollonius ne lui avait pas paru aussi jeune ni aussi séduisant.
    Ses
longs doigts effilés jouaient à présent, presque distraitement, avec une
ramille de laurier dont les feuilles parfumées frôlaient son poignet délicat et
son bras nu.
    Lepida
fixa celles-ci, n'osant bientôt plus lever son regard sur le visage de statue
grecque où elle craignait de croiser les feux azurés des prunelles
aigue-marine.
    -
Je sens un grand chagrin en toi, finit par murmurer l'oracle, rompant le
silence pesant.
    La
jeune fille toussota pour s'éclaircir la voix mais aucun son ne sortit de sa
bouche.
    -
Tu ne veux pas m'en parler ?
    -
Je... Je ne sais pas si...
    -
Prends ton temps.
    Les
lèvres pulpeuses s'étirèrent en un sourire doux et, repoussant sa longue
chevelure claire d'un geste gracieux, Apollonius se leva et ôta le couvercle
qui fermait le chaudron.
    Il
inclina une lourde amphore peinte et versa de l'eau dans un large cratère.
Après en avoir bu quelques gorgées, il s'y lava les mains, le visage, et y
trempa la ramille de laurier avant d'en disperser les feuilles dans le chaudron
rempli d'eau. Puis il présenta une baguette à la flamme de la lampe qui se
trouvait devant lui et la plongea dans l'encens contenu dans une coupelle. Une
lourde odeur de myrrhe s'éleva du récipient et la fumée dégagée piqua de nouveau
les yeux de Lepida, ce qui parut amuser Apollonius.
    Ses
gestes étaient précis et lents, presque hypnotiques, et la jeune fille le
regardait faire, fascinée, incapable de bouger un orteil.
    Lorsque
l'oracle s'agenouilla derrière le chaudron et leva les bras pour psalmodier,
les yeux mi-clos, une prière qu'elle ne comprit pas, la sérénité l'envahit.
Bercée par la voix diamantine, tantôt profonde et insondable, tantôt aiguë
comme un cri, les mots vinrent enfin aux lèvres de Lepida, qui inspira à deux
ou trois reprises et s'assit bien droite sur son tabouret.
    -
J'aime... un homme, avoua-t-elle d'une voix qu'elle avait espérée plus ferme.
Et je voudrais savoir s'il... Enfin si nous...
    Elle
se tut, rougissante, et la voix de l'oracle s'éleva, gutturale cette fois.
    - Pose-moi ta

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