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Meurtres Sur Le Palatin

Meurtres Sur Le Palatin

Titel: Meurtres Sur Le Palatin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Cristina Rodriguez
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ces
précautions ?
    L'aveugle
joignit les mains dans un geste de désespoir rageur.
    -
Elle en a trouvé un autre, ça y est ! laissa-t-il tomber comme si ces quelques
mots pouvaient résumer tout un drame à eux seuls.
    Concordia
laissa échapper une plainte déchirante.
    -
C'est pas vrai ! Elle ne renoncera donc jamais ! gémit-elle. Qui ?
    -
Un fils d'ancien consul ! Un certain Scribonius Capito.
    -
Quoi ? s'écria la jeune femme, outrée. Capito ? Ce nab...
    -
Chut ! le coupa Ludius en lui mettant la main sur la bouche. Il est là !
    -
Où ?
    -
Dans le bureau de ton père !
    Concordia
se laissa tomber sur le petit divan qui trônait au milieu de la pièce et tordit
les mains en se creusant les méninges.
    Ce
n'était que le deuxième "prétendant" de l'année mais, depuis le temps
qu'elle éconduisait les "nobles soupirants" trouvés par sa mère
Marcia, le premier lui avait été présenté quatorze ans plus tôt, elle
commençait vraiment à être à court d'idées pour les décourager.
    Elle
avait tout fait : jouer les fillettes immatures, les dépensières invétérées,
les allergiques irrécupérables, les érotomanes maladives, les sottes sans
aucune éducation, les petites pestes trop gâtées et même, une fois, l'ancienne
esclave adoptée trouvée dans un bordel alexandrin.
    Tout.
Vraiment tout .
    Et,
malgré cela, sa mère trouvait encore le moyen de dénicher des hommes prêts à se
confronter à sa fille. Celle dont la propre famille disait "le jour où
Concordia se mariera !" comme d'autres diraient "aux calendes
grecques !" Celle aussi qui n'aurait accepté de dire "oui" qu'à
un homme, le seul dont sa mère ne voulait pas entendre parler : son cousin
Kaeso Concordianus Licinus !
    Mais
pourquoi Marcia ne voulait-elle pas de Kaeso ?
    D'une
part, parce qu'il n'était pour elle qu'un sang-mêlé, fruit du mariage
inexplicable de son défunt frère bien-aimé avec une barbare bructère, une
ancienne esclave, qui pis est ! Et d'autre part (et c'était là sans doute la
pire des choses à ses yeux) : Kaeso n'était pas de rang sénatorial, comme son
noble époux, mais de simple rang équestre. Comme toute sa famille à elle, cela
dit, mais ce détail, mieux valait éviter de le lui rappeler si l'on se trouvait
à portée de gifle.
    Marcia
n'était, en effet, que la fille d'un modeste centurion de cohorte prétorienne, comme
Kaeso qui avait eu "la chance", disait-elle, d'épouser l'héritier
d'une ancienne famille sénatoriale. Et ce rang prestigieux, elle était bien
décidée à le garder coûte que coûte.
    Hélas
pour ses ambitions, et ses projets d'alliance avec les plus influentes familles
romaines, du jour où Concordia avait appris à marcher, Kaeso était devenu pour
elle le gibier favori derrière lequel cavaler. Cela au grand amusement de son
noble sénateur de père, ce qui finit de désespérer la pauvre femme.
    -
Ah ! Tu seras heureux, lorsque ta fille devra coudre deux bandes pourpres sur
la tunique de ton petit-fils (4) !
    -
Et que portaient tes propres père et frère, dis-moi ? raillait alors son époux
avec humour.
    Marcia
savait, même si elle ne l'aurait jamais admis, que si le noble sénateur
Octavianus Torquatus l'avait épousée, elle, plutôt que l'une des pimpantes
patriciennes au noble patronyme dont regorgeait l'empire, c'était en raison de
l'admiration qu'il avait toujours eue pour son frère Licinus, le père de Kaeso,
et de sa volonté de créer des liens familiaux entre eux.
    La
discussion se terminait donc toujours par un repli stratégique de Marcia, qui
boudait pendant un jour ou deux. Temps durant lequel Concordia passait les
meilleurs moments qui soient avec son père.
    Tous
croyaient qu'Octavianus Torquatus était un vieil homme à demi sénile qui se
laissait mener par le bout du nez par sa fille excentrique ; mais ils se trompaient.
Le brave homme adorait simplement son enfant comme seul un homme devenu enfin
père à plus de quarante ans peut adorer sa fille unique.
    Homme
politique aussi discret qu'efficace et ayant toujours réussi à passer entre les
mailles du filet de chaque scandale, affaire louche ou malversation auxquels on
avait essayé de le mêler, il admirait l'audace de Concordia, sa ténacité et son
incroyable joie de vivre. En fait, c'était à se demander de qui la jeune femme
tenait son caractère car jamais père et fille n'avaient été si différents.
    Et
Octavianus Torquatus l'en aimait d'autant plus. Jamais il n'obligerait sa fille
unique,

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