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Meurtres Sur Le Palatin

Meurtres Sur Le Palatin

Titel: Meurtres Sur Le Palatin
Autoren: Cristina Rodriguez
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ses sandales cloutées grinçant désagréablement sur
le sol de marbre rose dont le long couloir encombré de monstruosités plus ou
moins artistiques était pavé.
    Si
le vestibule et le corridor étaient des mètres-étalons de fatuité, le cabinet
de travail de Valerius Flacus méritait la palme de l'excentricité. Le sol était
fait de dalles de porphyre et les murs étaient recouverts d'une hideuse fresque
aux rouges agressifs et aux motifs dorés biscornus.
    Le
sénateur, une coupe de verre camée à main, était installé derrière un
secrétaire d'ébène massif et souriait, un rien suffisant, mais, surtout,
parfaitement inconscient de l'effet désastreux que son environnement pouvait
avoir sur ses hôtes. Il avait même poussé la vulgarité jusqu'à faire incruster
le bois précieux de son bureau d'ivoire et de lapis-lazuli ! Si l'on ajoutait à
cela un grand divan tapissé d'une soie bleue vomitive et une débauche de
meubles aussi inutiles qu'hétéroclites, il semblait évident que, comme beaucoup
de parvenus, Valerius Flacus considérait comme du meilleur effet tout ce qui
était hors de prix.
    -
Sois le bienvenu dans ma demeure, centurion, claironna-t-il, théâtral, avec un
petit mouvement de la main.
    Main
aussi délicieusement ornée que le reste. Tout y était : ongles manucures
beaucoup trop longs et anneaux ornés de pierreries qui auraient fait pâlir
d'envie toutes les courtisanes de Suse.
    Kaeso
resta à distance, le gratifia d'un sec salut militaire, le poing sur le
plastron, et le sénateur se leva pour venir à sa rencontre.
    Grand,
anguleux et empestant le parfum oriental, Valerius Flacus flottait dans sa
tunique de sénateur immaculée, ornée d'une large bande rouge. Fallait-il qu'il
en soit fier pour la porter même chez lui, alors qu'aucune circonstance
officielle ne l'y obligeait !
    -
Centurion Kaeso Concordianus Licinus ! fit-il en serrant l'avant-bras du jeune
homme dans ses mains osseuses après s'être assuré qu'Io ne risquait pas de lui
arracher un membre. C'est un honneur de te rencontrer.
    Lorsqu'il
le lâcha, Kaeso se retint pour ne pas essuyer sa main sur sa tunique.
    -
Tu avais à me parler ? demanda-t-il sèchement.
    -
Puis-je t'offrir quelque chose à boire ? Valerius Flacus insista pour lui faire
goûter un vin hors de prix mais Kaeso préféra couper court.
    -
Si tout ce que tu as à proposer, ce sont des gracieusetés et des flatteries, je
n'ai pas de temps à perdre.
    Il
fit mine de tourner les talons mais le sénateur le retint.
    -
Franc et direct, dit-il. J'aime ça. Prends place, je t'en prie.
    Flacus
lui désigna le divan mais le jeune officier déclina l'invitation.
    -
Je préfère rester debout. Alors ? Je t'écoute.
    Le
sénateur se rassit sans hâte et sourit.
    -
J'ai bien saisi le message du questeur Gaius Julius César et tu peux lui dire
que je suis bien entendu prêt à faire un geste. Un geste considérable,
ajouta-t-il en insistant sur le dernier mot. Je sais qu'il est ton ami et je
reconnais que l'attitude de Marcus Gallus Rufus et de sa famille à ton endroit
mérite réparation. En fait, je m'en veux même terriblement de ne pas y avoir
songé plus tôt. Je te dois des excuses.
    Kaeso
fit son possible pour ne pas paraître déstabilisé ou surpris bien qu'il ne
comprenne pas un traître mot aux allusions de Valerius Flacus. Qu'est-ce que
Caligula venait faire dans la discussion ? Il mourait d'envie de poser la question
mais le sénateur, apparemment, pensait qu'il était au courant de quelque chose
dont, en réalité, il ignorait tout. S'il voulait découvrir de quoi il
s'agissait, il allait devoir le faire comme on marche sur des oeufs.
    -
Qu'entends-tu par "considérable" ? demanda-t-il prudemment.
    Valerius
Flacus laissa un sourire satisfait fendre son visage émacié.
    Comme
il le pensait, Marcus avait tort de s'inquiéter : tout homme avait son prix,
même l'incorruptible "prétorien au léopard".
    -
Je te propose une part identique à celle de Gaius Julius César pour chaque
combat organisé à Rome. Que ce soit par Marcus Gallus ou un autre, bien
entendu, ajouta-t-il en se méprenant sur la mimique de Kaeso qui, estomaqué,
faillit laisser échapper un juron.
    Flacus
était-il en train de laisser entendre qu'il avait corrompu Caligula ? Cela lui
paraissait impensable !
    -
Une part identique à celle de Gaius..., répéta-t-il en s'efforçant de rester
serein.
    Le
sénateur hocha la tête avec mansuétude.
    -
Je sais, tu ne t'attendais
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