Meurtres Sur Le Palatin

Mais essaye de te souvenir : ces hommes t'ont-ils dit quelque
ch...
    -
Ils ont laissé un message pour toi, centurion, le coupa Apollonius. C'est pour
cette raison que nous sommes venus ici en premier et non chez les parents de
Concordia.
    -
Un message ? s'étonna Caligula.
    -
"Dis au Germain que Marcus Gallus lui rendra sa cousine en échange du
sénateur Valerius Flacus."
    Kaeso
blêmit et échangea un regard ulcéré avec Caligula, soudain aussi pâle que lui.
    Ils
savaient donc ce qu'ils devraient bientôt faire pour récupérer Concordia, mais
un détail leur échappait encore : comment ressuscitait-on les morts, déjà ?
     
     
    *
    **
     
    La
clé tourna dans la serrure et Celtill ouvrit la porte pour laisser passer
Mnester, qui revenait avec un linge propre et un broc d'eau fraîche.
    -
Si t'as besoin d'un coup de main, n'hésite pas à appeler ! lança le Gaulois en
lorgnant sur Concordia.
    Celle-ci
se détourna en ramenant un pan de sa robe déchirée sur son épaule nue et il
ricana avant de refermer le battant pour le verrouiller à nouveau.
    -
Ne fais pas attention à lui, murmura le danseur en versant un gobelet d'eau à
Concordia. Ce n'est qu'une brute sans cervelle.
    La
jeune femme but avec avidité et humidifia un peu le linge pour essuyer le sang
qui commençait à sécher sur sa lèvre fendue.
    -
Merci, fit-elle avec reconnaissance. Alors ? As-tu pu apprendre quelque chose ?
demanda-t-elle plus bas.
    Il
hocha la tête.
    -
J'ai entendu parler Marcus et la femme. Elle s'appelle Victoria et, si j'en
crois ce que m'a dit Léon, un esclave de cette taverne, c'est l'une de ses
anciennes maîtresses.
    -
Ça ne nous dit toujours pas ce que je fais ici, soupira la captive.
    Mnester
s'approcha tout près et baissa encore d'un ton :
    -
Je n'ai pas de détails mais je crois qu'il s'agit d'un chantage.
    Concordia
tressaillit.
    -
Ils veulent faire chanter Kaeso ? Oh, dieux... Ça a sûrement un rapport avec
l'arrestation de Valerius Flacus ?
    -
Je n'en sais pas plus. Si j'étais resté plus longtemps devant sa porte, Marcus
ou l'un de ses sbires m'aurait surpris.
    La
jeune femme lui pressa le bras avec un sourire reconnaissant.
    -
Ce que tu as fait était déjà très courageux, tu n'y étais pas obligé. Merci.
    Les
sanglots déchirants et de longs gémissement étouffés se firent entendre. Cela semblait
venir d'une pièce voisine.
    -
Qu'est-ce que c'est ? s'enquit Concordia.
    -
Ma maîtresse, Danaé, répondit Mnester.
    -
Que lui arrive-t-il pour se lamenter ainsi ?
    -
Elle vient d'accoucher.
    -
Et elle souffre beaucoup ?
    Le
mime secoua la tête.
    -
Non, tout s'est bien passé mais elle a accouché d'une fille.
    La
jeune femme grimaça, indignée.
    -
Et c'est pour elle un si grand désastre ?
    -
Marcus voulait un garçon, dame Concordia, expliqua Mnester, encore sous le choc
de ce qu'il avait vu. Alors il a ordonné à Celtill de se débarrasser du bébé.
    -
Le grand Gaulois qui est dehors ? Il a exposé la petite ?
    Le
mime secoua la tête.
    -
Il lui a tordu le cou dans l'écurie...
    Concordia
ne put retenir un cri horrifié.
     
     
    *
    **
     
    Dans
l'infirmerie, Hildr s'agitait désespérément autour d'Apollonius, sous les
regards inquiets de Caligula et Kaeso. Le serviteur de l'oracle, la tête bandée
et le visage défait, paraissait tétanisé.
    Hildr
se tourna vers son fils.
    -
Wotan, que s'est-il passé ?
    Celui-ci
secoua la tête.
    -
Je ne comprends pas, il me parlait de l'enlèvement de Concordia et a commencé à
s'étouffer tout à coup, comme ça, sans raison apparente.
    Hildr
tira la tête d'Apollonius en arrière jusqu'à faire ressortir la pomme d'Adam
comme une grosse écharde.
    -
Qu'est-ce qui coince, là-dedans ? siffla-t-elle entre ses dents. Wotan,
passe-moi une pince !
    Celui-ci
fouilla dans la boîte d'instruments chirurgicaux dont sa mère ne se séparait
presque jamais.
    -
Ça ira, ça ?
    Hildr
s'en saisit et les enfonça délicatement dans la bouche de l'oracle.
    -
Surtout ne bouge pas, mon garçon. Incroyablement calme, l'oracle acquiesça d'un
mouvement de paupières.
    -
Il en faut une plus longue, mère.
    -
Oui, mais je n'en ai pas !
    Hildr
repositionna la tête d'Apollonius, ouvrit grand la mâchoire et essaya
d'introduire les pinces à nouveau. Sans succès.
    -
Dépêche-toi, mère, intervint Kaeso. Il va s'étouffer !
    -
J'y suis presque !
    -
Il n...
    -
Ça y est ! s'écria Hildr.
    L'oracle
cracha un filet de salive ensanglanté et toussa comme un perdu.
    -
Maître !