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Meurtres Sur Le Palatin

Meurtres Sur Le Palatin

Titel: Meurtres Sur Le Palatin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Cristina Rodriguez
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porteurs, tiens ! D'ailleurs, sa litière, c'est la
seule chose qu'on ait vu de lui depuis qu'il est arrivé.
    C'est
pas normal qu'un type se cache comme ça, non ?
    Kaeso
préféra ne pas répondre et s'éloigna à grandes enjambées énergiques après avoir
remercié l'homme pour ces renseignements.
    -
Tu devrais y regarder de plus près, centurion ! cria celui-ci bien après qu'il
eut tourné les talons. Moi, je dis qu'il y a du louche, dans cette maison ! Et
du pas très propre ! Ouais... Parole de Mopsus !
    Kaeso
et Mustella étaient donc revenus à la caserne, bredouilles et suant comme des
fruits blets sous leur cuirasse en raison de la canicule qui s'abattait sur la
ville durant la journée.
    -
Ma mère est-elle rentrée chez elle ? demanda le grand prétorien à Matticus, qui
astiquait son petit bouclier rond dans le vestibule.
    -
Oui mais une autre dame t'attend, centurion, annonça-t-il avec une grimace.
    -
Une dame ?
    Le
soldat acquiesça.
    - Dame Marcia.
    - Ma tante ? s'écria Kaeso, atterré. Ici ?
    -
Elle patiente dans le réfectoire avec sa suivante, centurion, poursuivit
Matticus, faisant blêmir son officier.
    -
Tu as mis ma tante Marcia dans... dans le réfectoire de la caserne ? répéta le
jeune prétorien en détachant ses mots, pour être sûr qu'il avait bien entendu.
J'espère que tu plaisantes !
    -
Crois-moi, centurion, il s'agissait du seul endroit assez frais pour refroidir
la rage qui lui sort par les oreilles ! Elle est arrivée ici comme une furie en
demandant où tu étais.
    -
T'a-t-elle au moins dit ce qu'elle voulait ?
    -
Non. Juste qu'elle ne bougerait pas d'ici avant d'avoir parlé au fils de son
frère.
    Kaeso
tiqua.
    -
Ce sont ses mots ?
    -
Ses mots exacts, centurion.
    -
Aïe...
    Lorsque
Marcia parlait de lui en disant "le fils de mon frère" ou "le
rejeton de Hildr", plutôt que "mon neveu", comme pour mettre le
plus de distance possible entre elle et le jeune homme, c'est qu'elle était vraiment en colère. Et quand elle en venait à l'appeler par son nom barbare, comme elle
disait, à savoir "Wotan", c'est que le torchon avait brûlé par les
deux bouts et que l'explosion était imminente.
    Résigné,
il confia donc à Mustella son casque et Io, dont les deux vices incorrigibles
étaient les mollets des courriers impériaux et l'ample fessier de tante Marcia.
    Il
essuya la sueur de son visage d'un revers de la main et traversa la cour carrée
pour se rendre au réfectoire du petit avant-poste.
    Une
seule raison pouvait contraindre une femme aussi guindée et prétentieuse que sa
tante à lui rendre visite à lui ou à sa mère, à plus forte raison dans un
endroit pareil : Concordia.
    Qu'est-ce
que sa virevoltante cousine avait donc fait ou dit qui puisse, une fois de
plus, leur valoir les foudres de son arriviste de mère ?
    Contrairement
au reste de la famille, Marcia en tête, Concordia avait toujours voué une
affection indéfectible à Hildr et à Kaeso. En partie parce que, comme ses
riches amies, la jeune femme avait toujours été attirée par l'exotisme et
l'étrangeté. Mais aussi, et surtout, parce que l'énigmatique Germaine avait été
pour la fillette une mère bien plus aimante et présente que l'insupportable
pompeuse qui l'avait mise au monde et cela, la fière Marcia n'avait jamais pu
le digérer.
    Lorsque
Kaeso pénétra dans le réfectoire, où flottait encore le léger relent du repas
de midi, Marcia ne tenait plus en place.
    Oubliant
ses manières apprêtées, la réserve exigée par "son rang" ou le temps
qu'il avait fallu à sa suivante pour ajuster les complexes drapés de sa robe et
de son châle émeraude, qui pendait guingois sur sa tête, elle marchait de long
en large entre les bancs de bois en prenant à témoin la pauvre esclave, qui
n'osait même plus relever la tête.
    Dans
sa jeunesse, Marcia avait été une femme d'une beauté rare, dont on pouvait
encore deviner les vestiges sous une épaisse couche de maquillage : l'arrondi
d'une pommette jadis haute et satinée ; la soie d'une paupière autrefois frangée
de longs cils de jais ; une bouche naguère sensuelle et souriante... Des
souvenirs d'une splendeur passée. Des reliquats de séduction. Des restes de
charme de moins en moins perceptibles car, chaque jour, un peu plus aigris par
des envies de grandeur qui la dévoraient de l'intérieur.
    -
Porte-toi bien, ma tante, salua Kaeso. Je suis heureux de te voir.
    Celle-ci
se tourna brusquement vers lui. Les mèches décolorées, et

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