Meurtres Sur Le Palatin
taire d'une gifle retentissante qui lui fendit la
lèvre.
-
On sait qui tu es, sombre idiote ! Dans le cas contraire, tu ne serais pas là.
Marcus
la saisit par le poignet.
-
Du calme, Victoria ! Morte, elle ne nous est plus d'aucune utilité.
-
Malheureusement ! gronda la gladiatrice en se dégageant.
Elle
quitta la chambre en claquant la porte et l'ancien prétorien se tourna vers son
esclave.
-
Mnester, occupe-toi de cette furie, ordonna-t-il. Dans son état, il n'est pas
bon de s'agiter de la sorte, ajouta-t-il avec un rictus mauvais. Je reviendrai
lorsqu'elle sera calmée.
Il
fit signe à l'immense Gaulois qui suivit son chef à regret, non sans jeter un
dernier regard obscène aux corps de liane de la jeune captive et à ses petits
seins ronds qui pointaient sous la légère étoffe de sa robe déchirée.
La
porte se referma et elle entendit une clé tourner dans la serrure.
-
Mnester ? chuchota-t-elle pleine d'espoir en se tournant vers l'esclave blond.
C'est ton nom ? Alors tu dois être l'amant de Ludius, n'est-ce pas ?
Le
mime écarquilla les yeux.
-
Dame Condordia ?
Profitant
de la fraîcheur de la tombée de la nuit, Caligula et Kaeso sirotaient une
dernière coupe de vin dans la cour de la petite caserne prétorienne du Palatin.
La journée qui venait de se terminer les avait laissés tous deux nerveusement
épuisés et ils ne songeaient qu'à profiter de quelques heures de repos, en
espérant que leurs rêves ne soient pas peuplés d'esclaves hurlants. Bien qu'ils
aient tous deux assisté à ce genre d'interrogatoire à de multiples reprises,
ils en ressentaient encore un certain malaise. Nul ne pouvait rester de glace
face à la souffrance d'un homme. L'habitude permettait tout au plus de se
cuirasser un peu pour mieux la supporter.
Les
deux jeunes hommes, pourtant, n'étaient pas au bout de leur peine. Alors qu'ils
étaient sur le point de se donner l'accolade et se souhaiter une bonne nuit,
Mustella se rua dans la cour, paniqué.
-
Centurion ! Centurion ! Dame Concordia ! Il faut que tu viennes tout de suite !
Kaeso
leva les yeux au ciel et soupira, faisant sourire Caligula.
-
Qu'a-t-elle encore été inventer, cette fois ?
À
sa grande surprise, le jeune ordonnance le saisit par le bras et commença à le
tirer en direction du péristyle qui enceignait la cour.
-
Elle a été enlevée !
Le
jeune prétorien en laissa tomber sa coupe.
-
Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ?
-
Quand ? hurla Caligula en attrapant Mustella par les épaules.
Le
garçon, faisant fi de toute retenue ou bienséance, les poussa tous deux
d'autorité sous la colonnade.
-
Elle était avec l'oracle Apollonius et son esclave nubien ! Ils sont tous les
deux à l'infirmerie et Matticus est allé chercher dame Hildr.
-
Ma mère ? Pourquoi ? Ils sont blessés ? s'écria Kaeso en se mettant à courir,
Io bondissant à son côté.
-
Oui, centurion.
Kaeso
et Caligula pénétrèrent en trombe dans la petite infirmerie, où deux prétoriens
s'occupaient comme ils pouvaient d'Apollonius et de son esclave.
Le
premier avait les vêtements déchirés et plusieurs de ses blessures saignaient,
mais il ne paraissait pas en souffrir. Le second, en revanche, était beaucoup
plus amoché et du sang coulait en abondance de sa tête et son torse.
Dès
qu'il vit entrer Kaeso, l'oracle s'accrocha à son plastron.
-
Centurion ! Ils l'ont enlevée ! cria-t-il.
Il
voulut se lever mais semblait incapable de se tenir debout sans aide.
-
Mais qui ?
-
Ils ont enlevé Concordia ! répéta celui-ci, au bord de l'hystérie.
Caligula
l'obligea à se rasseoir et s'accroupit devant lui.
-
Calme-toi et explique-nous tout ce qui s'est passé.
-
Nous revenions de chez elle, haleta Apollonius en essayant de retenir ses
sanglots. Elle et sa mère avaient eu une dispute très sévère, alors je lui ai
proposé que nous dînions chez moi, le temps que dame Marcia se calme un peu.
Nous étions presque arrivés lorsqu'ils sont sortis de nulle part et nous ont
attaqués !
-
Qui ? insista Kaeso.
-
Je l'ignore ! Ils étaient au moins cinq ou six ! Ils ont attaqué Malah en
premier, par-derrière. J'ai essayé de les empêcher de prendre Concordia mais
ils étaient beaucoup trop forts ! Je te jure que j'ai essayé ! Je suis désolé,
centurion ! Je suis désolé !
Il
fondit en larmes et le jeune officier lui passa le bras autour des épaules.
-
Je sais que tu as fait ce que tu as pu, le rassura Kaeso, tes blessures sont là
pour le prouver.
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