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Milena

Milena

Titel: Milena Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Margarete Buber-Neumann
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approximativement le suivant : il vaudrait mieux, pour le
gouvernement tchécoslovaque, « se séparer des territoires frontaliers
habités par une population étrangère » et devenir ainsi un État homogène… Le
rédacteur de l’article passait sciemment sous silence le fait que les « territoires
frontaliers » en question étaient, aussi bien sur le plan économique que
culturel, bilingues, que des Tchèques y cohabitaient avec des Allemands. Peu
après la publication de cet article, Chamberlain se rendit à Berchtesgaden et y
eut un premier entretien avec Hitler. L’Angleterre et la France souhaitaient « le
règlement du conflit », c’est-à-dire « l’autodétermination des
Sudètes ». Après ces premières concessions, plus rien ne pouvait arrêter
Hitler. Le 20 septembre, lors de sa seconde rencontre avec Chamberlain à
Godesberg, il avança de telles revendications que, dans un accès de courage, même
les représentants de la politique défaitiste des puissances occidentales mirent
secrètement en garde le gouvernement tchécoslovaque et lui conseillèrent de se
défendre. Le 20 septembre, l’armée tchèque était à nouveau mobilisée. Ce fut, pour
l’ensemble de la population, comme un soulagement et, tout comme au mois de mai
précédent, les hommes répondirent sur-le-champ à l’appel, prêts à défendre leur
pays. Ce même jour eurent lieu des manifestations d’allégresse dans les rues de
Prague. Personne ne se doutait que quelques jours plus tard, sans que la
population tchèque ait eu la moindre possibilité de se défendre, la tragédie s’abattrait
sur elle. C’est lors de la Conférence de Munich, le 29 septembre 1938, que se
trouva scellé par la trahison le sort de la Tchécoslovaquie : avec l’accord
de Daladier et Chamberlain et en présence de Mussolini, Hitler dicta ses
conditions : « La Tchécoslovaquie [doit] évacuer entre le 1 er et le 19 octobre les territoires frontaliers habités par des Allemands en
Bohême, Moravie et Silésie, et les céder à l’Allemagne. »
    C’était le début de la fin. Mais en France et en Angleterre,
les gens se réjouissaient : la paix était sauvée… une vague de fuyards
franchit les nouvelles frontières de la Tchécoslovaquie. Ils furent ainsi des
milliers à quitter les Sudètes ; des Tchèques, mais aussi des Juifs, des
démocrates allemands. L’Ukraine carpatique et la Slovaquie proclamèrent début
octobre leur autonomie dans le cadre de l’État tchécoslovaque, et de nouvelles
cohortes de fugitifs vinrent se joindre aux premières. Les réfugiés partaient
en toute hâte dans l’espoir de sauver leur vie, cherchant le salut dans ce
réduit qu’était devenue la Tchécoslovaquie…
    À Munich, Chamberlain et Hitler avaient également signé une
déclaration de non-agression destinée à assurer la « protection » de
la Tchécoslovaquie. Mais on vit bientôt à quel point Hitler prenait ce traité
au sérieux. À Munich, il avait eu le loisir de se convaincre d’une chose :
Chamberlain et Daladier avaleraient toutes ses exigences concernant la
Tchécoslovaquie. Voici d’ailleurs en quels termes il évoqua par la suite ces
deux personnages : « Nos adversaires sont des vermisseaux. Je les ai
vus à Munich [52]  ! »
    À la suite de l’occupation des « territoires
frontaliers de la Bohême habités par des Allemands », la Tchécoslovaquie
tomba de mois en mois dans une dépendance plus étroite vis-à-vis de l’Allemagne.
Dès le 4 octobre, le président Beneš démissionnait. Emil Hácha fut élu à sa
place. Hitler convoquait régulièrement à Berlin le ministre des Affaires
étrangères du gouvernement Hácha et lui transmettait ses ordres. Il se mit à
exercer un chantage systématique sur Prague. Le gouvernement Hácha résista à
certaines de ses exigences, mais céda à nombre d’autres, comme par exemple la
légalisation de l’agitation antisémite et la création d’un parti
national-socialiste. L’Allemand des Sudètes Kundt, un des adjoints de Henlein, joua
bientôt le rôle de Führer des 250 000. Allemands vivants en Tchécoslovaquie, faisant
de son mieux pour s’ingérer, pour le compte d'Hitler, dans les affaires du pays.
Une censure rigoureuse de la presse fut mise en place, interdisant pratiquement
tous les journaux indépendants. Les nouveaux titres, eux, se différenciaient à
peine du Völkischer Beobachter. Ils déclenchèrent une agitation
antisémite

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